Disparitions

22 avril 2015 à 8:00

Aujourd’hui, je vais vous parler non pas d’un pilote, mais de DEUX à la fois. Ça fausse un peu mes statistiques, mais vous allez voir que c’est pour la bonne cause.
Car hier était projeté le début de Disparue, une série qu’on verra à partir de ce soir sur France2… et qui s’avère être l’adaptation d’une mini-série espagnole, Desaparecida, comme j’avais eu l’occasion de vous le dire il y a quelques mois. Alors j’ai décidé de faire d’une pierre, deux coups : vous parler d’une série espagnole, et vous présenter la série française vue grâce à Séries Mania, en mettant côte à côte leur épisode inaugural respectif.

Desaparecida-650

C’est la veille de l’anniversaire de Patricia Marcos, qui s’apprête à fêter ses 18 ans. Pourtant, après être partie à une fête avec son frère aîné Diego, ainsi que sa cousine (et meilleure amie) Cris… Patricia ne rentre pas.
Les heures s’égrènent et l’inquiétude monte. D’un simple retard irresponsable, cette absence devient vite un scénario-cauchemar pour les parents : et s’il était arrivé quelque chose à Patricia ?

Le point de départ de Desaparecida n’est pas révolutionnaire. Mais on l’a souvent observé d’un point de vue policier… or ce n’est pas totalement le propos ici. La série espagnole se fait forte de ne montrer que le point de vue des parents (quelques rares scènes se produiront en leur absence, notamment pour introduire les flics amenés à gérer l’enquête, mais resteront vraiment minimes). Du moment où Patricia quitte l’appartement familial, puis fait un crochet par le bar de son père (pour rallonger son couvre-feu), avant de partir bras dessus bras dessous avec Cris, nous ne la reverrons pas, et vivrons les premières heures avec sa mère (Lola, une femme au foyer au tempérament explosif) et son père (Alfredo, plus conciliant).
Ainsi, Lola n’arrive pas à fermer l’œil tant que ses deux aînés (la famille inclut aussi une cadette de 7 ans, Sonia) ne sont pas rentrés, puisqu’ils avaient pour consigne de revenir de la fête ensemble. On la verra donc sursauter quand Diego rentre seul, puis quand Alfredo rentre après la fermeture du bar, puis regarder les heures passer et le jour se lever progressivement.
Au petit matin, l’angoisse se propage auprès de Gerardo et de Cris, respectivement l’oncle et la cousine de Patricia, donc. Il s’avère que les deux adolescentes se sont séparées pendant la nuit et que Cris est rentrée de longue date. Vous saisissez la démarche : ressentir aux côtés des Marcos les degrés successifs de l’alarme de ses parents. Les coups de fil successifs (amis, contacts, hôpitaux…), la piste remontée par Alfredo au milieu de la nuit (qui retourne dans la dernières boîtes où Patri a été vue), la découverte que la jeune fille a un petit ami depuis trois mois (dont les parents ne savaient rien), ajoutent des informations, mais qui ne font que serrer plus encore les nœuds au ventre.

Pire encore, lorsqu’en fin de matinée, ayant épuisé toutes leurs idées, ils se présentent au poste de police pour signaler que leur fille est absente et qu’il a pu lui arriver quelque chose, on leur rétorque que d’une part il est trop tôt (son couvre-feu ayant été porté à 4h30, Patricia n’est en retard que de 9 heures), et surtout, que la jeune fille a 18 ans maintenant. En plus, Patricia et sa mère se sont querellées, justement à propos du couvre-feu, avant que l’adolescente ne claque la porte, et ce pourrait aussi bien être une fugue qu’un enlèvement.

Puisque rien dans ce déroulé ne relève de l’inédit, le pari de Desaparecida est vraiment de jouer sur son ambiance, d’inviter le spectateur à partager la terreur grandissante des parents (voire à s’identifier à eux si le spectateur est lui-même parent), et de laisser autant de zones d’ombre que possible. Pas pour faire perdurer le suspense (c’est n’est qu’un heureux accident), mais bel et bien parce qu’à l’heure actuelle, les Marcos sont effectivement dans le noir, et découvrent de surcroît qu’ils ne savaient pas tout de leur fille, eut égard à son petit ami. Nous ne savons pas grand’chose de plus qu’eux (notre seul bonus, en fait, est que Sonia a découvert que Patri s’est fait faire un tatouage en secret, ça ne pèse pas très lourd), et c’est vraiment ce qui favorise l’immersion.
Les rares informations glanées par leurs propres moyens sèment plus la confusion qu’autre chose. Avant même la fin du premier épisode, on va ainsi apprendre que Rubén, le petit ami en question, s’était disputé avec l’adolescente juste avant que celle-ci ne disparaisse des radars. Il faut dire que Patricia venait de découvrir qu’il l’avait trompée avec une autre… Ça n’aide pas vraiment à retracer le parcours de Patri.

