Séries Mania, patrie du polar scandinave, proposait hier l’avant-première mondiale de Monster, une série norvégienne où il est question de disparition puis de meurtre d’adolescence, de territoires peu accueillants, et de…
*soupir*
Confession : je suis à l’heure actuelle en train d’écrire cette review parce que j’ai traîné mes fesses (et celles de ma sœur, qui me le reprochera sûrement jusqu’à la fin de mes jours) à la séance de Monster et que tant qu’à faire, autant écrire quelques mots dessus avant que je ne l’oublie totalement. Mais de vous à moi, j’étais assez fâchée, hier, à l’issue de la projection.
Si j’essaie d’être juste, Monster n’est pas la plus grosse bouse jamais produite. Le soin apporté à sa réalisation, par exemple, en témoigne.
Le problème c’est que Monster est la 712e série à parler des mêmes sujets, à employer les mêmes recettes, à reposer sur les mêmes ressorts, avec juste assez de variations pour que le spectateur sache qu’il regarde une série inédite plutôt qu’une nouvelle saison de Bron/Broen. C’est bizarre parce que j’étais sûre que le clonage était interdit en Norvège.
A un moment il va falloir qu’on commence à se poser la question (même si à titre individuel je me la pose depuis quelques temps) de savoir pourquoi ce sont systématiquement ces séries-là qui voyagent, quand des productions plus originales, plus personnelles, plus variées, ne nous parviennent jamais. Ce n’est pas qu’elles n’existent pas, ces autres séries, c’est qu’elles sont systématiquement passées sous silence. Ce qui nous vient de Scandinavie, et dans le cas présent de la Norvège, répond presque toujours au même cahier des charges (à la notable exception de Nobel, présentée à Séries Mania l’an dernier et qui devrait finir par nous arriver sur arte). A côté de ça, on ne trouve jamais personne pour nous montrer une série comme Black Widows, mettons, ou Vikingane, ou encore Aber Bergen (pour ne prendre que des exemples norvégiens de ces derniers mois). Non, ce sont les polars, toujours les polars, rien que les polars. Comment voulez-vous ne pas faire une overdose ? Et comment voulez-vous que les chaînes scandinaves ne se sentent pas encouragées à produire encore plus de ces séries ?
D’ailleurs, rien ne dit que d’autres types de séries norvégiennes ne pourraient jamais fonctionner auprès du public francophone. Comment peut-on en être sûrs avant d’avoir essayé ? Ce serait bien de tenter le coup avant d’avoir totalement formaté les goûts des spectateurs, tant qu’à faire…
Monster apporte donc quelques vagues éléments un peu différents des autres : parmi ses thématiques très secondaires, la série se passe en partie dans une communauté chrétienne très fervente, par exemple ; il y a aussi une vague interrogation sur la question de la compétence des flics impliqués dans l’enquête. Ce genre de choses. Et puis évidemment, un soin particulier a été apporté à l’apparence du crime, qui doit être aussi spécifique qu’un corps tranché en deux (ces séries semblent n’exister que par la présentation du crime certains jours). Mais dans le fond, est-ce qu’on assiste à une série unique ? Non. Pas du tout. On peut même prévoir dix scènes à l’avance le prochain détour de l’intrigue.
C’en devient pénible, et si en soi, la crise n’est pas imputable directement à Monster je suppose, cette série précise n’en est pas moins paresseuse par bien des aspects, et donc coupable à son échelle.
A la réflexion, c’est l’évidence-même que Monster n’est pas un odieux ratage. Elle ne peut pas en être un. Si Monster était une merde honteuse, elle serait au moins différente des cent autres qui l’ont précédées. Et, n’en doutons pas, des cent autres qui la suivront.