Avec la diffusion ultime de Ddo! Oh Hae Young ce soir, j’ai eu envie de prendre le temps de tâter de cette petite romcom. Si vous me connaissez un peu, vous commencez à prendre la mesure de l’exceptionnalité de la chose : d’ordinaire j’évite les romcoms avec mille précautions. Qui a dit « comme la peste » ? Non, je ne me permettrais pas…
Il s’avère que, sur Twitter, certains fans de la série (dont le titre, traduit aussi bien par Another Miss Oh que Oh Hae Young Again, ce qui ne fait que renforcer ma conviction que les traductions de titres de séries sont de la pure foutaise puisque les anglophones sont foutrement incapables de s’entendre sur UNE traduction !!! pardon je me calme) ont su me donner envie de dépasser cette retenue instinctive. A l’aide de captures bien senties, plusieurs d’entre eux ont souligné certains aspects pleins de charme, telles que des scènes mère/fille que je n’avais encore jamais vues à la télévision sud-coréenne ; cela a piqué ma curiosité. Pas au point de regarder la série tout de suite mais enfin, bon, ça va quoi, on n’est pas aux pièces, une série n’est pas biodégradable.
Résultat, me voici aujourd’hui en train de vous parler de cette romcom qui me semble, ma foi, être capable de se montrer à la hauteur de sa réputation. Potentiellement. Peut-être. Nan mais faut dire, c’toujours compliqué avec la première heure d’une série coréenne…
…Ok, avant que je ne fasse plus encore marche arrière, passons vite à la review elle-même, qui, je le précise, contient quelques spoilers (pour autant qu’un premier épisode puisse contenir des spoilers !) sur les surprises que réserve cette épisode d’exposition.
Accrochez-vous parce qu’il va falloir suivre un peu.
Mauvaise pioche ! La photo de promo de cette série n’a du sens que si vous comprenez son imbroglio.
Hae Young Oh est le nom d’une jeune trentenaire qui rentre un beau jour chez elle et annonce une mauvaise nouvelle à ses parents. En fait, la date importe énormément dans l’importance de cette anecdote : cette annonce se tient à la veille du mariage de Hae Young. Et l’annonce ? Eh bien, c’est que, finalement, elle ne va pas épouser son fiancé Tae Jin Han.
La nouvelle fait l’effet que vous imaginez. La mère de Hae Young craque complètement, dépassée par les événements alors qu’elle se préparait à ces noces avec tellement de joie. Le père, quant à lui, les jambes un peu coupées, se résout à informer l’entourage de la famille que les épousailles ne se dérouleront pas comme prévu le lendemain. Quant à Hae Young elle-même, ma fois, elle a l’air d’osciller un peu ; elle est un peu dans un état second, mais acculée par sa mère, elle s’avère défendre avec véhémence sa décision. Et d’ailleurs quelque part ça tombe sous le sens : si elle ne supporte même plus de poser les yeux sur son fiancé, l’épouser serait une mauvaise décision. Bien-sûr sa mère est trop aveuglée par l’humiliation pour se ranger à son avis dans l’immédiat.
Les semaines passent et un mois plus tard Hae Young semble devenir la trentenaire célibataire gentillement dysfonctionnelle qu’on aime à nous présenter dans les séries : elle galère à son boulot (où son insupportable patronne n’hésite pas à la railler pour cette histoire de noces annulées… ainsi que pour tout ce qui lui passe d’autre par la tête), elle galère à la maison (où l’ambiance est très tendue avec sa mère, laquelle a du mal à digérer les commérages du voisinage sur cette fameuse annulation), elle galère en amour (elle se rend à contre-cœur à un rendez-vous arrangé avec un type qui l’insupporte, et c’est profondément mutuel…), par contre il y a bien UN domaine où elle brille, c’est dans la consommation d’alcool avec sa meilleure amie Hee Ran. Enfin, elle ne se distingue pas par son élégance, mais on ne peut pas lui enlever qu’elle a une bonne descente. Et lors de ces beuveries nocturnes, Hae Young n’hésite pas à faire savoir à quel point elle est contente de ne pas s’être mariée, même si elle aimerait bien que par ailleurs on lui lâche les baskets avec cette histoire. Après tout elle n’a pas planté le type devant l’autel, ç’aurait pu être pire, non ?!
Sauf que sur la fin du premier épisode, il apparaît que derrière cette assurance dont la jeune femme aime à faire montre, se cache une fragilité : c’est son fiancé Tae Jin qui a annulé le mariage, et humiliée autant que surprise, Hae Young a demandé comme ultime faveur qu’au lieu d’être plaquée ainsi, elle puisse dire que c’est elle qui a décidé de ne pas se marier. Et tout le temps où elle faisait la bravache, eh bien… pas du tout.
A l’autre bout de la ville, Do Kyung Park a des problèmes plus ou moins similaires (même si en revanche il ne boit pas du tout) : il a été planté devant l’autel par une fiancée qui n’a même jamais daigné lui donner d’explications. Un an plus tard, son meilleur ami Jin Sang l’informe qu’il a entendu dire que celle-ci était sur le point de se marier. Le culot ! Do Kyung et Jin Sang décident de venger le mariage avorté et de détruire la vie du fiancé, nommé Tae Jin Han (chose qu’au passage la série nous présente comme la plus grande des évidences mais admettons) ; ils se sont donc arrangés pour qu’un scandale éclabousse le jeune homme, qui, acculé sur un plan financier mais aussi judiciaire, a fini par rompre ses fiançailles. Depuis lors, Do Kyung passe toute son existence à s’intéresser aux sons, puisqu’il est sound director et que sa tâche est précisément de veiller à la bande sonore des films produits par sa mère. Bien-sûr, je ne nierai pas que Do Kyung est un homme très précis et attentif au moindre détail, mais il ne fait pas grand doute que son tempérament infernal (qui pousse tout son entourage professionnel à le craindre) n’est pas dû qu’à son professionnalisme.
