Canadian Crash

12 octobre 2016 à 18:03

Alors qu’elle passe la soirée avec son f*ck buddy le charmant Lutz, la journaliste Daisy Channing reçoit un message de l’un de ses contacts qui lui demande de le rencontrer : Hassan Ali a quelque chose à lui donner, quelque chose de gros. Le scoop de l’année, non : du siècle ! Daisy se met en route vers le parc où il lui a donné rendez-vous sans plus de détails. Hassan s’y trouve  avec un autre homme, mais tous les deux sont très vite la cible de tirs sous les yeux de la journaliste. Le second jeune homme meurt sur le coup, Hassan parvient à s’échapper, et Daisy, choquée mais physiquement indemne, appelle les secours. Cela fait aussi d’elle, bien-sûr, la journaliste la plus chanceuse de la ville, puisqu’elle a effectivement un scoop, et même des photos de la victime sur la scène de crime, du coup !
Une fois remise de ses émotions, Daisy rentre donc ventre à terre proposer l’histoire à sa rédactrice en chef, tout en essayant d’obtenir le nom de la victime auprès de la police. Il s’agirait de Khaalif Faaruq Suleman, appartenant à la communauté somalienne de Toronto, et membre d’un gang.

Dans Shoot the Messenger, notre héroïne est Daisy, cette jeune journaliste encore inexpérimentée (elle sort à peine des pages « divertissement » de The Gazette, l’un des grands quotidiens de la ville) mais ambitieuse, volontaire, et têtue. Journaliste, quoi. Mais ponctuellement nous allons aussi obtenir des aperçus de la trajectoire d’autres personnages après cette fusillade, comme les détectives Ortiz et Lutz (oui oui, ce Lutz), la famille de la victime dont son père l’imam Mahadi, la juge Reeves, le procureur Sam Charles, l’adjointe de celui-ci Chloe Channing (sœur de Daisy, donc), le magnat de l’immobilier Eric Lawson, et même un peu Hassan Ali lui-même. A cette galerie de portraits il faut évidemment ajouter les personnages qui travaillent également à The Gazette avec Daisy, comme sa rédactrice en chef Mary Foster et son collègue bien plus rompu aux subtilités de la communauté somalienne de Toronto, Simon Olenski.

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Vous aurez remarqué qu’entre les quartiers de la communauté somalienne et les tours de verre d’un empire immobilier, il y a tout un monde. Shoot the Messenger dévoile en effet, à mesure que le premier épisode introduit de nouveaux personnages, différents univers. Ce qui les lie, pour le moment, c’est l’investigation autour de la mort du fils de l’imam (une voiture appartenant à l’un, un dossier administré par l’autre…), mais, même si pour le moment l’exposition ne permet pas encore de s’attarder sur la question, il faudra pourtant bien à un moment se demander quel était ce scoop initialement promis par Hassan Ali.
Peut-être concerne-t-il certains de ces personnages qui à ce stade ne semblent que faire partie du décor pendant l’enquête, après tout ? C’est difficile à dire au bout d’un seul épisode, naturellement, et Shoot the Messenger ne veut pas encore utiliser toutes ses cartouches.

Alors dans l’intervalle, nous voilà devant une série qui essaye de peaufiner son intrigue journalistique. C’est ainsi que Daisy, pourtant pleine de bonnes intentions et de solides réflexes professionnels, va lamentablement se planter pendant la rédaction de son article. Oh, rien d’énorme, elle s’est juste trompée d’une lettre dans le prénom de la victime : il ne s’agit pas de Khaalif Faaruq Suleman, membre d’un gang, mais de Khaalid Faaruq Suleman, son jeune frère… et étudiant en école d’art ! La bévue a donc d’horribles conséquences, qu’il est impossible de dissimuler vu que l’article sur la fusillade a fait la première page de The Gazette. Associée à Simon, Daisy est donc envoyée auprès de la famille de la vraie victime (…c’est la même famille, mais ça ne rend pas les choses plus simples, bien au contraire) pour écrire un article à la mémoire du défunt. Ambiance.

La démarche a l’avantage pour Shoot the Messenger de mettre l’accent sur la partie dramatique de son intrigue. Contrairement à Hyde & Seek dont on parlait hier, le fait qu’une enquête potentiellement très complexe se déroule pendant l’épisode n’empêche absolument pas que la série essaie de nous émouvoir.
Ainsi l’épisode ne invite-t-il à ressentir un peu du choc de Daisy devant la fusillade, ou à expérimenter la souffrance de la mère de Khaalif lorsqu’elle apprend le décès du « bon fils » plutôt que de la crapule. Cela passe aussi par des petites scènes anodines pendant lesquelles Daisy et sa sœur Chloe essaient de s’organiser pour prendre soin de leur père. Des choses en apparence anodines, parfois même des scènes qui semblent revêtir une part d’inutilité (avons-nous besoin de voir Alex Kingston en soustale qui se prépare à aller à une soirée ? bon moi personnellement oui, mais scénaristiquement bof), mais qui en réalité rappellent que ces personnages existent. Qu’ils ont une vie au-delà de leur travail. Qu’ils ont une raison d’être hors de l’enquête. C’est absolument précieux ! Cela fait toute la différence entre une série dans la contemplation de laquelle on s’absorbe, et une série qui fait son travail, ni plus ni moins. Quand bien même ces scènes peuvent sembler cliché (et c’est à plusieurs reprises le cas, ne nous mentons pas), cela donne en tous cas de la consistence à ce qui, sinon, serait juste un thriller sans âme.

Certes, il faudra attendre les épisodes suivants pour savoir ce que Shoot the Messenger a véritablement dans le ventre sur un plan thématique, lorsque se dévoilera le scoop sur lequel Hassan Ali avait des informations à communiquer à Daisy. En attendant, la série a au moins le mérite de réussir son entrée en matière.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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