The medium orange

2 octobre 2016 à 23:39

En cette rentrée, je m’aperçois qu’il m’est un peu difficile de m’enthousiasmer pour des comédies. Il se peut que cela vienne tout simplement de mon humeur  ; après tout, je suis plus disposée à regarder des dramas de toute façon, et comme on est bien gâtés en ce moment, pourquoi se priver ?). Mais il y a aussi le fait que certaines choses ne sont plus drôles lorsqu’elles se produisent pour la 712e fois.

Swedish Dicks, première série originale du site de VOD Viaplay (bien que co-produite avec les USA), est typiquement dans ce cas. On y découvre des personnages de losers qui ne viennent rien dire sur l’échec de bien neuf. Le vrai problème, toutefois, ne se loge pas dans ce qu’une comédie dit ou ne dit pas, mais plutôt dans la façon dont elle tente de l’exprimer, et c’est là que Swedish Dicks se cause le plus de tort, en faisant du vieux avec du vieux. Cela ne signifie pas que la série est un ratage total, non, c’est pire : la comédie est juste très moyenne.

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Mais reprenons : Ingmar Bergman est un ancien cascadeur suédois ayant trouvé la gloire, pendant un temps, à Hollywood. Il a tourné cette page de sa vie voilà une dizaine d’années et vivote désormais en tant que détective privé (ou « dick » en argot), profession dans laquelle il rencontre beaucoup moins de succès. Quand commence Swedish Dicks, il est même sévèrement endetté puisqu’il doit 8000 dollars à un créancier. Fort heureusement pour lui se présente rapidement une nouvelle affaire : un DJ vient lui demander de récupérer son ordinateur portable, qui lui a été volé par un autre DJ à la carrière déclinante, parce qu’il contient d’excellents titres. Ingmar parvient à obtenir que cette affaire, s’il restitue l’ordinateur à son propriétaire, lui rapporte précisément 8000 dollars ! La chance !
Naturellement rien ne se déroule comme prévu, malgré le professionnalisme d’Ingmar qui connaît bien son métier et tente d’appréhender de façon assez cool le DJ qui a volé l’ordinateur. Il apparait que ce « voleur » est également un Suédois, Axel, et qu’il est donc facile de l’amadouer pour l’approcher en jouant sur la proximité culturelle ; mais même une fois suffisamment proche d’Axel pour récupérer l’ordinateur, Ingmar s’aperçoit que l’affaire est plus compliquée qu’espéré, et que les 8000 dollars sont loin d’être acquis.

L’approche de Swedish Dicks est très simple : elle propose de suivre Ingmar et Axel dans leurs échanges, l’un étant un vieux type blasé et l’autre un optimiste forcené. C’est sur leurs interactions que l’essentiel de l’humour de la série est fondé, en les mettant très souvent dans des situations sans grande originalité (dans un bar, par exemple) pour les obliger à se confronter à leurs différences fondamentales. Le duo fonctionne sans trop de peine, essentiellement parce que des centaines de buddy comedies sont déjà passées par là ; il manque en revanche quelque chose qui justifie le fait que ces deux protagonistes continuent de se fréquenter, et il faudra attendre la fin de l’épisode pour assister à la pirouette que le permet.
On reste, je vous avais prévenus, dans quelque chose de très classique. Seule une scène de ce premier épisode sort un peu de cette dynamique, lorsque nos deux larrons suédois Ingmar et Axel se retrouvent dans un nightclub pour y récupérer ce fichu ordinateur portable. Les gags se diversifient alors un petit peu, dépassant les échanges du duo pour dévoiler un humour plus fin, où c’est la vulnérabilité d’un personnage masculin qui le rend drôle, non par moquerie mais par effet de surprise. Ca fonctionne vraiment bien et si Swedish Dicks arrivait à exploiter un peu plus ce ton, la série tiendrait quelque chose d’intéressant. Manque de chance, pour le moment, ce type de tentatives est minoritaire dans l’épisode, et a fortiori dans la série, où le personnage rencontré au nightclub n’a pas vocation à devenir partie intégrante de l’identité de la comédie.

Il faut noter que Swedish Dicks s’achève sur une amorce de ce qui ressemble à une intrigue feuilletonnante, qui pour le moment n’a pas l’air d’avoir grand’chose en rapport avec l’épisode d’exposition. Ca tombe un peu comme un cheveu sur la soupe mais ça promet, au moins, que les épisodes proposeront un peu mieux que des enquêtes répétitives pendant lesquelles le désabusé Ingmar et le naïf Axel se renverront la balle.
N’empêche : à la fin de Swedish Dicks, l’écran s’est assombri et mon reflet m’est apparu sur l’écran avec une expression neutre. C’est la pire chose qui puisse se produire après avoir regardé une comédie ! Clairement, que ce soit un problème d’humeur de ma part ou d’originalité de la série, ça ne sert à rien que je prolonge l’expérience. Vous me raconterez.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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