Impuissant, Daniel Parodi, un flic en fin de carrière, a assisté à la mort de sa fille. Kidnappée par des ravisseurs qui avaient exigé une rançon, la jeune fille a en effet été exécutée de sang-froid. A deux mètres de là, face à eux, bien visible et gesticulant pour signaler sa présence, Parodi arrivait pourtant avec l’argent dans les mains.
Mais ils n’ont jamais été intéressés par l’argent.
Le temps a passé mais Daniel Parodi ne s’en est jamais vraiment remis. Et lorsqu’il apprend, le jour anniversaire de la mort de sa fille, que celui qui avait été incarcéré pour meurtre est libéré sur parole, son sang ne fait qu’un tour. Depuis qu’il a découvert la cruauté pure des kidnappeurs, Parodi lui-même n’est que colère et soif de revanche. Mis à l’écart par sa hiérarchie, il a qui plus est tout le temps du monde pour être obsédé par ce crime ; dans une petite librairie d’un quartier modeste de Buenos Aires, il a créé son propre QG, d’où il surveille les faits et gestes de ceux qu’il soupçonne. Il est aidé par son vieil ami le libraire, ainsi qu’un jeune homme doué en informatique.
Car, pour reprendre la comparaison faite dans le premier épisode de Malicia, les responsables de la mort de Laura sont comme des chats qui ont décidé de jouer avec la souris juste par plaisir de la torturer. Ils continuent à faire à Parodi la démonstration de leur emprise.
Malicia propose, en toute sincérité, un premier épisode oscillant entre le confus et l’énigmatique, ce qui a autant d’avantages que d’inconvénients. La mini-série argentine propose une entrée en matière quasiment dépourvue d’exposition à proprement parler ; je suis par exemple incapable de dire comment et pourquoi Parodi a élu de s’installer dans la librairie en particulier, et ce qui a motivé ses deux comparses à l’aider dans sa quête de vengeance-slash-justice. Les personnages qui gravitent autour de lui sont, d’une façon générale, peu voire pas introduits, à l’instar de la procureure, dont j’étais initialement convaincue qu’elle était son ex-femme et mère de Laura, avant de réaliser que non, c’est juste une conclusion que j’ai tirée sans élément concret. Mais quand on nous donne si peu sur quoi s’appuyer en tant que spectateur, il faut admettre qu’on est vite tenté de bricoler de notre côté.
Cette imperméabilité a cependant un bon côté : on se plonge immédiatement dans l’ambiance de Malicia sans vraiment laisser le cerveau s’allumer ; ce sont les émotions qui dominent, l’absence de sens et d’explications, et finalement ça colle parfaitement à l’état d’esprit de Daniel Parodi.
Très lentement, Malicia va aussi nous présenter d’autres aspects de l’intrigue, et notamment ceux dont on imagine aisément qu’ils sont les commanditaires de la mort de Laura. Ce n’est pas vraiment l’objet principal du premier épisode, mais ces éléments sont là pour mettre immédiatement les choses au clair : on est confrontés à un crime qui dépasse ce à quoi on est habitués. Les mots « sadique » et « psychopathe » viennent à l’esprit.
On n’a aucune idée de pourquoi Parodi est la cible de cette cruauté ; étant donné que les épisodes de ce thriller durent 30 minutes, il vaut peut-être mieux ne pas aller si loin tout de suite, et installer l’ambiance d’abord. En tous cas, pas certain qu’on ait besoin d’avoir cet élément en main pour mesurer l’horreur.
Dans Malicia, la mort est partout, omniprésente ; pour certains elle est un fardeau ; pour d’autres, on dirait un jeu. C’est assez glauque à regarder, parfois étouffant, pas exactement le genre de thriller à haute tension auquel on est souvent habitués, mais ça marche.
Je termine sur un corollaire : du côté de la télévision sud-américaine, l’accès va peut-être (ENFIN !) s’améliorer. Au moins un peu.
La plateforme de streaming britannique Walter Presents, qui dépend de Channel4 et a été lancée ce mois-ci pour se spécialiser dans la télévision du monde (je l’aime déjà ce Walter !), vient en effet de faire l’acquisition de séries venant de l’un des continents les plus sous-estimés du moment ! A des séries européennes comme Deutschland 83, Mammon, Cenk Batu (de la franchise Tatort), Les hommes de l’ombre ou encore Heartless, vont donc s’ajouter dans le catalogue de notre voisin des séries venues des brésiliennes Globo et SpaceWoW, ainsi, et là c’est vraiment génial, que des séries de HBO Latino (dont les fictions viennent du Brésil… mais aussi du Mexique ou d’Argentine). Ces séries sont au nombre de 6 : Malicia donc (originaire d’Argentine sur la chaîne publique Siete, mais proposée au Brésil par SpaceWoW), ainsi que (fdp), Sr. Ávila, Prófugos, Magnífica 70 (l’ancêtre de The Deuce !) et la série de Globo Dupla Identidade ; j’ai parlé de toutes ces séries sud-américaines par le passé alors n’hésitez pas à aller chatouiller les tags pour en savoir plus ! D’autres séries devraient suivre, notamment chiliennes (et côté européen on y trouve bientôt Blå Ögon, Clan ou encore Penoza).
Tout cela en VOSTA, donc pardon, ça commence à valoir le coup de se pencher sur l’ami Walter. Il y a fort à parier que toute personne équipée d’une Volonté Particulièrement Notoire pourra voir ces séries avec peu d’efforts.
Voyez, en vous parlant de Malicia, je ne fais donc pas que titiller votre curiosité téléphagique : je vous apporte aussi d’excellentes nouvelles en matière de découverte. Parce qu’on n’est pas que méchanceté pure, nous autres téléphages, au moins.