Quand la Suisse tient un succès, elle est prêteuse : Station Horizon a rassemblé jusqu’à 35% de parts de marché, alors voilà que la série était présentée hier lors de Séries Mania, quelques heures à peine avant la remise des prix.
Inspirée par une certaine vision du rêve américain, Station Horizon nous emmène à Horizonville, un endroit qui semble placé sur la Route 66 et qui en fait, est logé dans le Valais. Ce n’est pas exactement une destination de vacances, pour le coup : la vie y tourne essentiellement autour de la station service (dont les affaires vont mal), la concession automobile, l’église, la radio locale (…co-présentée par le curé), et le club de strip-tease, qui en l’occurrence est le seul endroit ouvert la nuit aux locaux.
Après 25 années passées en prison, Joris revient à la station service que tient son frère Charly ; c’est une affaire de famille, que leur a laissée leur père lorsqu’il est décédé un peu plus tôt. A sa sortie de taule (en conditionnelle), Joris rejoint donc le trou perdu qu’est la « Station Horizon », où certains ne l’ont pas oublié. Et ce n’est pas nécessairement par affection : le type le plus riche du coin, l’insupportable Raymond Héritier, qui dirige déjà la concession automobile, est bien décidé à racheter tous les terrains d’Horizonville afin d’avoir pignon sur rue lorsque l’autoroute actuellement en construction passera dans le coin (si tout va bien).
Derrière ses dialogues généralement drôles et bien sentis, et son air de lutte d’influence pour sauver un endroit « authentique » (osons le dire, pas forcément l’idée d’histoire la plus originale de la planète), Station Horizon vaut avant tout par ses personnages hauts en couleurs, et leur mode de vie teinté d’un sentiment de liberté qui n’est pas feint. Qu’il s’agisse de Joris et Charly, ou des gens qu’ils fréquentent de près ou de loin dans ce petit coin de Suisse américaine, la série essaye avant tout d’insuffler un peu d’air vif dans les poumons du spectateur. Les personnages sans le sou (et ils sont majoritaires dans la série) n’apparaissent ainsi pas vraiment pauvres, mais plutôt, comment dire ? Libérés des contraintes économiques.
Station Horizon, c’est le rêve redneck, voilà tout. Et quand comme moi on écoute des heures de country chaque semaine (parfois en boucle, mais ce sera un autre sujet pour un autre jour), on ne peut que comprendre ce sentiment fort d’indépendance qui domine les décisions de chacun, quitte à parfois devoir ramer sur d’autres aspects (professionnels, par exemple) pour compenser : la liberté, contrairement à ce qu’on nous fait croire, a un prix. Et les protagonistes de Station Horizon sont prêts à le payer si on leur garantit en échange de faire les choix qu’ils veulent, même s’ils sont contestables.
Et c’est pour cette raison qu’il est si facile de suivre Joris lors de son retour au bercail. On ne se passionne pas nécessairement sur le passé qu’il a laissé à Horizonville il y a 25 ans (notamment une femme…), et cette histoire d’autoroute ne m’a pas frappée comme étant remplie de suspense. Ce n’est pas grave : ces passages et tous les autres sont avant tout l’occasion de vivre dans cette Amérique helvétique.
Voir les personnages tenter de garder leurs choix ouverts et ne se laisser limiter par personne est l’antidote à tous vos maux, j’en suis certaine.