Décembre était un mois chargé pour SyFy. La chaîne américaine a sorti l’artillerie lourde afin de montrer toute l’étendue de son pouvoir : de la science-fiction sociale et sérieuse (The Expanse, murmura-t-elle en se prosternant), une adaptation très grand public d’une œuvre classique (Childhood’s End, avec les résultats qu’on connaît), et du fantastique lorgnant sur la fiction YA (The Magicians, je ne vous mets pas de lien vers la review parce que vous y êtes). Voilà, si après ça vous pensez toujours que SyFy ne sait plus produire que des sequels à Sharknado, on ne peut rien pour vous.
L’avantage c’est que chacun va trouver la fiction qui lui sied dans ce panorama assez large, surtout si on inclut les productions ou co-productions canadiennes qui ont jalonné l’année de SyFy, à savoir Dark Matter et Killjoys. Et l’inconvénient… en fait, pour être honnête, je ne vois pas d’inconvénient à l’heure actuelle ! A moins de détester avoir le choix et de trouver répugnant les efforts d’un network spécialisé pour revenir à ses premières amours, il n’y a vraiment aucune raison de se plaindre ; après tout en télévision, surtout à l’heure actuelle, la question n’est pas tant de déterminer si toutes les productions sont de qualité équivalente. Non, l’essentiel, c’est qu’on ait le choix et que chacun trouve au moins une série qui lui sied. Dans ces conditions, si The Magicians ne m’a pas tellement captivée, je m’en remets plutôt facilement. Je présume que les fans de la saga Harry Potter (dont la plupart doivent précisément être dans la tranche d’âge des protagonistes de la série) vont être ravis, et je m’en vois ravie par procuration.
The Magicians se déroule donc dans un univers où la magie existe, et où une institution secrète, le Brakebills College for Magical Pedagogy, recrute de nouveaux élèves par un étrange procédé : en arrivant dans leur vie par surprise, et en leur faisant passer un examen pour lequel il n’ont jamais eu à réviser. Ce qui est, osons le dire, à la fois le fantasme et le cauchemar de cette tranche d’âge. Il est ainsi décidé de leur potentiel plus que de leurs capacités, et c’est précisément ce qui ouvre les portes de Brakebills à Quentin, un jeune homme à la santé mentale fragile qui se voit ainsi recruté. Hélas, son amie d’enfance Julia, bien qu’ayant un temps partagé avec lui un intérêt certain pour l’occulte, ne réussit pas ce cruel examen, et les voilà désormais à vivre deux existences : l’un dans le supernaturel, l’autre engluée dans le réel. Bien trop réel.
C’est un aspect fort du premier épisode de The Magicians, qui bien-sûr met en place une dynamique bien particulière vers la fin de l’épisode, mais qui dans l’intervalle montre bien comment la magie agit sur le psychisme de ceux qui s’y intéressent. Ne pas s’y consacrer entièrement conduit à l’échec, mais s’y consacrer entièrement n’est pas pour autant une garantie de vivre mieux. La passion pour la magie consume beaucoup de personnages de cet épisode d’exposition, d’une façon comme une autre ; la façon dont Julia aura le sentiment d’avoir raté une « vocation » qu’elle pensait ne plus avoir jusqu’au passage de l’examen, et à l’opposé du spectre, la satisfaction de Quentin de pouvoir vivre son rêve qu’il pensait irréalisable, sont deux faces d’une même fascinante pièce. Qui aurait pu être plus fascinante encore si Julia n’avait appris en fin de pilote qu’on n’est pas obligé de passer par Brakebills pour apprendre la magie.
En-dehors de cette dynamique, on ne peut pas dire que The Magicians fasse autre chose que faire disparaitre des portes ouvertes. La mise en place de « gentils » et de « méchants » est pour le moment assez simpliste, les personnages secondaires sont caricaturaux, et les enjeux posés se dévient pas énormément des standards du genre. L’impression constante que la série essaye d’inclure des ingrédients sombres voire glauques, tout en ménageant un côté grand public et facile à appréhender (soit le propre des franchises YA à succès du moment) n’aide pas vraiment à la prendre au sérieux ; je n’ai pas regardé le premier épisode de The Magicians en me disant que la série allait me proposer quelque chose d’original. Ce n’est clairement pas son but et ça se respecte, dans le fond.
Comme je le disais, je n’ai pas besoin d’être absolument charmée par ce que tente d’accomplir la série, j’ai des solutions de repli sur SyFy. Et je confesse n’avoir pas spécialement raffolé du peu que j’ai vu de Harry Potter non plus ; c’est donc sans surprise que je passe le relai à d’autres pour suivre et apprécier The Magicians.