Puisqu’aujourd’hui je trie mes archives, poursuivons avec un autre pilote dont j’aurais dû parler il y a plusieurs mois : celui d’On The Couch, une comédie irlandaise qui se déroule sur le divan d’un ou une psy. Et ce très littéralement : l’intégralité des épisodes se résume à un plan, focalisé sur les deux personnes assises face à un (ou une) thérapeute dont la mission est de les aider dans leur relation de couple.
Le concept n’est pas absolument nouveau, mais il évoque un intéressant mélange entre la formule thérapeutique de BeTipul (il faut noter que l’Irlande n’en a pas eu d’adaptation) et l’idée d’Adam et Eve (pour le meilleur comme pour le pire), tout en utilisant le principe d’unité de lieu (et ses conséquences dramatiques) qu’on pouvait trouver dans The Booth at at the End. L’évocation de la comédie québécoise Adam et Eve est due en particulier au fait que les 3 couples apparaissant à l’écran sont interprétés par les deux mêmes acteurs, affublés de perruques : Barbara Bergin et Gary Cooke, qui sont également les co-créateurs et co-scénaristes de la série. En prime, Bergin est également la réalisatrice, même si le mérite n’est pas démesuré vu la tête qu’a l’épisode.
On The Couch est donc le genre de projet peu onéreux qui est facile à produire, facile à écrire, facile à tourner, et relativement facile à regarder de par la banalité de ses ressorts et de ses thèmes. Un projet parfait pour une petite chaîne irlandaise sans le sou, donc ; d’autant qu’On The Couch était la première tentative de comédie originale de TV3.
La question est donc de savoir non pas ce qu’On The Couch propose, mais comment. Et certaines « intrigues » sont clairement plus dignes d’intérêt que d’autres, même si your mileage may vary.
Ainsi, Dudley et Sylvia Gibbons viennent suite à une affaire extra-conjugale qui, à quelques semaines de leur anniversaire de mariage, a manqué de les séparer pour de bon ; Carmel et Brendan Curtin se découvrent des problèmes sexuels, qui apparaissent alors que pour la première fois depuis des décennies de mariage, Carmel n’est plus obèse ; quant à Graeme et Moya Paor-Cullen, ils forment un couple très chic de parents permissifs qui ont entrepris de consulter après que l’un de leurs nombreux enfants ait agressé violemment un camarade, et l’ait plongé dans le coma.
Le premier épisode d’On The Couch n’est pas simplement introductif : comme beaucoup de séries à base de thérapie, il est en permanence dans l’exposition par la parole, et passe donc de très longs moments à poser à la fois des faits et des non-dits. C’est le genre qui veut ça. Le problème est que le choix initial de la série (et notamment ce fameux plan fixe sur le canapé) rend les choses un peu soporifiques par moments. Pire, les personnages parlent énormément pour ne rien dire : Dudley Gibbons, par exemple, aime beaucoup s’écouter parler (mais écoute beaucoup moins son épouse), Carmel Curtin a besoin de décrire son mal-être en profondeur mais répète constamment la même idée, et les Paor-Cullen sont trop imbus de leur personne pour s’autoriser la moindre introspection, absorbés qu’ils sont dans l’auto-légitimation de leurs décisions éducatives. Le résultat donne un épisode beaucoup plus rébarbatif qu’il ne devrait être ; là où une bonne série de thérapie alterne les tons, faisant osciller ses personnages entre le signifiant et le signifié (l’émotion provenant du basculement de l’un à l’autre), On The Couch se limite à l’un sans jamais aller jusqu’à l’autre… sauf quand il est temps d’arriver à la fin de l’épisode et qu’il faut vite trouver une conclusion. C’est assez désagréable.
En outre, on ne peut pas dire qu’On The Couch soit hilarante, et c’est sûrement son plus gros problème car tout son humour repose sur les perruques, les costumes, les attitudes (généralement surjouées ; vous commencez à comprendre pourquoi elle me fait tant penser à Adam et Eve). Une fois qu’on a compris qui étaient les personnages et ce qui les animait, il ne vient rien s’ajouter de drôle à ce qu’ils disent, à la façon dont ils interagissent ensemble ou même avec leur thérapeute. A défaut de dire des choses fascinantes, ç’aurait été une bonne ressource pour la série que de se souvenir qu’elle devait faire rire, mais rien à faire, le cas est désespéré.
Le pire c’est que je m’aperçois en faisant mon tri que j’ai en fait récupéré toute la première (et unique) saison d’On The Couch. D’un côté : j’aime pas gâcher. Mais de l’autre, je ne m’imagine pas regarder les 6 épisodes. Et quand on renâcle à regarder une série qu’on a obtenue intégralement, facilement et gratuitement, c’est mauvais signe.