Le saviez-vous ? Pendant de longues années, la télévision publique 2M fait de la francophonie sa pierre angulaire au Maroc, proposant depuis sa création en 1989 de nombreux programmes importés, notamment. En 1996 par exemple, c’est 76,62 % de sa programmation qui se fait en français. Mais tout change lorsqu’en 2006, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle impose à l’audiovisuel public un quota de 70% de sa programmation en arabe ! C’est un peu la panique, mais 2M trouve la parade en optant alors pour le doublage massif de ses grilles en darija (arabe du Maroc, par opposition à l’arabe classique), puisque l’obligation de la HACA ne spécifie pas quel l’arabe doit être désormais privilégié. De nombreuses séries étrangères, en particulier les telenovelas mexicaines et, à mesure que leur popularité augmente, les séries turques, sont soumises à ce doublage. Les programmes en darija se hissent rapidement parmi les plus regardés de 2M, allant jusqu’à doubler ses audiences ; la part de séries étrangères augmente sensiblement dans sa grille pendant les années qui suivent.
Le problème c’est que la darija fait polémique à peu près pour les mêmes raisons qu’elle participe au succès grand public des programmes de 2M. Langue dialectale et donc populaire (90% de la population la pratique), massivement employée par les femmes au foyer, essentiellement orale, et peu académique, la darija est au centre d’un débat long de plusieurs années au Maroc sur son utilisation, entre autres, dans les salles de classe. Les séries étrangères, mais aussi locales, diffusées en darija, continuent donc régulièrement de faire polémique, et plusieurs tentatives politiques de règlementer le recours à cette langue ont eu lieu ces dernières années. En 2016, on estimait que les revenus générés grâce à la popularité des séries en darija représentaient environ 100 millions de dirhams…