La fiction des Pays-Bas fait régulièrement son apparition à Séries Mania. Ce soir, le festival proposera par exemple en projection la série-catastrophe à succès Als de dijken breken (j’y serai !). Précédemment c’est là que j’ai pu découvrir des épisodes de Spitsbroers, De Fractie ou Nieuwe Buren.
Dans la célèbre Salle des Collections, où se pressent journalistes et professionnels de l’industrie, se cache pour cette 8e édition un thriller du nom de Vlucht HS13, diffusé à l’automne sur la télévision publique.
Vous savez quelles séries, en revanche, n’ont pas trouvé leur place à Séries Mania, ni en projection publique ni dans les espaces professionnels ? La fiction turque, grande absente de la programmation alors que le pays est le deuxième plus gros exportateur de séries au monde (pour des motifs avancés que je conteste avec véhémence). Fort heureusement, on a quand même droit aux remakes de séries turques ! Vlucht HS13 se propose de reprendre l’histoire de SON, un thriller turc qui a amplement dépassé ses frontières. El Accidente, dont le tournage a commencé en Espagne en février, sera un autre remake de la série prochainement, et une version française est en développement pour TF1 depuis un paquet de temps (je ne sais pas où ça en est). C’est dire si la télévision turque, en Europe de l’Ouest, on va continuer encore quelques temps d’en profiter sans la voir…
Eh bien ma foi, puisqu’on a le choix.
La vie de Liv et Simon avait tout pour être parfaite. Leur grande maison, leur adorable fils Mart, leur noyau soudé de relations… Tout, sauf apparemment la vérité. Et Liv s’en aperçoit de la plus tragique des façons, lorsque l’avion qui transportait Simon vers l’Espagne pour un voyage professionnel s’écrase, et qu’il n’est pas identifié parmi la liste des victimes. Pourquoi ? Parce qu’il ne l’a jamais pris, ce satané avion. Bon, vous connaissez la chanson.
Le défi majeur de Vlucht HS13 à ce stade, c’est de raconter en l’espace de 10 épisodes de trois quarts d’heure ce que la série originale avait détaillé en 25 épisodes d’une heure et demie environ. Dans ce premier épisode, cela se sent à la présentation des personnages et de leurs relations, moins explicitée et surtout moins détaillée. De pilote à pilote, plein de nuances ont été perdues, ou récapitulées plus superficiellement ; or la nuance est précisément ce qui faisait de SON un peu plus qu’un simple thriller, notamment au niveau de l’entourage large du couple Liv et Simon.
Cela ne signifie pas que Vlucht HS13 rate forcément son pari, mais son intrigue apparaît comme un poil plus orientée vers le suspense, que vers la dimension dramatique dont la question centrale est : à quel point connaissez-vous ceux avec qui vous passez votre vie ? Pourtant ce premier épisode reprend très précisément la trame du premier épisode de SON (ça laisse augurer d’une certaine précipitation pour la suite, je suppose), en particulier en s’arrêtant au même stade de l’intrigue. C’est évidemment l’inconvénient de regarder un remake quand on a vu l’original : les comparaisons sont inévitables.
Là où Vlucht HS13 tire plutôt bien son épingle du jeu, c’est en fait dans la mise en place de son univers : la série est un peu moins clinquante, les personnages un peu moins riches, les décors plus humbles. Cela confère à la série une ambiance plus intime qui marche bien, et qui donne moins l’impression de suivre les déboires de milliardaires, qu’un tourment qui pourrait arriver à chacun d’entre nous. Ou presque. Toutes proportions gardées disons…
Le résultat n’est pas malhonnête, mais il n’accomplit pas non plus de prouesse particulière. C’est le mieux que vous aurez jusqu’au prochain remake, je suppose. Ecoutez, de toute façon vous n’avez pas d’élément de comparaison, et les chaînes comme les festivals français se refusent à vous en fournir, alors prenez ce qui vous est donné. Pis avec un peu de chance, quand la version française débarquera enfin, vous la dévorerez sans vous poser trop de questions.