La journée semblait avoir commencé comme n’importe quelle autre. La routine que connaissent des millions de familles, en fait, qui inclut prendre le petit-déjeuner en famille, emmener son enfant à l’école, partir au boulot, puis aller récupérer l’enfant à l’école, dîner… Tiens, commander une pizza, peut-être ? Mais alors sans ananas.
Mais pour les Marin, ce jour-là, la routine déraille. Lorsqu’il passe chercher son fils Sam à l’école (il avait une sortie scolaire ce jour-là), Joe découvre que le petit a disparu. Pire, il semblerait qu’un homme l’ait récupéré aux portes de l’école. Or personne parmi l’entourage des Marin, et croyez-moi des coups de fils paniqués ont été passés pour le vérifier, n’est venu le chercher ce jour-là. Joe et Anna Marin commencent à envisager le pire.
Après quelques heures de sueurs froides, après la mobilisation du personnel scolaire, après l’intervention des services de police, en somme après un temps épouvantablement long pour deux parents ignorant ce qu’il est advenu de leur enfant… Sam est retrouvé. Il est rendu à sa famille. Sain et sauf.
Mais ce n’est pas la fin de Seven Types of Ambiguity. Ce n’est que le commencement.
Préambule : je ne suis pas très à l’aise avec l’idée d’écrire une review sur le premier (ou même les deux premiers, puisque c’était le déroulé de la projection d’hier soir) épisode de Seven Types of Ambiguity. A cause de sa formule-même, en fait : comme pour The Slap, elle est construite autour du principe que chaque épisode suit un personnage, colle à sa perspective, décrit son expérience des événements (et surtout des jours qui suivent). Ainsi donc, comme The Slap, elle ne me semble valoir la peine d’être reviewée que si l’on part du principe que l’on verra chaque épisode, pour avoir une vue d’ensemble. Impossible le premier volet de ces « anthologies de personnages » (pardon, j’invente des termes) d’être regardé comme une introduction classique.
Et d’ailleurs, des comparaisons avec The Slap, on n’a pas fini d’en faire, étant donné qu’outre le principe fondateur de la structure de la mini-série, Seven Types of Ambiguity partage aussi des producteurs, un personnage d’enfant servant de déclencheur, et même un acteur (Alex Dimitriades, qui a droit à « son » épisode en ouverture des deux séries, dans des personnages assez similaires : Hector et Joe).
Ce n’est donc pas tant une review d’épisode que je vous propose aujourd’hui, qu’une introduction à l’univers de la mini-série Seven Types of Ambiguity, à son intention, à ses caractéristiques. Lorsque la diffusion australienne aura un peu avancé (le lancement était cette semaine), on y reviendra, d’accord ?
Parce qu’il y a quand même une différence majeure qu’il faut souligner entre The Slap et Seven Types of Ambiguity, et qui change radicalement l’expérience que l’on fait en tant que spectateur des deux séries : là où la première revêtait une dimension quasi-pédagogique de discussion sociale, proposait un débat sur l’Australie multi-culturelle et, plus largement, interrogeait les différences d’opinions et de valeurs de personnages très différents, la seconde s’intéresse peu à ce genre de choses. Son objet est vraiment de suivre un personnage et d’entrer dans son univers, d’inciter les spectateurs à ressentir ce que cela signifie d’être cette personne, dans les circonstances de son quotidien, quand bien même celui-ci vient d’être perturbé par un incident étrange.
C’est une démarche moins sociale, moins psychologique, mais beaucoup plus empathique. Le choix de Seven Types of Ambiguity, qui consiste à ne pas remonter les événements pour revenir à la source de la disparition de Sam, mais uniquement à décrire les retombées de la disparition (fût-elle temporaire), montre également qu’à aucun moment la série n’a envie de faire de cette affaire le focus de son intrigue. Personnellement je trouve que c’est tout à son honneur.
Seven Types of Ambiguity, avec sa galerie de personnages dont la vie intérieure est dévoilée à l’écran, chacun son tour, n’est pas forcément un « genre » de mini-série que j’ai envie absolument de voir se répliquer. Ces perspectives collées les unes aux autres sont cependant une formidable démonstration de ce que l’ère dite de la Peak TV peut nous fournir. C’est-à-dire des projets dramatiques riches et ambitieux, tirant partie d’une distribution d’exception, permettant à chaque acteur de cabotiner ou se lancer dans des fulgurances (il faut voir Hugo Weaving, surtout à la fin de l’épisode de son personnage Alex, lui donner une vulnérabilité magnifique), sans être chronophages.
Ces « anthologies de personnages » sont parfaites de ce point de vue, et elles peuvent servir de multiples histoires, pourvu que l’intrigue se prête au passage en revue de plusieurs expériences subjectives. Et donc faillibles. Et donc belles. Franchement, si ce devait devenir une tendance télévisuelle (y compris hors de l’Australie), je ne me plaindrais pas.
Pour le reste, on en reparlera quand j’aurai avancé dans la série.