Il y a différents types de comédies.
Écartons d’emblée celles (et elles sont hélas nombreuses) qui ne sont tout simplement pas drôles. Je ne citerai pas de noms mais 2 Broke Girls. Concentrons-nous donc sur les autres catégories : celles qu’on regarde essentiellement parce qu’on est crevé et qu’on ne se sent pas d’humeur à se cogner un drama complexe ; celles qu’on suit d’un œil distrait plus par habitude qu’autre chose ; celles qu’on apprécie mais si une caméra nous filmait pendant qu’on la regarde, des observateurs extérieurs pourraient penser qu’on n’est pas impressionnés un seul instant ; et enfin, le must : la comédie qui nous fait rire à gorge déployée.
Dans certains cas, je dirais même qu’outre les éclats de rire, une comédie peut aussi parvenir à vous extraire un snort laugh, ce rire reniflé qui indique qu’à un niveau primal, vous avez été intimement touché par l’extrême n’importe quoi absurde d’un gag. Le snort laugh est précieux. Pour veiller à sa survie, je préconise le premier épisode de Flat TV, une comédie de BBC Three lancée au printemps, ainsi que mise à disposition sur internet.
Bien-sûr, le point de départ Flat TV ne révolutionne pas le genre : la série s’intéresse à deux jeunes adultes puérils qui semblent n’avoir aucun problème dans la vie autre que leur immaturité permanente. Ils passent, en outre, toutes leurs journées à la maison, notamment à regarder la télévision. Et je ne dirais pas que ça me parle mais ça me parle. Autant dire qu’il ne se passe absolument rien dans cette série. En fait, l’épisode inaugural est entièrement consacré à l’attente par les deux compères d’un paquet qu’ils ont commandé sur eBay. Oui, c’est ça l’intrigue !
En dépit des apparences, c’est hilarant. Pourquoi ? Parce que le vrai coup de génie de Flat TV, c’est que la série reprend justement les codes des programmes que regardent les deux héros, et les incorpore à l’intrigue. Ainsi le premier épisode est régulièrement coupé par des bulletins d’information… sur la vie de l’appartement. Cela signifie qu’on va tout d’un coup assister à un reportage en direct de la file d’attente près de la porte d’entrée, où les fans se précipitent pour assister à l’arrivée du paquet, par exemple. Il y a tout un passage qui parodie les émissions de télé réalité de type Big Brother, ce qui donne l’occasion aux deux amis de passer plusieurs fois dans le confessionnal (…les toilettes) pour exprimer leurs préoccupations. Et rien que ça, c’est génial, parce que la mise en abime fonctionne parfaitement pour mettre en lumière la vacuité de leur existence. Ce n’est pas simplement qu’on est supposés se captiver pour les délires de deux adulescents, c’est que la série elle-même est pleinement consciente, et souligne, le néant total qui meuble leurs journées.
Au fur et à mesure que les émissions se succèdent, il apparaît en outre que les deux colocataires sont réellement en train de s’imaginer présenter les infos ou présenter un documentaire culturel (« History of being a wanker« ) dans leur appartement, ce qui ne manque pas de créer des situations de rappel à la réalité, ou des interventions d’autres protagonistes ne jouant pas forcément le jeu à ce moment-là.
Outre ces idées truculentes de mise en scène, assorties de gags visuels en tous genres, Flat TV a aussi de l’énergie à revendre. Les dialogues fusent à deux cent à l’heure mais d’une façon très pince sans rire, les personnages se prenant exagérément au sérieux (« la philosophie n’est pas un vrai diplôme »/ »peut-être, mais qu’est-ce que la réalité ? »). Je dois admettre que comprendre une blague avec 10 secondes de retard, parfois, rend même les choses encore plus drôles ! Certaines reparties-ninja tombent ainsi sur le spectateur sans prévenir, le forçant à pouffer bêtement devant le concept de « emergency ham » qui avait failli lui échapper.
Le premier épisode de Flat TV (pas le pilote, toutefois, qui est totalement différent niveau intrigue, et quasiment autant côté rythme) est vraiment parfait, quand bien même il a recours à des personnages vus et revus, ainsi qu’à des ressorts si simplistes qu’ils en deviennent épuisants (la jolie voisine, par exemple, ou le seul personnage de couleur qui est juste là pour servir de « magical negro« …). Quand l’humour est là, on devient tout de suite beaucoup plus conciliant sur certains autres points, je suppose.
Hélas cent fois hélas, la découverte des épisodes qui suivent composent une première saison qui a du mal à tenir ses promesses. Je sais, d’ordinaire je ne vous parle pas des épisodes suivants dans une review d’épisode inaugural, mais puisque j’ai tout juste réussi à vous toucher deux mots avant que cette review ne disparaisse à jamais dans les limbes de mes brouillons, c’est un peu maintenant ou jamais. Et la première saison de Flat TV s’avère, encore une fois hélas, moins rythmée, moins déjantée, et plus répétitive. C’est d’autant plus gênant qu’elle est courte, cette première saison… 4 épisodes au total ! Allez, l’investissement est court, après tout. Et vraiment, ce premier épisode m’a provoqué plus de snort laugh que 90% des comédies que j’ai vues cette année, alors ça valait bien une petite bafouille.
Aaaahhhh, les comédies/sitcoms, ce n’est pas mon genre de prédilection, même si certaines m’ont beaucoup marqué. Les Simpson, Malcolm, It’s always sunny in Philadelphia, Two and a half men, j’ai beaucoup ri devant ces dernières mais Daria reste celle qui me manque le plus encore aujourd’hui.
Sinon, je vais devoir réhabiliter 2 broke girls que je trouve vraiment sympa. Oki, y’a des hauts et des bas, un certain nombre d’épisodes bof, mais quand elle le veut vraiment, elle sait faire rire… surtout quand Sophie est dans les parages 🙂