Le saviez-vous ? Une série peut-elle lutter contre les djihadistes ? La réponse est oui, et la comédie satirique Selfie, lancée pour Ramadan en 2015 sur les écrans d’Arabie Saoudite, en est l’illustration. Dans chaque épisode de la série, qui compte à l’heure actuelle 3 saisons de 30 épisodes chacune (la 3e est en cours de diffusion pendant ce Ramadan), une intrigue différente permet à son créateur Khalaf al-Harbi d’interroger la radicalisation (dans le premier épisode, un père va récupérer son fils dans un camp de Daesh) ou la haine entre communautés (un épisode de la deuxième saison suit un échange de bébés accidentel entre un couple sunnite et un couple chiite). Certains gags insistent quant à eux sur l’interdiction de conduire des femmes (« résolue » dans un épisode futuriste où les voitures se conduisent elles-mêmes ; voir ci-dessous) ou la séparation rigoureuse des hommes et des femmes dans les lieux de la vie ordinaire.
Selfie est diffusée par MBC, une chaîne du satellite avec 120 millions d’abonnés dans le monde ; une telle exposition ne pouvait pas faire que des heureux : pour l’audace de leur comédie, le scénariste Khalaf al-Harbi et l’acteur principal Nasser al-Qasabi (rendu populaire par deux décennies dans Tash Ma Tash) ont reçu des menaces de mort… Cela explique peut-être pourquoi Nasser al-Qasabi est, pendant ce Ramadan 2017 (et au moins le suivant : la série a reçu une commande initiale de 2 saisons) également au générique d’un period drama plus paisible politiquement, Al Asoof.