Depuis le temps qu’on vous dit d’être plus gentil avec le règne animal, et que vous persistez à vous faire des barbecues en plein été et de gros plats remplis de lardons pour vous tenir au corps pendant l’hiver, EH BAH VOILA, ça devait bien arriver ! Les bestioles ont décidé de se rebeller et de vous le faire payer au centuple et avec les intérêts.
Tel est le pitch de Zoo, une série estivale bien décidée à vous faire glisser un oeil méfiant vers le panier de Médor ou le carton de Mistigris. Peut-être devriez-vous même envisager de doubler les rations dans la gamelle de ce soir, dans le doute. L’effet Zoo c’est un peu le même effet que The Whispers, c’est-à-dire créer une crainte venant de votre foyer-même, puisque désormais il faut donc avoir peur de tout. Garde tes ennemis près de toi, après tout.
Bien-sûr, une attaque de chats de gouttière, ça n’impressionne personne sur le papier, aussi Zoo se sent-il obligé de nous emmener en Afrique, pour nous expliquer que des bestioles autrement plus dangereuses sont également sur le point de ne plus du tout tolérer votre présence. C’est un choix en apparence facile (le lion n’a pas une réputation de tendre) mais qui détruit aussi tout le concept de Zoo puisqu’on est supposés se dire que peut-être qu’on risque quelque chose pour éprouver quelque frisson que ce soit… Or je sais pas pour vous, mais je fraye assez peu avec des lions. Mais après je juge pas, hein, chacun son truc.
Toutes les contorsions scénaristiques de Zoo vont ainsi essayer de jouer sur les deux tableaux (bêtes inoffensives mais proches de vous, contre bestiole dangereuse mais totalement étrangère à votre quotidien), avec des explications plus qu’insuffisantes pour faire le lien entre les deux, genre, euh, une théorie d’un scientifique devenu fou et à laquelle personne ne croyait, emballé c’est pesé. Le problème de Zoo c’est qu’en ménageant ainsi la chèvre comme le chou, le pilote ne fait tressaillir personne. Pour bien appâter le chaland, il aurait fallu envisager, je ne sais pas moi, de montrer à un moment une vraie scène de massacre… ah oui pardon, j’oubliais, Zoo est une série de network et veut donc ne pas choquer le moindre spectateur cardiaque, et on les sait nombreux sur CBS.
La moitié des bonnes idées qu’avait donc Zoo sur le papier sont totalement écartées par cette tiédeur ambiante, palpable à chaque instant du premier épisode. Veut-on qu’on écarquille les yeux devant le risque que présentent les animaux de la série ? Oui. Va-t-on le faire ? Non, à moins d’avoir choppé un cil dans l’œil pendant qu’on bâillait.
C’est regrettable parce que j’avais vraiment envie d’aimer Zoo, d’aimer le fait que son sujet soit si différent des séries à frisson, d’aimer le fait qu’il n’y ait pas l’ombre d’un flic au cast (je savais même pas que c’était encore possible), d’aimer la surenchère de désastre dont la série devrait être jalonnée. Mais comment peut-on être ridicule quand on mesure ses efforts en tout afin de ne gêner personne ? Les personnages passent au contraire leur temps à bavasser, quand je voudrais qu’ils courent en les sens et que quelques uns (mettons, un tiers par scène ?) y perde quelques membres. Je suis flexible sur les animaux impliqués et même sur les inévitables romances sans intérêt qui se tisseraient dans pareil contexte, adrénaline et peur de mourir aidant.
Mais rien à faire. Là où il aurait fallu me convaincre que Zoo avait percuté qu’elle était une série estivale décomplexée, le pilote persiste à se trainer dans des scènes sans intérêt, des courses-poursuites sans enjeu, et des discussions sur qui-qui-a-une-peine-de-coeur-et-qui-qui-a-pas-fait-le-deuil-de-papa. Sérieusement ?
En fait j’aimerais que Zoo soit un Jurassic Park de télévision : pendant 13 épisodes, des gens qui ont des sueurs froides et des bestiaux qui n’ont qu’une idée à l’esprit, rappeler qui est le roi des animaux et que l’humain aurait tout intérêt à rentrer dans le rang. Ça, ça m’aurait épatée.
J’espère qu’il va y avoir des singes tueurs, perso j’aurais plus peur des singes tueurs que des lions et chats