Écoutez, je vais être franche avec vous : je ne vais pas à Séries Mania pour la fiction française. Les mauvaises langues diront que je ne vais nulle part pour la fiction française, et ils auront en grande partie raison, mais c’est pas une raison pour être désobligeant. Rien n’est une raison pour être désobligeant. De toute façon, on avait dit qu’en 2016, on arrêtait de parler de « fiction française » dans ces colonnes.
Mais franchement, entre nous, pourquoi je devrais m’échiner à regarder des séries françaises au cours d’un festival qui propose des séries finlandaises ? Israéliennes ? Argentines ? …Tout ça alors que, par définition, ces séries françaises finiront par être regardables sur les écrans français, a contrario de la plupart des autres. Non, soyons raisonnables.
Et puis, vu que quand je produis un effort, je suis récompensée par un machin comme Sam, hein, je me comprends…
Donc, voilà, c’est dit, je ne vais pas à Séries Mania pour regarder des séries françaises. Pourtant, après avoir loupé la projection de l’intégrale d’Au-delà des murs (bah oui, j’ai préféré aller à Nobel !), j’ai fini par aller fouiner dans l’antre des accrédités pour au moins regarder le premier des trois épisodes de la mini-série. Histoire de dire que, quand même, j’avais tenté le coup.
Et aussi parce que l’actrice belge Veerle Baetens, aussi (vue dans Code 37, Cordon, The Team, et prochainement Tabula Rasa ; d’ailleurs cette série française a été tournée en Belgique).
Je suis sortie de mon visionnage avec une sévère envie de me donner des baffes. J’avais failli louper ça ! Quelle idiote.
Au-delà des murs commence comme une série assez classique : une jeune femme avec une attitude qui la désigne d’office comme victime (elle est notamment très isolée), une maison abandonnée depuis 3 décennies (et ça se voit !), et une ambiance glaçante (qui ne fait rien pour vous inciter à garder vos sous-vêtements secs… comme ça c’est assorti à l’héroïne).
Le premier volet de la série se lance dans une exposition extrêmement longue et remplie d’un certain nombre de clichés, mais les met en scène avec suffisamment d’intelligence pour ne jamais donner dans la gratuité ; il faut attendre assez longtemps, vers la fin de l’épisode, pour qu’on découvre ce qu’Au-delà des murs a réellement dans le ventre.
…Le problème c’est que je n’ai vraiment envie de spoiler personne, alors je ne dirai que ceci : après un démarrage conventionnel, ce premier épisode d’Au-delà des murs révèle sur son derniers tiers une identité que je n’avais encore jamais vue dans une série (en revanche, à plusieurs égards, elle m’a rappelé El laberinto del Fauno). C’est à la fois angoissant, et curieusement envoûtant. On est dans du fantastique, mais du fantastique qui ressemble à un cauchemar éveillé. Il n’y a dans Au-delà des murs, au stade de ce volet du triptyque, pas de fantôme, pas de magie, rien de ce qui constitue si souvent le propre d’une série fantastique ; on baigne simplement une étrangeté oppressante qui ne peut en aucun cas appartenir au réel, mais est aussi bien trop palpable pour être mise totalement sur le compte sur surnaturel.
Quelque chose dans les dernières minutes de cet épisode m’a fascinée, même si, au juste, je n’ai pas forcément les mots pour décrire quoi. En tous cas je suis sortie de mon visionnage d’Au-delà des murs avec une seule envie : y replonger. Alors que pourtant je suis d’ordinaire une grande peureuse devant l’Éternel ! La sensation de ne pas pouvoir tout prédire (même si certains éléments, comme le timing du testament ou les vêtements d’un personnage, donnent quelques pistes potentielles) permet aussi de me donner envie de poursuivre Au-delà des murs avec l’impression de pouvoir continuer d’être surprise par ce qu’elle dira dans ses deux épisodes suivants.
Ce n’est pas qu’un frisson de terreur qui me traverse la nuque lorsque je m’imagine finir le visionnage sur arte, c’est aussi de l’excitation.
Arf, j’aurais aimé que tu t’autorises à spoiler, parce que j’aurais adoré avoir des détails sur ton ressenti :'( Pour ma part, c’est à No-End House (2017), la saison 2 de Channel Zero, que m’a fait penser un peu cette série (même si je vois tout à fait ce qui évoque Le Labyrinthe de Pan). Pas vraiment dans le ton, ou l’esthétique, mais un peu plus dans l’idée, je suppose: No-End House a cette maison dans laquelle entrent les protagonistes, et elle ne semble pas avoir de fin, elle joue avec leur esprit, et les force à affronter leurs démons, leur passé, et pour l’héroïne, la mort de son père qui l’a traumatisée. Je n’ai pas terminé No-End House, et m’étais dit que j’y reviendrais plus tard quand j’aurais plus de temps, mais j’avais trouvé ça intéressant. Encore une fois: très différent dans l’ambiance en revanche.
Bref.
Merci encore pour le conseil 🙂