L’université ! Cette période de la vie pendant laquelle on peut faire les 400 coups, bien aidé par le fait qu’on peut désormais acheter légalement de l’alcool (et qu’on ne s’en prive pas !) et qu’on se découvre une liberté nouvelle permettant de coucher à gauche et à droite sans rendre de compte à quiconque, lors de ces folles soirées de débauche qu’on n’oubliera jamais, sauf coma éthylique, avec toutes ces amitiés tissées à jamais… que de nostalgie !
Enfin, je présume. Parce que l’université, je ne la connais quasiment qu’à travers les séries ; mais comme tout le monde sait que les séries, c’est exactement comme la réalité, donc passons. Je fais donc l’effort de me convaincre que Clique est à la vie universitaire ce que Skins était à l’adolescence, soit totalement et infailliblement exacte, et j’essaye de me passionner pour le reste de son intrigue. La suspension de l’incrédulité exige parfois un choix conscient.
Manque de chance, celle-ci est un peu mince. Ce qui pour un épisode d’exposition ne me ferait pas tiquer plus que ça en temps normal… sauf que Clique est un thriller de 6 épisodes ; couplée à son genre, cette brièveté m’inquiète, car à un moment il faudra pourtant bien cracher le morceau si Clique veut raconter quelque chose d’un peu substantiel. Pour le moment, on n’y est pas. Loin de là.
Pour ceux qui ne savent pas trop de quoi il est question, l’histoire, la voici : Holly et Georgia sont amies depuis l’enfance, et sont toujours inséparables au moment de leur entrée à la fac. Georgia est un peu plus délurée et fêtarde que Holly, qui semble avoir le moins de mal à garder la tête sur les épaules, quand bien même elle suit son amie dans ses aventures à haute teneur en alcool. Cela ne signifie pas que Holly est un paillasson pour autant ; en fait c’est souvent elle qui finit par prendre pas mal de décisions, plus ou moins parce que Georgia lui a abandonné son libre-arbitre, comme les classes qu’elles vont suivre par exemple. C’est aussi Holly qui a repéré, lors d’une soirée, un groupe de jeunes femmes fascinantes, dont elle apprend qu’elles participent toutes à un programme très en vue supervisé par la professeure d’économie Jude McDermid, dont Holly et Georgia suivent précisément les cours. Holly aimerait intégrer leur groupe, mais c’est le tempérament fonceur de Georgia qui finit par tailler pour celle-ci une place au sein de cette clique. Les chemins des deux amies sont-ils sur le point de se séparer ?
En dépit de quelques similitudes sur le papier avec Can’t Cope, Won’t Cope (qui explore une dynamique voisine, des excès familiers, et des questions assez proches sur le devenir de l’amitié entre les deux héroïnes), Clique n’est pourtant pas seulement une radiologie d’une relation amicale forcée de choisir entre se rééquilibrer ou se rompre. La série se fascine aussi pour ce fameux groupe de filles, et en particulier pour son secret.
Bon, je vais être franche avec vous : chaque fois que Holly a un léger mouvement de recul et marmonne quelque chose du genre « il se passe un truc étrange », j’avais envie de sortir une énorme banderole, d’allumer des lumières clignotantes et de hurler dans un porte-voix le mot « prostitution ». J’espère que Clique va vraiment me bluffer sur ce point parce que tout cela est d’une telle évidence (entre le degré de raffinement des tenues, le cadre un peu trop riche pour être honnête, l’ambiance constante de sexualisation… sans oublier le type de féminisme prôné par la professeure McDermid qui, spoiler, est plus de l’anti-féminisme moderne qu’autre chose) que c’en est décourageant. Par pitié, Clique, surprends-moi. Pour le moment j’ai hélas du mal à trouver que ce soit le cas.
Georgia semble, en tous cas, être prise dans une spirale qui la dépasse, Holly passe le plus clair de l’épisode à jouer les éteignoirs (mais c’est pas grave, il y a pire qu’elle en la personne de sa voisine sur le campus, Elizabeth), la professeure McDermid et son frère sont cools mais ont tous les attributs de la fausse-sympathie, bref tous les éléments semblent en place pour que se joue une petite tragédie sur le miroir aux alouettes de la coolitude à peu de frais. Ou en tous cas, au prix de ce que coûte beaucoup de néons et de filtres colorés.
J’aimerais avoir tort et, encore une fois, n’espère qu’une chose : que Clique ait un autre développement à proposer. Fort heureusement, 6 épisodes ce n’est pas cher payé pour le découvrir ; mais je ne m’engage dans le reste de la saison avec la ferveur de ceux qui ont été convaincus par le premier épisode.