Kids predict the darndest things

20 novembre 2016 à 16:00

L’instant mignoncité de mon weekend, je le dois à une toute nouvelle série sud-coréenne qui, mille hourras, n’est pas principalement une romcom. A la place on a ici droit à une série mettant avant tout en scène un couple père-fille, que les circonstances réunissent alors qu’ils ne se sont encore jamais rencontrés. La gamine est à l’écran quasiment en permanence, c’est charmant, c’est inoffensif, bref, c’est idéal pour clore un dimanche de novembre avant de retourner au boulot.

Reprenons : Geum Bi est une gamine de 8 ans qui a jusque là toujours vécu avec sa tante, dont on ne sait en réalité pas grand’chose si ce n’est qu’elle sait tirer les cartes. Geum Bi est assez autonome même sous la protection de sa tante : elle se lève seule, se prépare à manger seule, se rend à l’école seule, et un jour rentre à la maison et découvre que sa tante est partie, la laissant… seule. Enfin, pas tout-à-fait : cette dernière lui a laissé une adresse à laquelle Geum Bi doit se rendre et se confier à la garde de son père, dont elle ignorait l’existence.
Le problème c’est que ce jour-là, la vie de son père, Hwi Chul Mo, ne se prête pas franchement à une découverte soudaine de sa paternité : il est en effet embarqué par la police après avoir tenté, avec deux de ses amis, de vendre de fausses oeuvres d’art à un mafieux quelconque. La bonne nouvelle c’est que grâce au démantèlement de cette arnaque, ledit mafieux est en zonzon. La mauvaise nouvelle c’est que Hwi Chul s’y trouve aussi, ce à quoi son meilleur ami l’amusant Gil Ho et leur comparse la froide Jae Gyung, essayent de remédier. Quand la petite Geum Bi sonne à leur porte, ils sont d’abord désemparés, mais ils réalisent ensuite qu’il s’agit là d’une opportunité : si Hwi Chul a une enfant à charge, il a des chances d’être libéré sous conditions au lieu de purger sa peine.
C’est ainsi que commence la tendre histoire d’une cohabitation père-fille. Oui on a vu plus enchanteur, comme point de départ pour une relation familiale saine, je vous l’accorde.

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Une bonne partie de l’épisode d’exposition va donc être consacrée à expliquer un peu comment vit Hwi Chul (et par ricochets, comment vivent Gil Ho et Jae Gyung), et comment Geum Bi tente laborieusement d’exister dans un tel univers où elle n’est clairement pas voulue, et encore moins aimée. Il y a donc plusieurs scènes de confrontation où le père comme la fille font preuve d’une forte méchante humeur, pas pour les mêmes raisons exactement, mais avec les mêmes effets : empirer leur relation naissante.
Même si on veut bien pendant deux minutes essayer de compatir à la situation de Hwi Chul, qui découvre au bout de 8 ans qu’il a une môme et que, ce même jour, il apprend qu’il va devoir l’éduquer alors que sa vie n’est pas du tout aménagée pour une vie de famille, il faut admettre que c’est surtout le sort de Geum Bi qui touche le spectateur, avec ses grands yeux réprobateurs et ses sourires vite éteints.

En outre, Geum Bi, du haut de ses 8 ans, est une enfant profondément honnête, ce qui ne va vraiment pas aider les choses. Elle juge d’un très mauvais œil les manigances du petit groupe d’adultes qui l’entoure désormais, refusant d’entrer dans leur jeu lorsqu’ils lui demandent. Quand bien même elle est capable de prouver sa valeur (notamment pendant une partie de cartes, que j’ai été étonnée que les 3 arnaqueurs ne tentent pas de mettre à profit), ce rejet constant des méthodes illégales de son nouveau tuteur n’aide vraiment pas les tensions à s’apaiser.
Cela va se manifester par exemple dés le premier soir. Après la libération conditionnelle de Hwi Chul, celui-ci (ayant épuisé toutes les solutions pour essayer de fourguer la gamine à quelqu’un d’autre, notamment en cherchant la tante) tente de mettre en place une combine pour partir d’un restaurant sans payer. La chose ne passe pas bien auprès de Geum Bi qui décide de sortir son jeu de tarot de son sac, et d’aller tirer les cartes à une table voisine contre un peu d’argent. Et ça marche !

