« When I watch you eat. When I see you asleep. When I look at you lately, I just want to smash your face in. »
(Barbara Rose – The War of the Roses)
Il y a des sujets dont les séries ne parlent jamais assez. Des sujets que, vraiment, si un scénariste qui passe par là pouvait en faire quelque chose, ce serait fort urbain. Même pas toute une série, juste une saison, non allez, juste un épisode même. Une intrigue B dans un épisode ? Je prends ce qu’il y a, vraiment. Parce que s’il y a bien un truc dont il faudrait qu’une série nous parle un jour, c’est quand même bien du couple.
OH ! OUI ! Parlons du couple ! Personne d’autre ne l’a jamais fait ! Ni n’a essayé de le raconter par l’angle de la séparation ! Jamais aucune série ne s’est appelée Divorce (à part aux Pays-Bas). Ou The Divorce (à part en Australie). Ou Cas de Divorce (à part en France). Ou Girlfriends’ Guide to Divorce (à part aux USA). Ou Happily Divorced (à part aux USA). Ou Divorce Court (…à part aux USA). Nan sérieusement, c’est du jamais vu. Et je ne parle même pas des The New Adventures of Old Christine, Reba, Grace & Frankie, ou même The Good Wife qui ont vicieusement dissimulé qu’elles parlaient en fait de divorce ! OH ! OUI ! Je vous en conjure, parlons une nouvelle fois du divorce du point de vue d’une femme ! C’est la chose la plus novatrice au monde !!!
Ca y est, je me suis calmée. Nan mais il faut me comprendre : La Guerre des Rose est l’un de mes films préférés, ce qui signifie que je l’ai vu en intégralité environ 712 fois (plus les extraits), et à ce stade il va m’être très difficile de ne pas avoir l’impression que Divorce fait dans la redite. Il n’y a rien dans ce premier épisode que j’aie l’impression de découvrir.
En fait même l’humour de Divorce m’évoque le film, par ses touches profondément absurdes et pince sans rire, hélas trop rarement dispersées dans cet épisode pour faire l’effet attendu pour une comédie ou une dramédie qui se respecte. Je pense que l’épisode aurait profondément bénéficié d’une oscillation plus marquée entre ces séquences surréalistes, typiquement pendant la fête d’anniversaire, et les autres plus intimistes et dramatiques. Utiliser les unes pour alimenter les autres, jouer sur le contraste, aurait vraiment donné énormément de personnalité à Divorce. Ce n’est pas le cas ici, peut-être parce que les séquences voulues comme plus naturalistes ont déteint sur le reste, peut-être par souci (déplacé à mon avis) d’authenticité.
Le fait que Divorce ait un problème de ton est d’autant plus important que, comme je le disais, peu de ce qu’elle décrit est inédit. L’insatisfaction de l’héroïne, Frances, coincée dans un mariage qui ne la satisfait à strictement aucun égard, est d’une banalité sans nom ; son rapport à ses deux adolescents est également vu et revu ; la seule chose qui pourrait être intéressante, c’est la façon dont en cours d’épisode, elle nous révèle le plus naturellement du monde avoir un amant. L’absence totale de culpabilisation par la série, par le personnage avec lequel elle en parle, et par elle-même, est hyper précieux, ne serait-ce que parce qu’il montre combien Frances est déjà en couple avec quelqu’un d’autre, déjà divorcée de son mari Robert sans en avoir totalement conscience. C’est quelque chose que peu de séries ont raconté, d’ailleurs, mais l’innovation semble se manger une porte dans la face en fin de pilote afin de pouvoir renvoyer l’héroïne à sa solitude face au divorce. Tant pis.
L’avantage c’est que beaucoup des travers dévoilés par ce pilote ont la possibilité d’évoluer par la suite, et d’aller s’améliorant. Une bascule plus marquée entre la comédie absurde et la vulnérabilité profonde peut parfaitement s’arranger dés l’épisode suivant (je ne dis pas que c’est garanti, ça peut très bien ne jamais être le choix de la production ; mais au moins c’est possible. Il est possible qu’en cours de route, en creusant l’animosité de Robert envers Frances (ou vice-versa) comme les tentatives de celle-ci d’échapper à la solitude à un passage-clé de sa vie, puissent offrir des approches intéressantes. C’est pour ça que je me retiendrais bien de juger définitivement Divorce ; mais ça ne change rien à mon manque d’enthousiasme pour le moment.