La saison télévisuelle est bien avancée, et nous voilà arrivés au printemps. Vous pensiez donc qu’on avait fait le tour de toutes les séries sur le voyage dans le temps que la planète pouvait proposer cette année… et votre naïveté est touchante ! Jeudi prochain, les spectateurs québécois pourront découvrir Plan B, mais le début de la série était déjà visible par les accrédités (presse et professionnels), et je viens donc vous en toucher deux mots, avant que la série ne débute sur Série+.
En juin 2010, Évelyne et Philippe se rencontrent pendant une soirée. Le coup de foudre est immédiat entre cette diplômée de musique et ce jeune avocat plein d’avenir. Bouche-bée devant la beauté d’Évelyne (incarnée par Magalie Lépine-Blondeau, donc ça se comprend !), Philippe est même incapable d’aligner trois mots convaincants pour la séduire ; « si je pouvais juste revenir 30 secondes en arrière, je dirais autre chose », bégaye-t-il.
« Essaye encore », lui glisse-t-elle malicieusement.
Philippe n’a finalement pas eu besoin de revenir en arrière : Évelyne et lui sont ensemble depuis lors. Six ans plus tard, ils vivent dans une maison en cours de rénovation, et travaillent ensemble. Évelyne a en effet abandonné sa carrière de violoncelliste voilà 4 ans pour accompagner le lancement du cabinet d’avocat que Philippe et son meilleur ami Patrice (qui est également le frère d’Évelyne) tentent de monter.
Pourtant, le 18 mai 2016 lorsque commence Plan B, l’histoire d’Évelyne et Philippe n’a plus rien d’idyllique. Les problèmes d’argent, les soucis autour de la rénovation de la maison, le travail accaparant du cabinet, les prises de tête autour du sort d’André (le frère de Philippe et un alcoolique à la vie bordélique), ont pris le dessus. Philippe est débordé et désormais incapable d’accorder de l’attention à sa compagne, ne parlons même pas de la regarder comme avant ; Évelyne est quant à elle de plus en plus frustrée d’avoir dû sacrifier sa passion et son talent pour la musique, au profit de la carrière de son conjoint. Il semblerait également qu’elle ne parvienne même pas à lui communiquer son insatisfaction…
Alors que le cabinet de Patrick et Philippe est à deux doigts de signer le plus gros contrat de son histoire, et de régler ainsi un grand nombre des problèmes de ces dernières années, Évelyne décide de claquer la porte. Et Philippe se retrouve seul face à l’échec d’un couple auquel, pourtant, il tenait tant.
C’est là qu’intervient la dimension fantastique de Plan B : notre héros découvre dans le bottin (…alors déjà, bravo pour encore consulter le bottin), le numéro d’une mystérieuse entreprise justement appelée « Plan B ». En échange d’une modique somme (2354,92 dollars exactement, une paille !), Philippe a l’opportunité de retourner 24h dans le passé, et de revivre la journée qui a scellé le sort de son couple… et ainsi, peut-être, corriger ses erreurs.
Plan B a un petit problème de mise en place, soyons francs : alors que Philippe a souscrit à Plan B en pensant réserver un voyage de réconciliation avec sa blonde (au moment du paiement, il ignore qu’il a en fait payé pour un voyage dans le passé), il est en revanche capable de comprendre très vite, lorsque sa journée du 18 mai 20116 recommence, ce dont il est question. En décidant d’outrepasser le stade pendant lequel Philippe est confus face à la situation, Plan B traite la situation comme totalement normale, alors qu’elle ne l’est pas. Je comprends que pour les scénaristes (Jacques Drolet et François Asselin, lequel est également réalisateur des 6 épisodes), au bout d’une énième version du scenario, les choses semblent évidentes, mais elles ne devraient pas l’être pour le protagoniste central de la série. Sans rendre les choses confuses (sûrement le contraire), cela casse en tous cas une partie de l’effet dramatique que devrait avoir ce retour en arrière ; Philippe maîtrise presqu’instantanément les codes du retour dans le temps, prenant quasiment tout de suite l’initiative de corriger le tir sans même s’interroger une seule fois sur ce qui lui arrive, ou même sur les décisions à prendre pour tirer partie de l’opportunité qu’il a devant lui.
C’est peut-être d’autant plus décevant que, dans l’ensemble, Plan B réussit son épisode introductif précisément parce que la série mise moins sur l’aspect fantastique que sur la dimension dramatique de la situation. L’objectif premier, si ce n’est unique, de Philippe dans cette histoire, c’est de sauver son couple (réussir à signer le contrat juteux ou à aider son frère est présenté comme totalement secondaire, à la limite de l’accidentel), et cet aspect-là de la série est au contraire parfaitement ancré dans le réel.
Philippe met vraiment toutes les chances de son côté pour essayer de faire des choix différents, qui devraient en toute logique donner des résultats différents dans sa relation à Évelyne. Parce que Plan B est avant tout l’histoire de ce couple, de ses réussites et de ses ratages. De ce qui l’a jadis soudé, et de ce qui le sépare à présent.
Au terme du premier épisode, pourtant, Philippe est loin d’avoir tout résolu. Quand se finit cette seconde journée du 18 mai 2016, il a beau avoir tenté de changer le cours des choses, Évelyne n’est toujours pas heureuse. Il a tenté de tout résoudre en une journée, mais clairement, la racine du mal est plus profonde. C’est vraiment une chouette idée que d’avoir commencé par un retour en arrière de seulement 24h, pour en tirer la conclusion que ce n’est pas suffisant (un choix qui m’a rappelé, d’une certaine manière, le retour dans le passé tel que présenté dans Suteki na Sen TAXI).
Il faudra sûrement un plan C, et peut-être même un plan D, avant que Philippe ne trouve comment réparer les erreurs commises. Vouloir retourner encore dans le passé, et potentiellement plus loin dans le passé, aura cependant un prix, et ce sera intéressant de voir comment Philippe devra composer avec SA part des sacrifices dans les épisodes suivants…