Ce que ni Geum Bi avec son tarot, ni Hwi Chul avec ses habitudes malhonnêtes, ne repèrent sur le moment, c’est à quel point la femme à cette table, ce soir-là, est émue par la prédiction de la petite fille. Gang Hee Go, c’est son nom, est une trentenaire riche qui sort ce soir-là avec un homme auquel elle n’est pas spécialement attachée, principalement parce que, va-t-on progressivement comprendre, elle ne s’attache pas par nature. 17 ans plus tôt, un drame familial l’a plongée dans un océan de remords, où elle peine à garder la tête hors de l’eau maintenant que ses parents sont morts, que son frère a tourné la page, et qu’elle est restée la seule garante de l’histoire familiale en gardant la maison de ses parents, ainsi que la collection d’antiquités de son père. Un héritage douloureux qu’elle préserve moins par amour filial que parce qu’elle n’arrive pas à faire son deuil.
C’est justement là que la prédiction de Geum Bi a fait mouche, lorsque la petite fille lui a annoncé : « vous pouvez voir votre chemin, mais vous ignorez quelle est votre destination. Votre cœur vous dit de partir, mais vous ne pouvez pas avancer. Vous ne savez pas vraiment si vous refusez de partir, ou si vous êtes prise au piège contre votre volonté. Si vous partez, vous raterez quelque chose de précieux ; si vous restez, vous pleurerez beaucoup ». Pour la jeune femme, ces mots prennent un sens particulier, surtout à l’heure où son frère l’exhorte à vendre la maison parentale pour ne plus ressasser le passé et finit par la mettre au pied du mur. Elle décide de mettre la collection d’antiquités en vente.

Cette vente a attiré l’attention de nul autre que Gil Ho, qui semble être le cerveau du trio d’arnaqueurs. Il a décidé de faire main basse sur ces objets, ce qui lui permettra ensuite d’écouler des reproductions. Apparemment c’est un plan solide, même si je reconnais n’avoir pas tout compris. Le père de Geum Bi et ses deux complices vont donc essayer d’arnaquer la pauvre Gang Hee… alors que dans le même temps, par le fruit du hasard, la jeune femme et la petite fille se recroisent et nouent une amitié.
Oh oui, ça va donner exactement ce que vous pensez, et d’ailleurs je suis reconnaissante envers Oh My Geum Bi de ne pas faire perdurer inutilement le suspense, et de mettre en scène ce qui ressemble à une confrontation à la fin de son premier épisode. Ca nous évite les chassés-croisés, coïncidences plus ou moins heureuses, et autres malentendus, qui auraient pu faire trainer les choses indéfiniment.

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Mais je crois avoir une idée de la raison pour laquelle la série ne veut pas faire de cette arnaque son objet principal, avec tous les enjeux simplistes qui s’y rapportent. Pendant que je cherchais les noms de certains personnages, je suis tombée sur un résumé de la série qui va bien au-delà de ce que nous raconte le pilote, et qui met en place des obstacles autrement plus intéressants. Je ne vous en dis pas plus, mais j’en profite pour vous rappeler qu’un premier épisode de série coréenne est voué à ne pas mettre toutes ses cartes sur la table, vu qu’en Corée du Sud, les séries sont pour la plupart diffusées à raison de deux épisodes par semaine et que c’est donc la première paire d’épisodes qui sert d’introduction à la série. Ce qui du coup sert de mise en garde : les résumés de séries sud-coréennes ont tendance à contenir des spoilers parce qu’ils se basent sur plus que le premier épisode. Je me garde de vous en donner ici, mais sachez qu’ils sont là, dehors, qu’ils rôdent. Comme ça c’est fait.

Entre nous soit dit, je suis très intéressée par ces développements, parce qu’ils promettent de vraiment placer au centre de la série Geum Bi, et non pas les arnaques ou les quiproquos. Et comme la petite Geum Bi est incarnée par une jeune actrice du nom de Jung Eun Heo, absolument saisissante (fait suffisamment rare pour être noté quand on sait ce que valent l’immense majorité des enfants acteurs, surtout en Asie où ils sont choisis bien souvent pour leurs joues rondes plutôt que leur talent), je dis tant mieux.
En fait à plusieurs reprises, Jung Eun Heo m’a rappelée une autre valeur sûre de la fiction asiatique de demain, la Japonaise Mana Ashida. Mana Ashida, vous la connaissez pour avoir été la gamine incroyable de Mother puis de Ashita, Mama ga Inai… ou plus vraisemblablement, pour avoir vu Pacific Rim, je ne me fais pas d’illusions. Oui, cette gamine. Eh bien Jung Eun Heo a un peu les mêmes superpouvoirs que celle qui est de 4 ans son aînée : la même force, la même densité, la même capacité à émouvoir sans nécessairement se reposer sur des moues mignonnes. Il y a quelque chose de solide dans son interprétation et ça me donne vraiment envie de continuer à regarder une série qui s’intéresse à elle, plutôt qu’une série qui la traite comme une excuse pour traiter les histoires des adultes.

Et d’ailleurs je vous recommande d’en faire autant. Oh My Geum Bi a vraiment des bons moments (l’émotion de la prédiction faite à Gang Hee est sincèrement émouvante, par exemple) en dépit de quelques clichés, et a vraiment le potentiel pour réchauffeur quelques cœurs pendant l’hiver. La série doit d’ailleurs emmener les spectateurs de KBS jusqu’à la nouvelle année, et peu de séries semblent si bien calibrées pour les fêtes… comme le souligne assez bien le poster promotionnel ci-dessus.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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