Dans ma besace aujourd’hui, il n’y a pas que des vieilleries : Club de Cuervos a démarré cet été sur Netflix, ce qui veut dire que je n’ai repoussé le visionnage de ce premier épisode que de quelques mois. Permettez que je m’administre une petite tape sur l’épaule : par rapport à d’autres séries reviewées aujourd’hui, sur lesquelles je peux avoir jusqu’à une décennie de retard, c’est plutôt pas mal.
J’ai l’impression de passer mon temps à courir après les séries sud-américaines : à essayer de les voir (en festival), ou à récupérer la dernière série de HBO Latino en date (en VOSTM), mais à rater la plupart de celles que je voudrais regarder. Et regarder en les comprenant, par avance merci. Pourtant celles qui nous parviennent ne me convainquent pas toujours, ou ne m’attirent que très modérément ; Club de Cuervos, à l’instar de (fdp), parle ainsi de football, et très franchement, je me porte mieux quand je ne regarde pas de football.
Donc aujourd’hui, double B.A. : je rattrape mon retard ET je rattrape mon retard sur la télévision sud-américaine, fût-elle produite par Netflix.
A l’origine de Club de Cuervos, il y a, comme dans toutes les grandes dramédies ou presque, un décès : celui de Salvador Iglesias, le président d’un petit club de foot, le FC Cuervos. Il laisse derrière lui une ville entière de fans éplorés, ainsi que deux enfants, chacun d’une mère différente : l’aînée, Isabel, passionnée de foot mais également dotée d’une grande ambition, et le benjamin, Salvador Junior dit « Chava », un petit branleur qui jusque là ne s’est intéressé qu’à son nombril (et à la coke qu’il pouvait trouver dans celui de ses voisines). Chose que personne ne savait : il laisse aussi un enfant à paraître, qui actuellement est logé fort commodément dans le ventre d’une de ses conquêtes, la bimbo Mary Luz, qui refuse un test ADN tant que l’enfant n’est pas né ; ce test décidera si la succession d’Iglesias est divisée en deux, ou en trois.
D’ordinaire, à ce stade de la review, je me racle la gorge une ou deux fois avant de vous raconter comment, derrière ce pitch simplissime, se cache en fait une série plus surprenant qu’il n’y paraît. Ahem, ahem.
…Euh, non.
Non, on a fait là le tour de l’intrigue, des enjeux et des personnages de Club de Cuervos, et très franchement, j’espérais un tant soit plus de la part d’un épisode d’exposition qui dure 42 putain de minutes. Pardon pour le langage, mais c’est décevant.
Si Club de Cuervos avait été une simple comédie d’une demi-heure, ça ne m’aurait pas posé de problème, mais on a affaire à des longueurs qui lorgnent sur la flemmardise la plus totale (avec une pincée de gratuité ; Club de Cuervos adoooore les montage musicaux). Il n’y a pas vraiment de fond derrière toute cette affaire, les personnages ne sont jamais plus que ce qu’ils ont l’air, ils n’ont même pas un revirement soapesque à nous offrir, le scénario suit proprement les pointillés sans jamais surprendre. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de bonnes blagues, mais signifie qu’il n’y a par contre à peu près que ça. Une chance que le personnage central de la série, Chava, soit incarné par un acteur plutôt solide, sans quoi on aurait envie de plier les gaules et se tirer avant la fin.
Ce qui ne veut pas nécessairement dire que Club de Cuervos est un échec, mais la série n’a clairement pas les ambitions d’autres productions de Netflix, en particulier si on la compare aux productions anglophones à ce jour (je ne suis pas sûre qu’il y ait encore une assez grande diversité d’offres locales pour établir des comparaisons fermes… mais on y vient, comme je vous le disais dans ce long article et ce court fun fact).
Évidemment ça n’a pas empêché Club de Cuervos d’être renouvelée voilà quelques jours (essentiellement parce qu’elle a été regardée en Amérique latine, un marché réputé difficile pour Netflix, mais aussi… en Amérique du Nord), parce que l’originalité et l’intérêt n’est pas toujours ce qu’il y a de plus important dans la survie d’une série, mais ça fait mal au cœur, voilà. Pendant ce temps-là je vais continuer de ruminer dans mon coin parce que je ne trouve pas les épisodes de PSI ou Magnífica 70 avec des sous-titres, et puis c’est marre. Non, non, ne me touchez pas. J’ai besoin d’être seule avec mon amertume pendant un petit moment.