While you’re still young

23 mai 2017 à 14:06

Il n’existe aucun tourment qui ne puisse être consolé par Sutton Foster.
Forte de cette certitude (acquise, il est vrai, assez récemment grâce à Bunheads), j’ai lancé Younger, une série dont j’avais vu le pilote du temps de sa diffusion initiale, et que je me réservais en cas de coup dur. Comme j’ai bien fait.
Alors, certes, Younger ne va pas changer la face du monde, et ne sera jamais qu’une note de bas de page dans les livres d’histoire télévisuelle. C’est le sort de bien des dramédies feelgood, dont l’ambition n’est jamais que de distraire, une mission qui garantit rarement des chefs d’oeuvres mais beaucoup de bons souvenirs pour les téléphages qui leur consacrent un peu de temps.

Younger, c’est l’histoire de Liza Miller, une femme dans la quarantaine dont la vie vient de s’écrouler : son mariage s’est achevé, elle a perdu sa maison dans le New Jersey, sa fille est partie pour un semestre d’études en Inde, et tout ce autour de quoi était bâtie sa vie depuis près de 2 décennies a désormais disparu. Pire encore : elle n’a aucun moyen de subsistance, étant donné que son dernier emploi date des années 90 et que personne dans le milieu de l’édition, où elle travaillait, ne veut donner sa chance à une femme aussi « vieille ».
Sur une idée de sa plus ancienne amie, Maggie, elle décide de se faire passer pour une femme d’une vingtaine d’années et donner l’impulsion nécessaire à sa carrière pour redémarrer. Et ça marche ! Elle décroche bientôt un job d’assistante chez l’éditeur Empirical Press. Mais une chose en entrainant une autre, Liza va devoir prétendre avoir 20 ans dans bien d’autres domaines de sa vie.

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Younger joue sur les ressorts habituels des séries reposant sur la question de l’identité secrète : dans chaque épisode, Liza va se faire passer pour une autre (ou plutôt : pour elle-même, mais plus jeune), tout en essayant de préserver le secret autour de son âge réel. Elle manque d’être découverte quasiment chaque semaine, mais grâce à un peu d’audace et d’efforts, ainsi qu’une solide dose de chance, Liza s’en sort à chaque fois.

Bien que son intrigue soit feuilletonnante, Younger propose donc des épisodes dont la formule est peu ou prou toujours la même. Ses dynamiques sont, en outre, elles aussi très répétitives : Liza et sa patronne Diana s’accrochent gentillement (mais Diana n’est pas le monstre froid qu’elle laisse paraître), Liza et sa collègue Kelsey sympathisent (Kelsey étant sans le savoir la guide de Liza dans les difficultés de la vingtaine), Liza et son amie/colocataire Maggie devisent des difficultés de cette double-vie (Maggie offrant son soutien à plusieurs égards, rarement payés de retour), Liza et son nouveau petit-ami Josh progressent dans leur relation (Josh ignorant l’âge réel de Liza, laquelle s’évertue à vivre une relation de Millennial alors qu’elle sort de son divorce). Bon, vous voyez le tableau. Comme je le disais, on n’est pas venus à Younger pour révolutionner la fiction sérielle.

Pourtant, ça marche. Ca marche parce que Younger se fait un devoir de ne tourner personne en ridicule, tout en ne prenant rien complètement au sérieux. Bien-sûr, la série a une vision simpliste de ce que cela peut être d’avoir aussi bien la vingtaine que la quarantaine (le fait qu’elle se déroule à New York n’aide pas à surmonter certains clichés). En essayant d’affirmer combien son personnage central peut vivre dans les deux âges avec une certaine aisance, Younger contredit même souvent sa thèse de départ, selon laquelle avoir 20 ans et avoir 40 ans constitueraient deux mondes totalement opposés.

Qu’importe. La bonne humeur de la série (qui doit beaucoup à celle de Sutton Foster, certes moins bien servie par les dialogues que lorsqu’elle travaillait avec Amy Sherman-Palladino, mais quand même géniale) fait tout de même son oeuvre, parce qu’elle est imprégnée d’un optimisme à toute épreuve. Quel que soit l’âge du spectateur (et votre serviteur est quasiment à mi-chemin entre l’âge réel et fictif de Liza), on y trouve de la bonne humeur. C’est ce qu’il faut venir chercher en Younger, rien d’autre.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

2 commentaires

  1. Mila dit :

    Je cherchais une série facile à suivre pour me mettre de bonne humeur donc celle-là tombe bien. J’ai froncé un chouïa les sourcils sur cette affaire de schéma répétitif, mais puisque que tu dis que finalement ça fonctionne, .. ben… je te crois ! Et puis j’aime bien l’optimisme alors :’)

  2. SALT dit :

    J’ai trouvé l’ensemble léger et plaisant mais pas mémorable non plus, effectivement. 😀
    Si j’ai beaucoup d’affection pour Sutton Foster (depuis Bunheads, justement ;p), j’étais aussi intéressée par une série se passant dans le milieu de l’édition… Sauf que de ce côté là justement, je suis un peu restée sur ma faim : évidemment, ça tient en partie à la nature très subalterne du poste occupé par Liza, mais finalement on ne voit pas grand chose… Ok, elle aide à promouvoir des livres sur les réseaux sociaux (avec étonnamment peu de supervision d’ailleurs)… Mais je trouve qu’une série comme Being Erica allait beaucoup plus loin quand même, notamment avec l’épisode où il est question d’annoncer à quelqu’un qu’on ne retiendra pas son manuscrit. Là, même Kelsey, qui est pourtant plus haut placée que Liza, ne nous donne pas grand chose à nous mettre sous la dent : elle lit un manuscrit le soir au lieu de coucher avec son petit ami et euh… c’est tout ? Alors la série n’ambitionne pas de dresser un portrait réaliste du monde du travail, mais quitte à choisir ce métier-là (et après tout, elle ment sur son âge pour pouvoir continuer à faire ce job-là précisément : si elle avait postulé comme vendeuse (certes, un peu dommage au vu de ses diplômes…) elle aurait eu un travail alimentaire où son âge aurait moins été perçu comme un obstacle, je pense.), j’aurais aimé en voir plus, et qu’il participe de façon plus constructive à l’évolution de l’héroïne (qui, remarque, n’évolue pas non plus énormément pour quelqu’un conduit à faire de nouvelles expériences…).

    Niveau « fossé générationnel », évidemment, le scénario repose sur une facilité : présenter les « moins de 30 ans » comme un groupe extrêmement homogène dans ses pratiques. Sauf que je ne suis pas tellement plus âgée que ça que Kelsey, Josh & Cie, et je ne me reconnais pas dans leur comportement – il faut le dire, très caricatural. Le fait qu’apparemment Liza (que je continue à appeler Michelle lol!) ait vécu dans une grotte coupée du monde ces dernières années (ok, elle ne sait pas créer un compte Twitter… soit, moi non plus. Mais taper une phrase interrogative entière dans Google pour découvrir comment s’y prendre ?) est sensé renforcer l’effet comique. Bon, je ne sais pas, ça ne prend que la moitié du temps.

    Bref, les actrices jouent pas mal, il y a certains moments drôles, j’aimerais des personnages un peu plus développés / moins stéréotypés mais pour quelque chose de pas « prise de tête » à regarder le soir après le travail, ça fonctionne plutôt bien. (C’est un peu aux séries ce que les lectures de plage sont aux livres, quoi !)

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