Blank space

23 mai 2015 à 18:33

Jouons franc-jeu : la principale raison pour laquelle j’avais ne serait-ce qu’un tout petit peu envie de découvrir Stitchers, c’était son affiche de promo. Ce côté aérien, liquide, j’aimais bien. Je me disais que même avec un pitch pourri, la série pouvait être regardable si elle arrivait à avoir de la personnalité, si à défaut de bonnes intrigues on y trouvait une ambiance prenante, et un peu d’esthétisme.
Même sans me dire de belles histoires, potentiellement, Stitchers pouvait me montrer des choses incroyables.

A la faveur d’un peu de place sur mon disque dur, j’ai donc mis la main sur l’épisode, sorti sur internet en préambule de sa diffusion sur ABC Family, et c’était parti.

Stitchers-650
Soyons clairs, tout dans mon expérience téléphagique indiquait que ç’allait mal tourner, et j’avais ignoré les signes : c’était une très mauvaise raison de se donner envie de regarder une série. Eh bah mon vieux, j’ai rarement été aussi déçue par une série dont je pensais que le pitch était pourri : l’ivresse du poster ne valait pas la douleur du visionnage.

D’ailleurs même le titre lui-même est mensonger : il n’y a pas plusieurs Stitchers, mais une seule. Qui est-elle ? Eh bien c’est l’histoire de Taylor Swift, une jeune doctorante en informatique qui souffre de « temporal dysplasia » (oh, regardez, le service de com’ de Stitchers a créé un site internet pour nous en parler, il fait totalement illusion et ne donne pas du tout l’impression d’être bidon !). Et parce qu’elle n’a pas la notion du temps, tout ce qui lui arrive semble avoir toujours été ainsi, et elle n’est donc jamais affectée par rien.
Mais le pire est à venir : Taylor Swift est accusée par sa colocataire, une autre doctorante, d’avoir saboté son projet de fin d’études, et Taylor Swift est donc mise à pied le temps qu’une investigation détermine si c’est le cas ; sa colocataire, qui la déteste cordialement, en profite donc pour la mettre à la porte. Arrive à point nommé la directrice d’une mystérieuse agence gouvernementale qui va lui apprendre qu’il est possible de pénétrer les souvenirs et pensées de personnes décédées et que, oh quel hasard, Taylor Swift et sa temporal dysplasia sont parfaites pour ce job ! Taylor Swift commence donc à bosser dans un programme de type Inception, dans lequel elle s’infiltre dans la tête de gens morts pour comprendre comment ils sont morts.

Taylor Swift n’a aucune raison de refuser de devenir une Stitcher, et pourtant, pendant tout le premier épisode, elle va passer son temps à faire chier puissamment tout le monde autour d’elle. On n’a aucune idée de pourquoi, mais ça autorise le scénariste Jeff Schechter (…am I seeing what you’ve done here ?) à ponctuer l’épisode de plein de petites vannes exécutées en deadpan le plus total, débitées plus vite que dans un épisode de Gilmore Girls, histoire de nous faire croire que la série est drôle/piquante/effrontée. Question de point de vue.

Le problème c’est que, à part s’inspirer d’Inception et/ou de Sleepwalkers, ce premier épisode de Stitchers n’a pas l’air de trop savoir ce qu’il veut faire. Il est rempli d’incohérences (la plus importante étant qu’on nous dit qu’il existe 4 bombes et qu’à la fin du pilote, on n’en a trouvé que 3 et qu’on s’en tient totalement là, passant à une nouvelle affaire), d’illogismes et d’absurderies totales. Beaucoup d’ingrédients sont des prétextes, généralement ridicules, pour faire mine de désarçonner Taylor Swift qui n’en finit plus d’avoir l’air agacée et en colère, ce qui est paradoxal pour quelqu’un qui prétend ne ressentir aucune émotion. Au long de l’épisode, l’intelligence de Taylor Swift est constamment mise en équation avec son inaptitude émotionnelle (je vous ai déjà dit combien ce procédé m’agaçait), et c’est à peine mieux de voir le petit génie qui a programmé le Stitching et qui est compétent pour mener une évaluation psychologique, comme de bien entendu.
Chaque fois qu’un cliché doit se produire, eh bien dans Stitchers vous pouvez être sûr qu’il se produit, du restaurant-asatique-qui-fait-écran-à-une-opération-secrète jusqu’au lendemain-embarrassant-que-s’est-il-passé-la-nuit-dernière. Et naturellement ce cauchemar ambulant est habillé de lumières qui clignotent et changent de couleurs, d’écrans qui montrent des bidules, et de gadget super cool ; l’héroïne porte même, du propre aveu de la série, la tenue moulante de Cat Woman. En bref, ce pilote se lit comme un magazine qui compilerait 90% des pages de TV Trope.

Dans tout ça Taylor Swift n’a jamais été aussi bitchy. C’est un miracle qu’autour d’elle personne ne soit pris de la furieuse envie de tout débrancher pendant qu’elle stitche. Surtout que lorsqu’elle revient, bien-sûr, elle a fait l’expérience d’émotions qui lui étaient inconnues (…pourquoi ? on sait pas), et ça lui coupe le souffle ou pendant une minute de ce pilote, ce qui est toujours bon à prendre. Oh, comme la roue a tourné ! …Sauf que c’est tellement prévisible qu’on ne ressent rien devant cette transformation, surtout qu’elle a été accomplie en moins d’un épisode. Est-elle guérie de sa temporal dysplasia ? Ou était-elle juste une emmerdeuse qui se réfugiait derrière une condition médicale à la con pour avoir un comportement imbuvable ? Le spectateur se forgera sa propre opinion.

Regarder Stitchers est le genre de conneries que je continue de faire sans rien apprendre. Et le pire, c’est que vous comme moi savons très bien que cette expérience se reproduira : je referai cette erreur à l’avenir de regarder une série pourrie à cause d’un détail qui m’aura donné de l’espoir. Mais peut-être que vous, vous avez une chance de mieux utiliser votre espace disque. En tous cas, vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas dit que je ne vous ai pas prévenu.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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