De père en fille

21 avril 2017 à 17:00

Voilà un an que l’épouse d’Uri est décédée, le laissant seul avec leur fille Ella. Tous les deux sont devenus inséparables ; d’ailleurs ils habitent même ensemble. Mais même sans ça, il ne se passe pas une journée sans que ces deux-là ne s’appellent par téléphone, ne sortent faire des choses ensemble, ou tout simplement partagent quelques plaisanteries. Dans la maison d’Uri et Ella, paradoxalement, on n’a jamais tant ri.
Il se pourrait cependant qu’il ne s’agisse que d’une phase.

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Discrète petite dramédie proposée uniquement aux accrédités de Séries Mania, Uri ve Ella est plutôt tendre, plutôt gentille, plutôt réussie… mais plutôt mineure. Certes on ne peut pas dire que les séries sur une relation joviale père-fille soient légion, et de ce côté-là on peut dire que la série a l’avantage de l’absence de comparaisons, mais j’ai trouvé difficile d’être particulièrement émue par la série.

Le premier épisode a pour intrigue centrale une soirée qui ressemble à n’importe quelle autre : Uri est sorti au cinéma, tandis qu’Ella passe la soirée avec son petit ami à la maison. A priori rien que de très normal dans tout cela, d’ailleurs Uri ve Ella ne veut pas vraiment nous dire que leur relation est trop ci ou trop ça, elle est présentée comme quelque chose de tout-à-fait quelconque. En un sens, c’est vrai : il n’est pas très étonnant que le père et la fille se soient rapprochés après avoir vécu un deuil aussi douloureux.

A Uri qui l’appelle pour lui proposer de le rejoindre au ciné (il va voir un film danois supposément excellent), Ella préfère flâner sur internet avec son copain en réfléchissant à son avenir, puisqu’elle se cherche un job. Au ciné, Uri commence à plaisanter avec une femme venue voir le même film, surtout lorsque ledit long métrage s’avère être ennuyeux au possible. Mais une autre femme attire son attention : Kinneret, une alcoolique qui perturbe la séance, et qui à la sortie du cinéma s’est effondrée au beau milieu de la galerie marchande. Le courant est bien passé entre la femme du cinéma et Uri, mais notre homme préfère donne un coup de main à Kinneret, en l’aidant à rentrer chez elle. Sans en être prévenu, il va en réalité l’accompagner jusque chez son ex : Kinneret est séparée de son mari, qui a la garde de leurs deux petites filles ; il refuse que celles-ci voient leur mère dans son état, et Uri se retrouve donc à cornaquer Kinneret jusqu’à son véritable lieu de résidence. Chemin faisant, tous les deux finissent par se lier…
Ella, de son côté, réalise que non seulement elle n’a pas de plan pour l’avenir, mais que rien ne semble coller dans les propositions qu’elle et son petit ami dénichent dans les annonces sur internet. Quelle carrière est faite pour elle, dans le fond ? Aucune, à l’écouter. Finalement, un peu en désespoir de cause devant l’avenir qui lui semble bouché, Ella propose que leur relation fasse un bond en avant… comme par exemple envisager d’emménager ensemble et de commencer à faire des enfants (oui, pluriel).

La lune de miel familial entre Uri et Ella, nous la voyons finalement assez peu dans ce premier épisode, qui est donc plutôt intéressé par la perturbation dans leur relation : Uri ve Ella introduit, pour chacun de ses protagonistes éponymes, une porte de sortie de ce « couple » atypique (j’utilise le terme de couple uniquement parce que le distributeur lui-même présente la relation sous ce terme, mais sachez qu’il n’y a vraiment aucune ambiguïté incestueuse dans ce premier épisode).
En embrassant Kinneret, Uri réalise à la fois qu’il a envie d’aller de l’avant, et qu’il n’y est pas prêt ; mais il serait très étonnant que la jeune femme ne réapparaisse plus dans les épisodes suivants. De son côté, Ella semble vouloir un avenir à tout prix, quand bien même elle n’a pas d’idée précise sur la forme qu’il devrait prendre et se précipite donc, tête baissée, dans le premier projet venu.
Ces intrigues individuelles posent évidemment la question de la séparation. Celle-ci n’est évidemment pas pour tout de suite, mais les graines sont plantées et c’est résolument ça qui intéresse Uri ve Ella. Au-delà de la relation fusionnelle, que trouve-t-on ? Les deux héros devront mettre de l’eau dans leur vin s’ils veulent ne pas perdre ce qui reste de leur cellule familiale…

Le ton très tranquille d’Uri ve Ella, ses scènes certes souvent tendres, mais parfois longuettes, et son propos orienté sur une étude calme des relations père-fille, ne font pas de cette série l’une des plus excitantes du festival, de toute évidence. Ces caractéristiques laissent également penser que la série a très peu de chances de voyager, car elle correspond très peu aux séries les plus prisées par les diffuseurs ; c’est dommage, elle est au contraire très facilement exportable vu que très peu de choses la rendent spécifiquement israélienne. Selon toute probabilité, vous ne verrez donc jamais Uri ve Ella, ce qui est dommage vu que c’est essentiellement son traitement, et les émotions qu’elle suscite, plus que ses retournements de situation, qui semblent en faire tout le sel.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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