Death valley

23 mai 2016 à 10:11

Est-ce la fin de la route pour Mick Taylor ? Le tueur en série des deux films Wolf Creek est en effet de retour, cette fois dans une série de la plateforme de VOD australienne Stan… mais cette fois non seulement la police est sur sa piste, mais aussi l’une de ses victimes.
Wolf Creek, lancée ce mois-ci, nous promet donc un retour à l’horreur de la franchise cinématographique, mais aussi une enquête sur fond de revenge drama, tout ça en 6 épisodes seulement !

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Alors comment on s’organise pour caser autant de choses dans un épisode d’exposition ? Bah on bâcle un peu, en fait.

Par exemple, ce qui a fait la notoriété des films Wolf Creek (c’est-à-dire les meurtres) se limite à une seule scène de cet épisode. Certes c’est un peu gore, mais on n’en sort pas non plus profondément bouleversé. D’autant que, pour ceux qui n’auraient pas vu les films et ignoreraient donc à quoi ressemble le tueur, la musique et la mise en scène font un travail lourdingue pour appuyer sur la dangerosité du personnage et l’imminence de la catastrophe : côté jump scare, on repassera, du coup.

Le reste de cet épisode introductif ? Il va franchement ne pas mener très loin, ce qui est assez irritant vu qu’on n’a pas non plus l’éternité devant nous. Six épisodes et on s’arrête sur des conversations interminables pendant lesquelles le seul témoin tente de convaincre un policier déjà convaincu de mener l’enquête ? C’est assez insupportable de vide.
Si j’en crois le matériel promotionnel de la série, cette victime va devenir chasseuse, et c’est une idée intéressante pour renverser la dynamique des films, mais on aimerait bien dans ce cas que la série ne perde pas son temps à la voir (en short minimaliste, bien-sûr) circuler d’une scène à l’autre sans vraiment faire grand’chose. Et le pire c’est que même en lui collant ainsi aux basques, on n’a pas vraiment l’impression de ressentir son traumatisme tant les scènes sont banales. En tous cas il faut vraiment attendre la toute fin de cet épisode inaugural pour qu’elle semble décidée à entrer en action plutôt qu’à parler de le faire.
Il y a des choses qu’un premier épisode ne peut pas faire, ou pas bien : détailler la psychologie des personnages, par exemple, n’est pas à la portée de tous et très peu de séries parviennent à faire dans la nuance dés leur première heure. Mais ici on est face à une jeune femme qui n’existe que par le drame qu’elle a vécu et son background d’ancienne addict (ce qui a surtout été l’occasion de me faire penser à Recovery Road, en fait), un flic qui n’existe que par sa fonction et ne trahit aucun trait de caractère ni particularité, et même un tueur dont on sent bien qu’il tue pour une bonne raison, mais pour lequel on ne donnera pas un indice sur la nature de cette raison. Et du coup on se retrouve dans une série où on a l’impression que les personnages font ce qu’ils font parce que le scénariste a décidé, et pas parce qu’il y a une réflexion sur la personnalité, les motivations, la vie intime.

Le résultat c’est que Wolf Creek ne choque pas vraiment, mais n’interroge pas spécialement ses personnages non plus. Et si son intrigue prend le tour d’un revenge drama, il y a peu de chances qu’à terme, la série surprenne : notre victime va chasser puis décimer le tueur après une confrontation finale, et on n’en parlera plus. La série a d’autres options devant elle, bien-sûr, que cette fin cliché ; mais on peut douter qu’elle ait les ressources nécessaires pour sortir des stéréotypes du genre. Et le pire c’est que, chemin faisant vers ce final prévisible, elle ne met pas non plus en place les outils qui lui permettraient de raconter cette histoire banale de façon intéressante. Je peux comprendre, surtout dans le domaine de l’horreur, qu’une certaine forme de routine fasse partie du genre (aux USA, des séries comme Scream Queens ou Scream ont revendiqué cela, d’ailleurs), mais il faut bien qu’il y a une contrepartie, quelque chose qui rende cette fiction unique et non interchangeable, même si elle fait le choix de sacrifier aux standards du genre. Pun not intended.

Alors après, je ne nie pas que Wolf Creek est tournée assez splendidement dans l’outback australien et qu’il y a quelques prises de vue superbe, mais je suis désolée, il m’en faut un peu plus pour m’enthousiasmer.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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