Superhero for hire

19 novembre 2016 à 19:55

Eh bien mes amis, ça faisait longtemps que je n’avais pas ri comme ça devant une comédie nippone. Certes, Rental Kyuuseishu ne paie pas de mine, mais c’est un véritable régal. En fait, ne vous fiez pas à mon avis, interrogez simplement mes voisins qui m’ont entendu m’esclaffer plusieurs fois à pleine gorge (et par un beau matin aux environs de 6h, en plus) devant le premier épisode de la série.

Rental Kyuuseishu part d’un postulat malin : dans la vraie vie, il n’y a pas de millionnaires comme Bruce Wayne, mettant leur fortune au service de la défense de la veuve et de l’orphelin. Non, dans la vraie vie, il y a le capitalisme… Du coup pourquoi ne pas imaginer une agence proposant un service de « sauveur à louer » ? Après tout, si vous étiez vraiment dans la panade, ne seriez-vous pas prêt à mettre le prix pour vous en sortir, surtout s’il s’agit d’avoir recours à un professionnel ?

Yuugo Akabe, 49 ans, employé de bureau, n’en avait jamais entendu parler, mais ce service existe bel et bien à Yokohama, et il va s’en apercevoir après avoir été la (naïve) victime d’une arnaque. Il se retrouve ainsi, simultanément viré de son job et couvert de dettes. Un million ! EN DOLLARS ! Problème : outre le fait qu’il est le seul à travailler dans son foyer (son épouse reste à la maison et leur fille va encore à l’école), il prépare depuis des mois la lune de miel que son couple n’a jamais vécue… à Hawaï. Terrifié à l’idée d’annoncer la nouvelle à sa femme, et de faillir sur autant de plans, il préfère encore chercher un moyen de gagner rapidement de l’argent, et c’est là qu’il se retrouve embauché par les responsables de Rental Kyuuseishu (« sauveur à louer »). Le jour-même de son embauche, il est chargé de sa première affaire : il doit intervenir dans un kidnapping.

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Rental Kyuuseishu est une sorte de comédie high concept, en cela qu’il ne s’agit pas de prendre un contexte vague (la famille ; la vie de bureau ; l’immeuble où résident plusieurs foyers) et d’y inventer des rebondissements plus ou moins originaux, mais bel et bien de fonder l’humour sur une situation de départ unique, qui a des conséquences directement liées à ses spécificités. Disons pour la plupart du moins. Cela n’empêche en rien, remarquez, que la série ne soit pas feuilletonnante (c’est ce sur quoi semble s’orienter Rental Kyuuseishu, en fait). Bon, ce joli principe est à temporiser : du fait de sa durée (comme la plupart des séries japonaises, dramatiques ou comiques, elle dure près d’une heure), Rental Kyuuseishu fait un peu plus que des clowneries à partir de son idée de « sauveur à louer », et je vais y revenir.
Mais chaque fois qu’elle revient au cœur de cette mission, la série réussit à se rendre hilarante et énergique. C’est vraiment son point fort et qu’il soit, à deux ou trois reprises, noyé dans autre chose, n’est finalement pas si grave quand on voit à quel point cet angle a bien été abordé. J’avais un peu l’impression d’assister à une sorte de The Middleman sans science-fiction ni fantastique. Ou un Yuusha Yoshihiko moderne !

Ikki Sawamura, qui incarne Yuugo Akabe, joue à la perfection la désorientation constante, une attitude assez logique mais qui fonctionne à longueur d’épisode. Non seulement il atterrit dans un univers dont il ne savait rien alors que, soyons honnêtes, il n’a pas les compétences pour jouer les sauveurs (même pas gratuitement !), mais en plus il est, naturellement, quelqu’un de réservé et peu équipé pour les situations dangereuses. Même si on apprendra en cours d’épisode que toutes les missions des « sauveurs à louer » ne sont pas nécessairement périlleuses, il faut admettre qu’il part avec un lourd handicap dans son nouveau job.
Mais c’est justement ce qui va faire sa spécificité au sein de l’agence Rental Kyuuseishu : il a du cœur. Le premier épisode dévoile ainsi que ce qu’il n’a pas en compétences, il l’a en empathie, et c’est sa capacité à se lier à ses clients qui va peut-être, à terme, faire de lui un bon sauveteur. Bon pour le moment il a encore besoin qu’on vienne lui sauver les miches, mais pour sa défense, le kidnapping, c’est hardcore pour un premier jour !
C’est hélas là aussi que se loge le seul véritable défaut de Rental Kyuuseishu : quand elle n’excelle pas dans le domaine de la comédie, la série se tourne vers un ton feelgood assez décourageant, parce que plutôt banal. Yuugo Akabe va se lancer dans des tirades émouvantes, et va même inciter d’autres personnages à en faire autant, et bien que ça ne phagocyte pas tout l’épisode (comme je l’ai craint à un moment), ça provoque des problèmes de rythme et de ton. C’est très dommage, quand bien même les séquences drôles rattrapent le niveau global de l’épisode.

Et puis je l’aime vraiment bien cette idée d’agence de « sauveurs à louer », il peut vraiment en sortir des histoires farfelues et absurdes, et le fait que tant de personnages passagers assument entièrement l’humour de la série, avec leurs propres gags (au lieu que ce ne soient que les personnages extravagants peuplant l’agence Rental Kyuuseishi qui fassent des pitreries), aide vraiment à apprécier la folie-douce de l’ensemble. Il y a des idées vraiment hilarantes.
Le résultat n’est pas parfait, mais fonctionne. En fait, c’est déjà pas si mal, surtout de mon point de vue : je suis devenue assez difficile en matière de comédies asiatiques, donc quand j’en apprécie une, je ne m’arrête plus au petits détails un peu plus faiblards, et je fonce. Si vous avez besoin d’un sourire ou deux en ce moment, je vous recommande d’en faire autant.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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