Il se passe plein de choses chouettes sur la télévision publique argentine, et c’est avec un plaisir non-dissimulé que cette année, l’équipe de Séries Mania nous propose deux séries à son programme : Cromo et El Marginal.
On reviendra sur Cromo en fin de festival (je vais à la projection de vendredi), mais le visionnage hier soir d’El Marginal en fait d’ores et déjà l’une de mes grandes favorites de ce festival. Vous n’ignorez pas, certes, que les séries carcérales sont souvent ma came…
Cependant, El Marginal va plus loin qu’une simple série carcérale : c’est aussi un thriller. Ici pas d’enquête à proprement parler, mais une mission : le juge Lunatti fait appel à un ancien flic qui purge désormais une peine de prison, Miguel Dimarco, et propose de commuer sa peine s’il parvient à lui ramener sa fille adolescente, Luna, kidnappée récemment. Il sait d’ores et déjà que ce sont des prisonniers de San Onofre qui sont à l’origine de cet enlèvement, aussi il a besoin d’un homme à l’intérieur des murs.
San Onofre, c’est la jungle, concrètement. Ici la prison est abandonnée, pour l’essentiel, aux prisonniers, qui s’organisent selon leur propre système. Et même si officiellement l’établissement dispose d’une administration supervisée par un directeur, la hiérarchie interne de la prison a plus de poids : les frères Borges, et en particulier Mario, font la loi entre les murs. Ce sont justement les Borges qui ont capturé la jeune Luna Lunatti (…oui, la série est consciente de ce qui se passe avec ce nom).
Après que le juge ait créé artificiellement les circonstances d’une crime odieux (Miguel se réveille entouré de cadavres avec la police en bas de l’immeuble : il est accusé d’un double homicide qui justifie de l’envoyer à San Onofre), notre héros est désormais seul dans la prison, et doit se débrouiller par ses propres moyens pour découvrir où Luna est retenue captive. Sa liberté en dépend, paradoxalement.
Évidemment à son arrivée, les choses ne sont pas simples. Il doit très vite se faire respecter, et se fait rapidement remarquer par Morcilla, le sbire des Borges qui supervise la section de la prison où il a atterri, ainsi que par un groupe de jeunes prisonniers qui refusent l’autorité des frères Borges. A acharge pour Miguel, devenu « Pastor », de rester en vie suffisamment longtemps pour clarifier cette affaire d’enlèvement et décrocher la remise en liberté promise par le juge. A force de se battre, de ruser, d’utiliser les rouages de la prison à son avantage… il a peut-être une chance. Peut-être. Mais à quel prix ?
Ce qui est fantastique dans El Marginal, c’est que, pour dure que la soit la série, elle n’oublie pas d’être divertissante, et même de ponctuer son intrigue d’un humour bienvenu. Le résultat est absolument jubilatoire. Ce n’est pas très gai, mais ce n’est pas déprimant non plus. On retrouve de nombreuses caractéristiques typiques de la série carcérale, sans pour autant se contenter d’enfoncer des portes ouvertes. Et, progressivement, on se régale des complications. Pour avoir vu le deuxième épisode hier soir, je vous garantis que les dangers ne viennent pas tous de l’extérieur, loin de là… En outre, le personnage de Luna, qui apparaît d’abord comme une victime-objet, semble avoir de plus en plus de potentiel à mesure qu’avance la série. Mais je vous le dis sans garantie : les épisodes d’El Marginal sont toujours en production ! La série sera proposée par la télévision argentine cet été…
Personne en France, je le crains, n’aura le cran de l’acheter ; alors déplacez-vous mercredi pour la deuxième projection, c’est dans votre intérêt.