Récemment, Do Kyung a commencé à expérimenter de drôles de sensations, et elles ne risquent pas d’être dues à l’alcool : il a comme une sorte d’impression de déjà vu. Sauf qu’il a cette impression AVANT qu’un événement se produise ! C’est comme si… il avait… peut-être… des visions prémonitoires ? Est-ce seulement possible ?! Et ces visions ont presque toujours un rapport avec une étrange jeune femme qu’il ne connaît pas, mais dont nous, spectateurs, avons compris qu’il s’agit de Hae Young Oh.
Le point d’orgue de l’épisode est atteint quand Ddo! Oh Hae Young révèle, et c’est là que se trouvent les spoilers, un détail à la fois tragique et absurde : la fiancée qui a planté Do Kyung devant l’autel s’appelle Hae Young Oh. Sauf que celle qui a plaqué Do Kyung n’est pas la même que celle qui était sur le point d’épouser Tae Jin : IL Y A DEUX HAE YOUNG OH ! …Et ils ont gâché la vie de la mauvaise Hae Young Oh, du coup. ‘Zavez suivi ? Nan mais je sais, c’est tordu.
Bien-sûr l’explication de ce quiproquo ne nous donne pas toutes les clés de l’intrigue. Le fait qu’il existe deux Hae Young en ville n’explique pas pourquoi Do Kyung expérimente des visions prémonitoires, par exemple. Mais cela donne quand même une idée de ce qui va propulser les personnages l’un dans la vie de l’autre à partir des épisodes suivants.
Ce qui m’a plus dans cet épisode d’exposition, et qui a des chances de s’amenuiser par la suite hélas, reconnaissons-le, c’est que les deux personnages principaux n’ont quasiment pas d’interactions. Cela permet d’obtenir deux très beaux portraits de trentenaires avec toutes sortes de problèmes, certains plus pesants que d’autres. Hae Young, en particulier, est passionnante à suivre : elle est grande gueule mais sa vie s’est écroulée autour d’elle. La voir finalement s’écrouler vers la fin de l’épisode a été un moment très poignant, ce qui est d’autant plus surprenant que je n’avais passé qu’une heure sur Ddo! Oh Hae Young ! Et même s’il y a une part indécrottable de clichés typiques du genre dans la façon dont elle est écrite (elle trouve le moyen de se péter le bras et se faire détruire le nez dés le premier épisode parce qu’elle est frappée du syndrome de la « maladresse adorable » autant que de la guigne la plus absolue), l’héroïne se révèle très vite attachante. Il faut préciser que son interprète déploie énormément d’efforts pour sortir du cliché et se montrer profondément humaine en toutes circonstances, même quand elles se prêtent plus à la plaisanterie.
De son côté, Do Kyung est un peu plus monolithique (ce qui en soi est également un cliché du genre pour les personnages masculins, il est vrai) mais sa souffrance est palpable et c’est assez intéressant de le voir passer de la seule expression possible d’une émotion (la colère, généralement exprimée au travail et de façon violente)… à une douleur sourde qui prend les traits d’un comportement apathique. Et le résultat est vraiment réussi, quand bien même il n’est pas forcément aussi saisissant que celui qu’accomplit la storyline de Hae Young dans ce premier épisode.
C’est cette émotion intense qui fait vraiment le charme de Ddo! Oh Hae Young. On forme rapidement une connexion avec ces deux personnages, ainsi qu’avec quelques autres comme la mère de Hae Young qui, bien que dépassée par les événements et heurtée dans sa position sociale au sein de son petit microcosme, n’est pas une mauvaise bête et a quelques (courts) instants de grâce dans cet épisode. Quant à la patronne de notre héroïne, elle n’a pas grand’chose à se mettre sous la dent (trois scènes à tout péter) mais on la sent à fleur de peau et complexe quelque part derrière ses lunettes à épaisse monture de designer et son attitude rentre-dedans ; peut-être que la bravache qu’on trouve chez Hae Young est aussi planquée derrière l’attitude outrancière de cette quarantenaire. J’ai envie de le découvrir, si c’est le cas.
Ainsi, même si les ingrédients de départ de Ddo! Oh Hae Young sont un peu tirés par les cheveux, puisqu’ils reposent sur un concours de circonstances exagéré (m’enfin, quelle idée de gâcher la vie d’un type qui n’a rien fait juste sur la base de commérages sur le nom de sa fiancée !), le premier épisode démontre rapidement que sur le plan émotionnel, la série a beaucoup à offrir. Et du coup je ne doute pas du tout des captures qui ont circulé sur ma timeline : leurs promesses me semblent avoir de grandes chances d’être tenues.
Bien-sûr pour ça il faudra survivre à une romcom, mais pour des personnages tellement humains avec lesquels je forme si rapidement une connexion, honnêtement, ça me semble faisable. Et dans le pire des cas, il restera toujours à se régaler des scènes truculentes pendant lesquelles l’équipe des studios enregistre toutes sortes de sons pour des films, ce qui offre quelques scènes hilarantes ; je me dois d’ailleurs de préciser que Ddo! Oh Hae Young est beaucoup plus humoristique que ce que les intrigues des deux personnages centraux ne laissent penser.
Bon, j’ai la série… d’ici quelques jours j’aurai tous les épisodes (c’est si pratique pour les marathons de tomber sous le charme d’une série quant elle finit !). Ne reste plus qu’à trouver le temps.