Des coulisses de Séries Mania, je continue de vous rapporter mes trouvailles, et c’est cette fois-ci de Mercur, une série danoise visible uniquement par les accrédités, que je viens vous présenter.
Mercur, vous connaissez déjà, bien-sûr, parce que vous lisez mes fun facts ; je ne vous la présente donc pa-… quoi ? Ah, je vois ce que c’est. Reprenons donc.
En 1958, la jeunesse danoise se passionne pour le rock’n’roll ; mais dans un pays où il n’existe que deux stations de radio, toutes les deux de service public qui plus est (et donc un peu encroûtées), il est absolument impossible d’écouter sa musique préférée sur les ondes. La meilleure option consiste à essayer de capter Radio Luxembourg, mais cela reste un pis aller. Une rencontre fortuite entre Flemming Verstergaard et Jan Irsinger va changer cela : les deux jeunes gens décident qu’ils vont monter leur propre radio dédiée au rock’n’roll.
Absolument, même si c’est illégal.
Mercur a débarqué le mois dernier sur TV2 Charlie, une chaîne publique dont elle est la première série originale. Son ton est à la légèreté, et ce premier épisode se veut vraisemblablement très très grand public. Ce premier épisode n’est, il faut le dire, pas d’une grande fulgurance : il reprend très exactement le résumé que je viens de vous en faire, et de façon assez scolaire, va nous décrire la mise en place de la radio Mercur.
Son idée naît le jour-même de la rencontre entre Flemming et Jan, qui deviennent instantanément amis autour de leur amour pour la musique et se lancent dans ce projet fou sur un coup de tête. Toutefois, ils n’improvisent pas, et ce premier épisode va précisément nous montrer comment Flemming (qui a fait des études de droit) essaye de trouver une faille dans la loi qui assure le monopole d’Etat : un bateau stationné dans le détroit de l’Øresund, dans les eaux internationales, et équipée d’un puissant émetteur. Tout le défi ensuite est de trouver un financement initial : Jan s’adressera alors à son parrain, le riche Preben Borg, pour un coup de main. L’émetteur est quant à lui conçu et fabriqué par un simple mécanicien, Richard Hansen. Se pose également la question des recettes sur le long terme, et c’est la secrétaire de Preben Borg, l’ambitieuse Anne-Marie Jensen.
Voilà, c’est à peu près tout. En-dehors de quelques fioritures par-ci par-là (par exemple en mentionnant du bout des lèvres que Jan est gay), Mercur ne va pas s’aventurer plus loin ; le déroulé de l’épisode est assez simpliste, et la série n’a aucune envie de rendre les choses plus complexes, ou d’ajouter des thèmes particuliers. Dans Mercur, c’est la passion pour la musique et uniquement elle qui motive les personnages à se lancer dans ce projet, surtout rien d’autre. S’interdisant de faire de la psychologie, d’ajouter des angles dramatiques, ou de raconter grand’chose sur la société de l’époque, Mercur se borne à une épopée quasi-factuelle : le bateau de Radio Mercur a réellement existé.
Bien que créée par Adam Price (et écrite par Jesper Malmose et Søren Frellesen, moins connus), Mercur est beaucoup plus proche dans son traitement d’une série comme Badehotellet que de Borgen, mettons. Le divertissement fonctionne, ne nous méprenons pas ; mais il n’impressionne pas. Par contre, il est très exportable, ça on ne peut le nier, et d’ailleurs arte diffusait Ku’damm 56 un peu dans la même veine il y a quelques jours à peine. C’est vous dire si Mercur joue plus la carte de la prudence que celle de l’innovation, mais au moins on ne pourra pas accuser toutes les séries danoises d’être grises et dramatiques !