Après avoir échappé aux rippeurs lors de sa sortie en même temps que les pilotes d’Amazon de la fournée de The Man in the High Castle ou Down Dog, l’une des séries pour la jeunesse du service de VOD nous est enfin parvenue : Table 58.
Vous le savez, j’avais l’œil dessus, eh bien voilà je lui ai enfin consacré quelques minutes ! Et je dois dire que je suis ravie, parce que Table 58 est à la hauteur de mes espérances : oui, les pure players peuvent changer la donne en matière de séries pour la tranche d’âge des préados, et c’est une porte pleine de promesses qui s’ouvre pour le jeune public américain d’Amazon, alors qu’elle reste vaguement entrebâillée pour Disney et Nickelodeon, et toujours sur le même horizon.
Table 58 prend un sujet assez classique pour sa tranche d’âge, la fameuse jungle de la pause déjeuner, mais transforme sa petite histoire en un festival de gags plus subtils qu’à l’accoutumée pour une série jeunesse américaine. A certains moments, on dirait que Table 58 est une sorte d’expérience de laboratoire entre le regard décalé de The Yard et le ton absolument dérangé de Parker Lewis n’attend jamais. Une paternité qui a du chien, non ?!
Tout commence lorsque Logan est transféré dans un nouveau collège ; star de l’équipe de football dans son ancien établissement, il est bien décidé à intégrer l’équipe ici aussi, mais manque de chance, celle-ci ne recrute pas. Pire encore, il n’est pas du tout accepté à la table des jocks et des pompom girls, la Table 1, et découvre qu’un système de clans régit la vie scolaire de Milton High School.
A l’heure du déjeuner, chaque table est ainsi occupée par un groupe défini, et s’asseoir avec un groupe définit à la fois qui on est, mais aussi la place qu’on tient dans la chaîne alimentaire. Par exemple, la Table 1 est pour l’élite (dont les « Royals », soit la Reine et le Roi du bal du printemps), la Table 3,14 est celle des intellos, la Table 4 celle du Club de Français (où on mange uniquement des croissants, et forcément vêtu d’un béret), et il ne viendrait à l’idée de personne de la Table 4 d’aller s’asseoir à la Table 4a, celle du Club de Français canadien. Vous voyez le genre. Logan, lui, débarque donc à la Table 58, celle des rejets, celle du fond du panier, celle des outcasts. La plupart de ses occupants ont leur groupe idéal en tête, mais n’y ont pas (ou parfois : plus) leur place.
Le concept de Table 58 va être un peu différent de l’ordinaire. Car dans un univers littéraire, cinématographique et télévisuel régi par les clans, généralement il y a deux options : soit travailler ensemble à abolir ce système, soit travailler ensemble à améliorer la condition du groupe de rejets. Pas ici : il va être clair au cours de l’épisode, et explicité à la toute fin, que Logan et ses nouveaux amis de la Table 58 vont œuvrer pour que chacun puisse quitter la Table 58, et arriver à la table de ses rêves. Ils décident donc de s’allier pour mieux se séparer ensuite, jouant sur leur seul atout : contrairement à toutes les autres tables de la cantine, ils sont les seuls à avoir des goûts et des compétences complémentaires. Ils vont utiliser leurs forces hétéroclites pour torpiller les autres tables, et en virer les actuels occupants. Ils vont créer le chaos alors qu’ils ne souhaitent rien tant que se conformer à leur place idéale dans leur micro-société ! Sont-ils pas charmants, ces révolutionnaires en culottes courtes ?
Table 58 a donc tout pour plaire : un pitch sympa, un humour solide, et un vrai objectif à long terme qui peut même s’avérer feuilletonnant, chose devenue ULTRA rare pour une série américaine de cette cible. Le résultat est vraiment enthousiasmant, d’autant que la jeune distribution est impeccable.
Ça donne presqu’envie de faire des enfants rien que pour leur montrer Table 58, tiens ! Et au pire (à ma connaissance, Amazon n’a apparemment pas commandé Table 58 au-delà du pilote), il y aura Little Lunch en Australie dans les prochains mois… même si, bon, venant de l’Australie, on n’attend vraiment pas de fiasco dans la catégorie jeunesse.