Lancée dimanche dernier sur la télévision publique SABC1, la dramédie sud-africaine Mina Nawe s’inscrit dans la longue tradition des séries de mœurs produites en Afrique subsaharienne. On en retrouve la plupart des caractéristiques, à une différence près : le niveau de production est plus élevé que la moyenne.
Sakhile et Dineo semblent former le couple parfait : leur mariage va bien, leurs affaires aussi d’ailleurs, et ils ont deux adorables petites filles qu’ils élèvent dans une magnifique maison de banlieue. Peut-on rêver mieux ?
En apparence, tout va donc très bien, mais il y a évidemment un bémol, sinon il n’y a pas de série ! Sakhile entretient en effet une relation avec une jeune femme célibataire, Funeka, depuis un certain temps. Il a convaincu Funeka que son mariage battait de l’aile. Elle pense donc qu’avec Sakhile, ils filent le parfait amour, d’autant qu’ils se connaissent depuis des années (les résumés officiels de la série mentionnent qu’ils sont sortis ensemble une première fois au lycée, mais le premier épisode de Mina Nawe n’en fait pas mention).
Bien-sûr, Dineo ignore tout de cette relation pour le moment. En revanche, le meilleur ami de Sakhile, Pule, est dans la confidence.
Le premier épisode de Mina Nawe n’a pas grand’chose à raconter en-dehors de ce cadre initial, ce qui est à la fois à porter à son crédit, et son pire défaut.
L’enjeu principal de l’épisode est qu’évidemment, cette relation ne saurait rester secrète longtemps : lors d’une soirée organisée pour les fiançailles d’une amie de Sakhile et Dineo, à laquelle Funeka a été conviée au dernier moment, les deux femmes vont se croiser une première fois. Il ne fait aucun doute qu’il ne s’agit pas de la dernière. Funeka est ulcérée de découvrir qu’en réalité, le couple marié va très bien ; Dineo, quant à elle, est pour l’instant toujours plongée dans l’ignorance.
Mais la situation est vouée à changer, ne serait-ce que parce que Funeka n’a pas dit son dernier mot : elle a entendu par hasard une conversation sur une sangoma, Sis’Fixer, dont les potions d’amour seraient irrésistibles. La jeune femme a bien l’intention de garder Sakhile pour elle seule…
C’est vraiment un résumé rapide que je vous propose : Mina Nawe prend tout son temps pour en arriver là, intercalant dans cette intrigue principale de multiples scènes légères, voire de nature strictement comique. On peut par exemple mentionner les bêtises de Pule (qui, lorsqu’il n’est pas occupé à draguer la meilleure amie de Funeka ou emprunter de l’argent à Sakhile, est envoyé par son meilleur pote pour saboter la voiture de Funeka et l’empêcher de se rendre au cocktail de fiançailles), ou les tentatives désespérées de Sakhile pour éviter d’aller à la fête en feignant des maux d’estomac.
Ce pourrait être plus ridicule que ça ne l’est, pour être honnête (d’après mon expérience, ça l’a été dans plein d’autres séries similaires). En fait, les acteurs sont plutôt bons, et ne surjouent pas ces situations cocasses, quand bien même la réalisation est assez sommaire et ne les sert pas toujours. Le résultat n’est pas franchement épatant, à défaut d’être honteux, et devient même vite prévisible.
Le vrai problème de ce premier épisode, pourtant, ne se situe pas là, mais dans un dilemme que la série devra résoudre au plus vite. Mina Nawe a en effet sur les bras un personnage qui sert à la fois d’outil narratif et de plante en pot : Dineo n’a pour le moment aucune véritable existence propre, puisqu’elle ignore tout de ce qui se trame dans son couple, et n’a rien d’autre à se mettre sous la dent dans ce premier épisode qu’une litanie de scènes où elle pense mener une vie conjugale parfaite. Il faudra étoffer le personnage, lui donner ses propres enjeux (qu’elle apprenne la vérité tout de suite ou non), ne serait-ce que lui donner de la personnalité, afin que les hésitations et anxiétés de Sakhile prennent du sens.
Tout va bien, Mina Nawe a encore une demi-douzaine d’épisodes pour rectifier le tir.