Cold sweats

19 décembre 2015 à 19:25

Je m’attendais à avoir plus de mal à regarder Jessica Jones, dont j’avais tant lu qu’elle aborderait le stress post-traumatique. Je m’attendais aussi à ressentir devant l’exposition un agacement similaire à celui que j’avais éprouvé devant le premier épisode de Daredevil plus tôt cette année. Je m’attendais à m’irriter des apparences d’enquêtes auxquelles les séries de Marvel semblent tant se raccrocher.

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Bon, bah finalement, Jessica Jones passe crème. J’aurais presqu’envie qu’elle cogne plus fort. Sa façon d’introduire Luke Cage dans la franchise, par exemple, est plutôt habile et agréable, et fonctionne même comme quelque chose d’organique si on n’a pas prêté garde aux annonces casting pour la série Marvel’s Luke Cage.
En matière d’exposition, Marvel’s Jessica Jones se débrouille même plutôt bien, entrant dans le vif du sujet progressivement mais sans sacrifier à une intrigue-prétexte pour faire ses présentations, comme c’est si courant dans un pilote. L’épisode partage ainsi sa première heure entre une introduction certes classique, mais aussi une insistante bienvenue sur la psychologie de son héroïne. Elle y pénètre comme on entre dans de l’eau froide : en se mouillant progressivement, mais sans chercher à se distraire des frissons glaçants par réflexe d’essayer de se réchauffer.

Et justement, c’était là ma plus grande crainte. Parce qu’une part de moi a envie qu’une série s’intéresse aux séquelles d’un traumatisme, passe du temps dessus, détaille les conséquences comme les mécanismes. Mais parce qu’une autre part de moi n’est pas sûre d’être capable d’encaisser une série qui s’attaquerait à ces thèmes. Marvel’s Jessica Jones a là encore trouvé un juste milieu, s’offrant de nombreuses scènes pendant lesquelles son personnage abimé tente de naviguer à vue dans une vie qui semble lui échapper, sans pour autant tourner au cauchemar pour le spectateur. Trice, en l’occurrence. Qui craignait de se reconnaître un peu trop, et qui est soulagée de ne pas… mais quand même un peu déçue : c’est un jeu auquel on ne peut pas vraiment gagner de toute façon.
J’arrive à regarder Jessica Jones se débattre avec sa relation à son sommier, et à y trouver une réfection de mes propres difficultés, mais j’ai aussi ce qu’il faut d’opportunités de ne pas me reconnaître en elle pour survivre au visionnage. J’aime que le monstre de la série soit quasiment invisible dans le premier épisode, et que seule transparaisse son emprise. C’est à la fois une façon de refuser la facilité, et de ne pas me soumettre immédiatement à des choses atroces. J’ai peur pour les personnages, parce que j’ai le vague sentiment de comprendre ce qu’ils vivent, j’arrive à ressentir leurs sueurs froides, mais pas au point de me sentir émotionnellement en danger.

Jessica Jones est la première série de Marvel que j’aie envie de suivre par-delà son premier épisode, et c’est plutôt bon signe. Je ne sais pas encore si je saurai aller jusqu’au bout de sa saison ; peut-être que l’envie va me quitter progressivement lorsque l’un ou l’autre de ces facteurs va évoluer. D’ailleurs sur ces bonnes paroles, je m’apprête à lui consacrer le reste de mon weekend.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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