On principle

25 avril 2015 à 10:00

Au tout début de cette 6e saison de Séries Mania, les festivaliers pouvaient faire la nique aux Américains en découvrant avant eux Wayward Pines. Pour l’avant-dernière soirée du festival, c’était cette fois au tour des Australiens d’être jaloux : ils ne verront The Principal qu’à l’automne, quand nous avons déjà eu le privilège de voir 2 des 4 épisodes de la mini-série, à peine sortis de post-production quelques jours plus tôt. Je m’apprête à ne vous parler que du premier.

Et quel privilège ! Certaines séries m’ont plu pendant cette saison, et j’ai pu par exemple vous dire tout le bien que je pensais de Tellus, mais The Principal s’est instantanément placée hier soir dans mon podium personnel des découvertes internationales de l’année. Alors, je sais : on est en avril. Mais ça va quand même être difficile de faire mieux que The Principal ; notez bien cependant que je n’empêche personne d’essayer.

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Héritière d’East West 101 (même producteur, même chaîne…), The Principal met également en scène un homme pris entre deux feux, deux cultures, deux positions sociales : Matt Bashir est un prof d’Histoire récemment devenu proviseur du lycée Boxdale pour garçons (où il a jadis étudié), dans une banlieue populaire et multiculturelle. Il est animé par toutes sortes d’idéaux pédagogiques, et a une vraie vision du poste tel qu’il veut l’occuper, en dépit de son inexpérience. Et avec sa cravate et son costume bien taillé, il dénote forcément dans le lycée délabré qui est désormais le sien.
Sa mission : sauver Boxdale de la fermeture définitive, ce qui signerait l’arrêt de mort de l’éducation de beaucoup d’adolescents du quartier, et mettre en danger tout leur avenir. Il doit le faire en dépit des élèves, mais aussi du corps enseignant, des parents, des commerçants du coin qui ne supportent plus les dégradations matérielles… et même des alertes à la bombe.

Côté équipe pédagogique, c’est vraiment la galère : l’adjointe, Ursula Bright, a assuré l’intérim depuis le départ du proviseur précédent, et a du mal à céder la place (y compris physiquement). Les profs le regardent en coin tout en se demandant combien de temps il va tenir (d’autant qu’ils pensent qu’il a eu le poste par piston parce qu’il connaît quelqu’un au ministère), et les secrétaires remarquent avant tout son charme. Dans le lot, il trouve tout de même le soutien d’Alma Bivas, une assistante d’éducation portant le voile, et bilingue en arabe. Il va aussi progressivement gagner le respect de Kelly, l’agent de police référent qui a été affectée au lycée mais a bien du mal à y faire régner l’ordre.
Il aura bien besoin d’aide. Il arrive à Boxdale en plein milieu du Ramadan, alors que les élèves musulmans sont fatigués et vite à cran. Très franchement, le lycée n’a vraiment pas besoin de toute cette tension. Le ton monte en particulier entre les frères Karim et Tarek Ahmad d’une part, et Francis « Sisi » Parata, un élève d’origine aborigène, proche d’un gang local.

Très vite, Bashir tente de prendre sous son aile Tarek Ahmad, dont les prouesses en classe de cuisine indiquent qu’on peut peut-être l’aider à se trouver un avenir. A force de patience et d’échanges sincères avec l’élève (au bord de la crise de nerfs car sa mère est décédée, et qu’il se remet mal du deuil), Bashir obtient sa confiance et parvient à l’orienter pour qu’il ne s’enfonce pas dans une spirale de violence. Mais quand Tarek découvre que le collier de leur mère a disparu, et que la petite amie de Sisi en porte une réplique étrangement ressemblante autour du coup, un cercle vicieux de violence démarre.

Le premier épisode établit, de façon parfois un peu idéaliste, les convictions de Matt Bashir. Celui-ci n’hésite jamais à énoncer ses principes même alors que la situation est tendue ; cela signifie qu’il ne perd pas son sang-froid, et vu le contexte c’est heureux, mais cela apparaît aussi un peu comme une façon de préserver un certain recul sur les conflits divers qui n’attendent qu’une étincelle pour tout faire sauter. Et la foi incroyable de Bashir fait quand même du bien ; il n’est pas exactement un idéaliste, et a conscience de travailler dans « une zone de guerre », mais il pense qu’avec un peu d’efforts de sa part, et surtout, en sortant des schémas de pensée de l’éducation nationale, il a une chance de redresser la barre. Mettant en priorité le respect dû aux élèves, Matt Bashir se fait un devoir de ne jamais considérer un ado comme perdu pour la cause, selon un principe simple : une fois que l’école n’a plus confiance en l’avenir d’un élève, celui-ci n’en a effectivement pas.

Au-delà de cet aspect de The Principal, le premier épisode se conclut également par une situation tragique (pas exactement un twist : on y avait assisté dés la toute première scène) qui va impliquer que la mini-série se transforme aussi en série policière. Je suis moins fan de cette obligation légale que toutes les séries ont d’incorporer une enquête à leur trame dramatique (plusieurs séries cette année à Séries Mania s’en rendent coupables, je vous l’ai dit). En contrepartie, ce sera l’occasion d’enfin faire apparaître Aden Young (Rectify, oui), qui en est avec The Code à sa 2e série australienne de service public en deux ans.
Mais après avoir vu le deuxième épisode, je trouve que c’est plutôt bien géré, donc j’arrête de râler.

N’en disons pas plus, il sera toujours temps d’y revenir dans quelques mois, quand toute la série aura été diffusée. Il y a bien des choses dont je me prive de vous parler pour éviter les spoilers (sur une série de 4 épisodes, c’est vite arrivé). Sachez simplement qu’il n’y a que des raisons de regarder The Principal. Et pour les veinards qui hier se pressaient autour de lui, Alex Demetriades, régalien et pourtant magnifiquement vulnérable dans sa fonction, n’était vraiment pas la moindre des qualités de la série.
Je vous laisse sur ces bonnes paroles, à la condition que vous me promettiez de la regarder le moment venu.

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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