Il y a les thèmes qui attirent (quitte à orienter notre appréciation d’une série qui les emploie), et il y a ceux qui rebutent. Il s’avère que, plus le temps passe, plus je deviens réfractaire à la fiction dépeignant la prostitution.
Mon problème n’est pas tant avec la prostitution en elle-même (je reste ouverte au débat, en tous cas je le crois), qu’avec l’obsession de beaucoup de séries de montrer la prostitution sous un angle glamour et, plus dérangeant pour moi : un angle plus maîtrisé. La plupart des prostitué(e)s de télévision sont parfaitement consentantes, alors que c’est, d’après toutes les données que j’ai, la proportion inverse à la réalité. Les séries préfèrent mettre en place un univers où la prostituée choisit sa situation, ses conditions de travail, à qui elle répond, et toutes sortes de paramètres encore. Elles sont rares, les séries qui pensent à celles qui ne sont pas là par choix (trafic humain) et/ou qui sont trop prises à la gorge pour s’autoriser à réfléchir en termes de consentement, et de standards de vie en général ; je pense, naturellement, à Matrioshki, parmi les exceptions.
C’est la raison pour laquelle, en dépit d’un premier épisode relativement probant, je n’ai pas accroché à The Girlfriend Experience. C’est une fois de plus une escorte choisissant des hommes riches qui est ici mise en scène ; et si je ne doute pas que même ces conditions supposément optimales ne soient pas exemptes de difficultés potentielles pour l’héroïne, on reste quand même dans une niche du système prostitutionnel, protégée, excitante, et le moins perturbante possible. Surtout, ne pas oser la remise en question.
The Girlfriend Experience n’est sûrement pas pour moi ; d’ailleurs je n’avais pas vu le film pour une bonne raison. Je remercie donc la série de son premier épisode d’une demi-heure, et en profite pour inviter plus de séries dramatiques américaines à investir le format, qui, quoique n’ayant rien de nouveau dans d’autres pays, reste profondément sous-employé aux USA.
Je lui reconnais des qualités, soyons clairs : j’apprécie par exemple que la série passe tant de temps à détailler l’intelligence, l’ambition et le comportement professionnel de Christine. Je lui reconnais un talent certain pour créer un personnage parfois encore hésitant, mais assumant aussi un grand nombre de choses y compris sa curiosité. Et, bien que n’étant pas aussi fascinée que d’autres critiques que j’ai lus, j’admets bien volontiers apprécier la performance de Riley Keough.
Seulement voilà : quand on n’accroche pas, il ne sert à rien de forcer. J’arrête là cette Girlfriend Experience.