Insuffisance cardiaque

22 avril 2017 à 15:00

Le festival Séries Mania touche demain à sa fin, mais je n’ai pas fini de vous raconter tout ce que j’y ai vu. En particulier, tout ce que j’ai eu l’occasion de regarder dans la caverne aux merveilles réservée aux porteurs d’une accréditation ! C’est là que se cachent en effet de nombreuses séries invisibles au grand public, et réservées aux professionnels. Qui sait, l’un d’entre eux se piquera peut-être d’acquérir l’une des séries ainsi présentées ?
J’ai d’ailleurs un message personnel à faire passer : par pitié, si vous devez acheter UNE série espagnole dans votre carrière, arrangez-vous pour que ce ne soit pas Pulsaciones.

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Dans Pulsaciones, tout part de la disparition de Jorge Soto, un homme dont le spectateur sait qu’il a été victime d’un kidnapping dont il a tenté de s’extraire, avant d’être rattrapé. Il n’existe qu’un témoin de la seconde capture de Soto : un sans domicile fixe du nom de Guzmán ; naturellement, sa crédibilité est affaiblie pour son penchant pour l’alcool et ses quelques excentricités. Au journaliste Rodrigo Ugarte, il confie ce qu’il a vu, mais c’est la subordonnée de celui-ci, Lara Valle, qui envisage qu’il dise la vérité. Trop tard, hélas : Guzmán est bientôt retrouvé mort. Rodrigo et Lara conviennent donc qu’il y a anguille sous roche, et commencent une longue investigation.
Hélas, les choses ne tournent pas au mieux : s’il apparaît rapidement que d’autres personnes ont disparu (a priori une dizaine environ) dans des circonstances brumeuses, rien ne permet à Rodrigo et Lara de progresser dans leur enquête. Le dossier finit par être refermé… Dans le même temps, Rodrigo vit une séparation difficile d’avec sa compagne ; pendant trois mois, le journaliste se referme sur lui-même, ne donnant plus de signe de vie mais poursuivant l’investigation de son côté. Lara découvre finalement qu’il a continué à bosser sur le dossier et le supplie de la laisser aider… mais quelques heures plus tard, Rodrigo trouve la mort dans un accident de moto suspect.

Loin de ces préoccupations, le Dr Alex Puga travaille d’arrache-pied afin de faire progresser sa carrière ; se sentant à l’étroit dans ses fonctions de neurochirurgien dans un hôpital public, il envisage d’utiliser son excellent dossier pour postuler au job de chef du service de neurochir d’une clinique privée très en vue. Ce que son entourage ignore, y compris sa femme Blanca, c’est que pour parvenir à travailler dur et à pratiquer plus de la moitié des interventions de son service actuel, Alex se drogue aux amphétamines. Trois mois après avoir annoncé sa volonté d’évoluer professionnellement, ses excès le rattrapent le jour-même où il obtient le poste tant espéré de chef de service dans la clinique : une overdose provoque un arrêt cardiaque, et il doit subir une greffe urgente s’il veut survivre. Or, par chance, un homme venant de mourir dans un accident de moto s’avère parfaitement compatible.

Est-ce que vous voyez où Pulsaciones veut en venir ? Ne serait-ce qu’un peu ?
Comme un mauvais téléfilm de Lifetime, la série espagnole a décidé que les souvenirs de Rodrigo allaient être greffés à Alex en même temps que son cœur, poussant progressivement le chirurgien à se piquer d’intérêt pour l’enquête inachevée du journaliste.
Il faut environ 70 minutes à Pulsaciones pour en arriver là, cependant. Je ne dirais pas que chacune de ces minutes aurait dû être optimisée (au contraire, certaines séquences dramatiques,allant au-delà de la simple exposition pour déjà développer les émotions et relations de certains personnages, valent assez le détour), mais c’est plutôt long pour une histoire qu’on a déjà vue des centaines de fois. A partir du moment où les spectateurs ont déjà eu droit de nombreuses fois à cette histoire de « greffe de l’âme », on aurait pu s’autoriser quelques petites ellipses. Le temps ainsi gagné aurait permis de ne pas traiter le cas de Soto (et des autres disparus) comme totalement annexe. Or, dans ce premier épisode, la disparition en elle-même ne suscite aucun intérêt de la part du scénario et donc du spectateur : on est supposés tenir pour acquis que c’est très intrigant, sans trop savoir pourquoi…

En outre, la réalisation de Pulsaciones est lourdingue au possible, n’hésitant pas à repasser encore et encore de mêmes images pour des flashbacks qui perdent à chaque rediff un peu plus de leur intérêt. Les spectateurs d’Antena3 sont-ils si idiots qu’il faille leur montrer dix fois un crash de moto, avant qu’ils ne saisissent qu’il s’agit là du souvenir de Rodrigo ?!
Parfois je m’énerve parce que les séries espagnoles ne sont quasiment jamais diffusées en France (ou alors après avoir été charcutées par un monteur fou), ou bien je me lamente que la fiction ibérique est rarement visible en festival. Dans le cas précis de Pulsaciones, toutefois (et uniquement lui !), ce n’est peut-être pas plus mal qu’on l’ait gardée dans l’arrière-boutique.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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