Un revisionnage de pilote, ça tient parfois à peu de choses. Par exemple ce soir je cherchais des idées pour mon défi cinéma, plus spécifiquement du côté des heists, et je me suis dit que pendant que les films se… euh… cagoulaient… eh bien j’avais aussi bien fait de me mettre dans l’ambiance avec une série. Et des séries heist, yen a pas des centaines (je pense à Hustle, plus ou moins Salamander même si c’est plus large, et… et ?), donc me revoilà devant le premier épisode de Leverage, que je pense n’avoir pas touché depuis que je l’ai découvert peu après sa diffusion.
Dans ces circonstances concordantes, mais très hasardeuses, me voilà à prendre un pied monumental devant les différents coups fourrés imaginés par les personnages de la série. Soudain ce qui me semblait excessif, voire cheap (comme les petits one liners régulièrement insérés dans l’action) ne m’agacent plus comme la première fois que je les ai vus.
Le pilote de Leverage est loin d’être parfait, même quand on n’est plus agacé par ces petites facilités, mais on ne peut pas lui enlever qu’il a une belle énergie. Quand bien même l’issue des stratagèmes manque de suspense (ça alors, ils pensent qu’ils vont avoir un problème mais en fait tout roule), on ne s’ennuie pas vraiment de la prévisibilité, sûrement parce que la série installe des personnages qui occupent toujours l’espace avec leur personnalité haute en couleur. Que ce soit la voleuse/équilibriste totalement timbrée (mais alors, joyeusement !) ou l’informaticien geek râleur, ils habitent rapidement les missions et transmettent toute l’excitation qui est la leur. On les sent en train de s’éclater et… et, bah, quand on arrête de faire sa téléphage ronchon comme j’ai l’impression que c’était mon cas à l’époque, c’est en fait terriblement communicatif.
Seul bémol, le personnage de la comédienne/escroc apparaît tardivement et ne bénéficie pas des mêmes avantages, pour la simple et bonne raison qu’elle reste « in character » pendant l’intégralité de sa mission, et n’est donc pas autorisée à partager son adrénaline comme les autres personnages. C’est dommage, j’aime bien Gina Bellman.
Même si ce premier épisode ne crée pas absolument la surprise structurellement (heist / contretemps / contre-heist / contretemps / heist final), et si en théorie l’intrigue est bouclée à l’intérieur du premier épisode, écartant la perspective d’un heist suivi sur plusieurs épisodes, Leverage met quand même en place quelque chose à plus long terme.
Cela ne relève pas de l’intrigue, d’un fil rouge ou même nécessairement d’une formule inédite. Non, ce que Leverage affirme comme lui étant unique, c’est son éthique : à travers le personnage de Nathan Ford, un ancien spécialiste en assurances qui dorénavant va agir comme le cerveau du groupe, on découvre que ce n’est pas seulement l’argent ou même le goût du risque qui va motiver l’équipe de Leverage. Ils vont uniquement se choisir des buts « nobles », et essayer d’aider des gens présumés innocents face à, il est permis de présumer, des gens riches et donc méchants, et/ou de grosses corporations. Et en pleine Mr. Robot-mania, ça me parle !
Du coup, ce petit pilote, là comme ça, dégainé de façon impromptue… parfait timing.