La shondarhimisation de la télévision américaine, et en particulier d’ABC, se poursuit. C’est une nouvelle fantastique pour ceux qui aiment les séries de Shonda Rhimes.
Si je vous dis qu’une série dramatique avec une héroïne en son centre mélange plusieurs genres (drama, romance, thriller), se déroule dans un milieu professionnel très aisé, et met en scène ce qu’il faut de retournements de cliffhangers choquants, de scènes sulfureuses et de questionnements socio-politiques, quelle série suis-je en train de parler de Scandal, How to get away with Murder, de The Catch, ou de Notorious ? Le problème c’est qu’à force ça devient compliqué à déterminer.
Attention, il y a bel et bien une intruse dans cette liste : l’une de ces séries n’a rien à avoir avec Shondra Rhimes. Rien… à part la réplication propre et appliquée de ses recettes récentes.
Notorious s’intéresse donc à Julia George, productrice d’un magazine d’information quotidien dont un personnage nous apprendra qu’il détermine le rythme de l’actualité dans tout le pays. C’est peut-être même un peu ça le problème : Louise Herrick Live fabrique les gros titres. Cela ne signifie pas que ses informations sont fausses à proprement parler, c’est plutôt qu’elles sont manipulées. Pour obtenir d’excellentes audiences, Julia n’hésite pas à passer des accords avec les sujets de ses reportages… ou plutôt avec leur avocat, son ami Jake Gregorian. Ce dernier peut ainsi lui fournir des exclusivités tout en obtenant de la part d’un média puissant qu’il renvoie l’image dont il a besoin pour prendre la défense de ses clients.
C’est un accord qui pue, pour parler franchement. Et ç’aurait pu être là le sujet central de Notorious, mais rappelez-vous : la shondarhimisation des écrans interdit que les choses soient aussi simples.
Le premier épisode part donc d’une affaire en apparence anodine, d’un échange de bons procédés parmi d’autres, pour lancer une intrigue qui devrait servir de fil rouge pendant un moment. Oscar Keaton, un riche client de Jake est en effet accusé d’avoir percuté quelqu’un avant de prendre la fuite ; l’affaire se complexifie rapidement, et atteint son apothéose (…pour le moment) lorsque sa femme Sarah est retrouvée morte dans leur salle de bains.
Là-dessus viennent se greffer toutes sortes d’intrigues soapesques (le petit ami de Julia, qui vient d’être nommé juge fédéral, la trompe ; Jake est amoureux depuis des années de Sarah Keaton, bla bla bla) qui évidemment viennent nous faire perdre du te-… épaissir les épisodes. Et puis il y a les scènes totalement inutiles sur des personnages secondaires sans intérêt, comme le stagiaire ambitieux ou la présentatrice Louise Herrick qui n’existe que par sa libido.
D’ailleurs. Notorious m’avait convaincue de sa médiocrité dés sa première scène, puisque le pilote s’ouvre sur une scène de cul (timorée, certes, mais clairement mise là pour appâter le chaland à peu de frais intellectuels). Cependant, j’avais envie de lui donner une chance : je trouvais que la collusion entre médias et justice était un thème intéressant à traiter. Naïvement j’imaginais que la série explorerait ces thématiques, mais dans le premier épisode de Notorious, il devient rapidement clair que personne ne se pose une seule fois la question de ce qui va trop loin. Personne n’a de limite, de cas de conscience. Si, Julia a un petit soubresaut de sourcil d’un quart de secondes lorsque son équipe l’encourage à dévoiler publiquement la vie sexuelle d’un juge fédéral pour meubler une émission, mais ce n’est pas vraiment par intégrité journalistique, et ça a tout à voir avec sa rupture avec ledit juge fédéral.
Du coup, pas étonnant que la série se découvre une passion pour les rebondissements de l’affaire Keaton : vu qu’elle n’a rien à dire sur le fond il lui faut bien des chiffons rouges à agiter à intervalles réguliers tout au long de sa saison.
Le truc c’est que j’avais l’impression de voir exactement le pilote de The Catch l’an dernier : une femme à qui tout réussit, en théorie puissante (limite workaholic, mais puisque ses seules amies sont ses partenaires professionnels, tout va bien…), maîtresse d’elle-même, et bien-sûr chaussée uniquement des talons les plus aiguille que la terre ait porté, découvre que l’homme qu’elle aime a trahi sa confiance. A partir de là sa vie professionnelle et sa vie personnelle ne vont faire qu’un…
Évidemment The Catch et Notorious ne sont pas EXACTEMENT la même série, je suis consciente des nuances voire, parfois, des différences fondamentales ; mais il y a tellement de fois où on voit que le canevas est strictement le même, que l’intérêt qu’on pourrait éventuellement ressentir disparaît définitivement. A quoi bon s’embarrasser de nouvelles séries, quand elles ne font que proposer de légères variations sur ce que l’on connaît et/ou regarde déjà ? Pire : dans mon cas, je ne les regarde même pas (je n’ai vu qu’une seule saison de Scandal par exemple).
La shondarhimisation de la télévision américaine, et en particulier d’ABC, se poursuit. C’est une nouvelle fantastique pour ceux qui aiment les séries de Shonda Rhimes. C’est bien plus agaçant pour les autres, qui attendent un peu plus d’une série. Fort heureusement Notorious arrive au beau milieu d’une rentrée bien chargée, et je n’aurai aucun mal à trouver mieux qu’elle à dévorer.
…Jusqu’à la prochaine série similaire.