Si j’ai des vagues souvenirs d’avoir repéré des diffusions de Moesha sur M6 (et encore, c’était peut-être une autre chaîne) en des temps reculés, je suis incapable de dire si Brandy y était d’un quelconque intérêt. C’est donc avec l’esprit ouvert que j’ai abordé Zoe Ever After sur BET, d’autant que la chaîne a plutôt bien géré son offre de fictions ces derniers temps, entre la diffusion de Being Mary Jane (renouvelée cette semaine pour une saison 4, d’ailleurs) et la co-production de The Book of Negroes. A partir de là pourquoi douter ?
Bah peut-être que j’aurais dû faire mes devoirs et constater que Brandy Norwood est une piteuse actrice, pour commencer.
Sans aller jusqu’à prétendre qu’elle gâche ainsi un excellent matériau d’origine (on va y revenir, n’en doutez pas), l’actrice va passer son temps à faire des moues par pur principe, sans s’apercevoir que la moitié du temps, elle réagit à quelque chose qui n’a pas encore été dit, voire même, fournit une expression qui n’a rien à voir avec la conversation en cours. Cela ajouté à un besoin constant de surjouer (qu’elle partage avec la plupart du cast, il est vrai) et de se mettre à hausser la voix sans raison, ça fait vite un peu lourd à digérer. Zoe Ever After est supposé nous raconter comment Zoe est une femme à la croisée d’un chemin : les papiers de divorce avec son ex ne sont toujours pas signés, et même si elle le voudrait, dans le même temps il lui est difficile e passer à autre chose. Une émotion, fut-elle minime (il s’agit quand même d’un sitcom), devrait se loger quelque part dans les grands gestes et les répliques bidons. Mais rien à faire : avec Brandy qui croit que changer d’expression toutes les 10 secondes montre en main, on ne peut pas prendre Zoe Ever After au sérieux.
Encore que notez bien que je ne dis pas que c’est uniquement sa faute. C’est aussi très mal écrit, ce qui est assorti mais d’autant plus insupportable. Les scènes ne contiennent pas réellement de gags, ou alors il faut supposer que la simple présence d’un personnage gay stéréotypé, ou le fait qu’un entrepreneur du bâtiment ne sache pas bien lire, sont suffisants pour rire. Oui, c’est le genre de niveau des passages où la production de Zoe Ever After a jugé bon de plaquer des rires enregistrés (Tyler Perry style, pour être claire). Et quand ce n’est pas ça, c’est juste le fait que Brandy s’énerve (contre son ex, contre son assistant, contre l’entrepreneur) qui apparemment est drôle. On ne sait pas trop pourquoi c’est drôle.
Sans même parler de ça, le déroulé de l’épisode n’a pas de sens. C’est écrit sans réfléchir une seconde aux motivations des personnages ou à l’influence de l’action sur eux ; non pas au sens profond, mais même de façon immédiate. Par exemple dans le premier tiers du pilote, le fils de Zoe décide de faire une fugue. Les deux autres tiers de l’épisode seront consacrés à… euh, ne pas chercher le gamin. Soit-disant Zoe et son futur ex mari Gemini sont très inquiets, mais ils vaquent à leur vie comme si de rien n’était. Gemini finit même par organiser une soirée super romantique sur la fin de l’épisode, et tous deux finissent par partager un moment tendre sur le balcon, comme si ça ne faisait pas au moins 8h que leur gamin avait disparu dans New York. Le gamin reparaît comme une fleur à l’issue de tout ça, et personne ne lui pose la moindre question sur où il était ni quoi que ce soit. Rien. A. Péter.
Ce genre d’écriture flemmarde, et qui ne cherche finalement qu’à suivre un fil fragile d’une vague intrigue conçue en tirant des idées de scènes dans un chapeau, peut difficilement charmer.
Le résultat est donc très piteux, et on ne vous reprochera pas de ne pas y glisser un oeil. Surtout que comme j’ai eu l’occasion de vous le dire, ce ne sont pas les alternatives qui manquent. Que ma souffrance guide vos choix téléphagiques, en attendant le retour de Being Mary Jane, et les projets suivants de BET comme Madiba (le biopic sur Mandela avec Laurence Fishburne).