Parfois il semblerait que les choses touchent à leur fin. Réchauffement climatique, élections présidentielles transformées en cirque, 10 saisons de The Big Bang Theory… nombreuses sont les raisons de penser qu’on est au bout du bout. Et je ne veux pas simplement parler de catastrophes à l’échelle mondiale, d’ailleurs. Même à titre personnel, il peut à l’occasion paraître impossible d’aller plus loin ; cette impression d’avoir atteint les limites, voire le point de non-retour, peut laisser penser que, oui, cette fois, c’est la fin.
Eh bien dans No Tomorrow, c’est effectivement la fin : d’après l’un de ses personnages, qui a l’air très informé sur la question, tout sera fini dans 8 mois et 12 jours très exactement. Mais loin d’affronter cette réalité avec désespoir, tout l’esprit de la série réside dans l’approche qu’elle choisit pour parler de cette fin : que ferez-vous des derniers moments ? Dans No Tomorrow, pas question de les gâcher !
L’idée n’a rien de nouveau et met en scène une bucket list qui brille plus par son énergie que par sa fantaisie. Mais qu’importe : No Tomorrow assume totalement sa fonction de série feelgood ! Elle nous propose avant toute chose de passer trois quarts d’heure pendant lesquels la série nous remet sur pied émotionnellement, et c’est déjà énorme, au moins en ce qui me concerne.
Après cette intraveineuse d’optimisme, de bonne humeur et d’autodétermination, je vous mets au défi de ne pas vous sentir, à votre tour, des ailes dans le dos. Et peut-être même le courage d’entreprendre quelque chose…?
Tori Anderson, qui ne pourrait être plus délicieuse (pas faute de l’avoir déjà tant été dans Open Heart — mais pas dans The Other Kingdom, on ne parle pas de The Other Kingdom, c’est comme le fight club mais en plus rebutant), virevolte à longueur d’épisode, tiraillée entre sa petite vie étriquée mais pas totalement insupportable, et le type qui vient bouleverser sans prévenir son fragile équilibre. On ne voit pas Joshua Sasse tant que ça pendant cette exposition (et quand on le voit, c’est toujours avec sa comparse : il n’a pour l’instant aucune existence indépendante d’elle, ce qui serait peut-être à développer par la suite), mais dés qu’il est face à notre héroïne, une chose est claire : l’alchimie entre ces deux-là est épatante. Les étincelles, je vous le garantis, ne proviennent pas que du micro-ondes !
Le problème majeur pour ce moment est qu’on nous demande de croire à la fin du monde, mais qu’il est difficile d’être entièrement convaincu de son authenticité. C’était un problème qu’avait évité la série d’origine, Como Aproveitar o Fim do Mundo, qui étant née en 2012 avait au moins l’excuse de pouvoir s’appuyer sur l’imminence du 21 décembre 2012. Une date qui, on nous l’avait promis, marquerait la fin du monde : les Mayas l’avaient prédit. Évidemment, en 2016, pas facile de s’appuyer sur cette prédiction ; elle donnait pourtant une tournure encore plus farfelue à Como Aproveitar o Fim do Mundo, qui démarrait avec, justement, les Mayas, dont le chef révélait : « j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle, vous voulez laquelle en premier ? Bon bah bonne nouvelle, on a conçu un calendrier… mauvaise nouvelle, on connaît la date de la fin du monde ». C’était vraiment hilarant et c’est dommage que No Tomorrow n’ait pas trouvé un moyen de préserver un peu de cette fantaisie, tournant un peu trop vite à la romcom… en éclipsant par moments les bienfaits d’une com sans rom.
Il n’empêche que No Tomorrow est la dose létale de bonne humeur dont les grilles de la rentrée avaient besoin, ne serait-ce que pour compenser pour toutes les larmes versées devant This is Us. J’ai hâte de voir comment non seulement Evie, mais les personnages autour d’elle, vont progressivement s’affirmer et prendre du plaisir en sortant des sentiers battus ; c’est déjà ce que le pilote fait, finalement, avec l’ex d’Evie, et c’est ce que je soupçonne ses parents et surtout sa sœur de vivre dans les prochains mois. C’est en tous cas tout le mal que je leur souhaite car sinon, ils seront vite inutiles dans la dynamique de la série.
Tant qu’à mourir un jour, autant vivre, quoi.