George Turner est le dernier personnage en date à penser que, vu que rien ne va, il va changer de cadre de vie radicalement dans l’espoir que tout miraculeusement s’arrangera… pour découvrir qu’en fait, les problèmes le suivent et qu’il faudra quand même les résoudre. Ce n’est pas d’une originalité vibrante mais c’est, malgré tout, le pitch de 800 Words.
La dramédie est une co-production entre l’Australie (dont sont originaires ses personnages principaux) et la Nouvelle-Zélande (où ils vont s’installer), et a fait un excellent démarrage cette semaine avec 1,22 million de spectateurs australiens, le truc qu’on voit peut-être trois fois par an pour une fiction là-bas en bas. Je ne doute pas un instant que la série s’inscrive dans la tradition des dramédies feelgood de la chaîne (Seven, à laquelle on doit déjà Packed to the Rafters et Winners & Losers par exemple, dont d’ailleurs 800 Words récupère la case horaire), mais je ne suis pas convaincue que ce genre de série mérite plus de 45 minutes de mon temps ou… ma foi, 800 mots.
George a donc perdu sa femme il y a peu, et depuis son foyer est morose. Il décide donc d’arrêter d’écrire la chronique de 800 mots qu’il tient dans un journal, de vendre la maison de Sydney où ils ont tous vécus heureux jadis, et de partir pour un petit bled de Nouvelle-Zélande où il se rappelle avoir été en vacances, enfant.
Las, George est en fait un incompétent total. Déjà, il a acheté la maison sur la base de ses souvenirs et de photos vues sur internet… ce qui fait qu’il s’est en réalité trompé de maison et a acheté une bicoque qui tombe en ruines. Sans compter qu’à l’arrivée sur place, rien ne se passe comme prévu : leur voiture de location est terrassée par une sculpture locale qui lui a roulé dessus, le bateau transportant leurs affaires a coulé à pic, et même la voiture de secours a pris feu spontanément. Sans parler du fait qu’ils n’ont pas l’électricité, l’eau courante ou, ô horreur, de quoi capter le téléphone ou internet.
Dans cette débâcle, George sent bien la désapprobation de sa fille aînée, Shay, et les tentatives désespérées de son fils, Arlo, qui n’est pas convaincu mais aimerait tellement soutenir son père dans cette entreprise.
L’épisode inaugural (cette saison comptera un rachitique total de 8 épisodes) va donc nous entrainer dans cette suite de catastrophes, avec toujours la même dynamique : un événement se produit, George est penaud, Shay râle adolescentement, Arlo esquisse une moue désolée, et même joueur joue encore. Tout ça pour nous prouver à quel point George (se) raconte des histoires quand il dit qu’il a mûrement réfléchi son projet, et à quel point il est aussi paumé à l’arrivée à Weld qu’il l’était au départ de Sydney.
C’est très difficile pour 800 Words d’essayer de se trouver une identité propre dans ce premier épisode, même si vers la fin de celui-ci, l’effort deviend plus notable.
Dés le début, l’épisode pose clairement les habitants de Weld comme une communauté resserrée, avec tous les clichés qui vont bien (tout le monde connaît tout le monde, les bonnes nouvelles vont vite, etc.). Mais sur la fin de l’épisode, l’intérêt de cette communauté se dévoile enfin. Ils ne sont pas juste des personnages extravagants qui ajoutent au jet lag émotionnel de la famille. La façon dont ils prennent en charge la famille de George quand celui-ci s’avère dépassé par les évènements, est au contraire sympathique voire touchante. Ce qui pourrait faire la force de 800 Words pourrait être cette communauté soudée où on se rend service pour le plaisir de rendre la vie plus agréable autour de soi. C’est bien plus intéressant que traiter les habitants de Weld comme des curiosités exotiques et humoristiques.
Hélas, entre sa voix-off désagréable (George décide de se remettre à écrire pour le journal et du coup il écrit ses chroniques en début et fin d’épisode), ses personnages unidimensionnels (Shay est « la fille », Arlo est « le geek », etc.), et ses situations sans grand panache, 800 Words ne fait pas beaucoup d’efforts pour se rendre aussi sympathique à regarder que les habitants de Weld à côtoyer. Son approche du deuil est quasi-inexistante, et faiblarde (elle se limitera en gros à un sermon de Shay à George lui rappelant que c’est leur mère qui prenait toutes les décisions importantes du foyer ; n’espérez aucun questionnement sur les rôles genrés dans le couple non plus d’ailleurs). Le fait que la fin de l’épisode (et le trailer qui la suit) fasse lourdement référence à de futures chassés-croisés amoureux (je compte QUATRE femmes potentiellement intéressées par le fait que George soit veuf) ne fait pas grand’chose pour mon enthousiasme. 800 mots, donc. Et pas un de plus.