Tout l’épisode va être sur ce mode. Ainsi, à minuit, quand Alfredo retourne au poste de police parce que, bon, ça fait bientôt 24 heures, il est mis entre les mains de l’enquêteur Sierra (qui en plus ne connaît pas le patelin), qui va conduire l’investigation avec lui, et méticuleusement, mais sans forcément prendre le temps d’expliquer ce qu’il fait, les détails sur lesquels il s’appuie ou les raisons d’abandonner certaines pistes au profit d’une autre. Ainsi, bien que l’enquête batte son plein, c’est toujours la peur qui domine, ainsi que la désorientation. Alors, même quand les acteurs (notamment l’actrice qui incarne Lola) en font un peu trop, on peut aisément mettre cela sur le compte d’une véritable crise de panique due au tourbillon d’incompréhensions.

Accessoirement, cela nous dit aussi une chose… Lola est en permanence au téléphone, ou assise à côté ; elle surveille les allées et venues des membres de la famille qui viennent aider et/ou donner des informations. De son côté, Alfredo se lance lui-même dans le placardage d’affiches, l’interrogation d’amis de Patricia, ou encore participe à la battue. Et en suivant ainsi l’implication de Lola et Alfredo dans l’enquête, on n’est pas dans la démarche de se demander s’ils y sont pour quelque chose. A tort ou pas, on les exonère rapidement parce qu’on voit les efforts qu’ils déploient, à la fois pour faire des choses, et pour tâcher de comprendre la démarche de Sierra qui parfois n’est pas très claire.

Au terme du premier épisode, on n’a, en définitive, pas appris grand’chose sur la disparition de Patricia. Mais Desaparecida a au moins réussi à poser une ambiance, des personnages, et une problématique, qui fonctionnent bien… en dépit du manque d’originalité total de la trame elle-même. Et avec un obstacle supplémentaire : le budget n’a pas l’air d’être mirobolant, et la réalisation est vraiment sans la moindre élégance, j’irai même jusqu’à dire qu’à certains moments c’est très simpliste voire moche.
Et pourtant ça marche. Qu’est-il advenu de Patricia Marcos ? On a vraiment envie de le savoir.

Disparue-SeriesMania-650

C’est la veille de l’anniversaire de Léa Morel, qui s’apprête à fêter ses 17 ans le jour de la Fête de la Musique (dommage pour le timing de la diffusion), avec sa petite sœur Zoé qui la mitraille de questions, et sa cousine Chris qui la mitraille avec son appareil photo. Pourtant, après être partie à la Fête de la Musique avec son frère aîné Thomas, ainsi que sa cousine (et meilleure amie) Chris… Léa ne rentre pas.
Les heures s’égrènent et l’inquiétude monte. D’un simple retard irresponsable, cette absence devient vite un scénario-cauchemar pour les parents : et s’il était arrivé quelque chose à Léa ?

Le point de départ de Disparue n’est pas révolutionnaire… et pour cause. Ce qui intrigue dans cette version, c’est la diversification des points de vue employés, voire rapportés. Du moment où Léa quitte l’appartement familial, puis fait un crochet par le restaurant de son père (pour rallonger son couvre-feu), avant de partir bras dessus bras dessous avec Chris, une série d’indices va commencé à nous dire que quelque chose se trame. Cela inclut des ralentis quand quelqu’un la voit quitter un endroit (comprendre évidemment : pour la dernière fois), mais aussi, une fois la soirée de Léa et Chris entamée, un montage assez rapide des activités festives des deux adolescentes, arpentant les rues pendant la Fête de la Musique ou s’installant à une terrasse pour boire avec les copains. En nous donnant à voir la nuit que passe Léa, Disparue m’a un peu semée, je dois dire. D’autant que ces plans dévoilent aussi des choses sur le petit ami de Léa (et le triangle amoureux formé avec une personne tierce), or avoir ces informations avant même que la série n’ait officialisé la disparition de Léa m’a semblé contre-productif.

Pour ce qui est de la réaction des parents, elle est dans un premier temps similaire à nos amis les Marcos.
Florence Morel, la mère, s’inquiète de plus en plus à mesure que l’heure passe. Elle n’arrive pas à fermer l’œil tant que ses deux aînés (la famille inclut aussi une cadette, Zoé) ne sont pas rentrés, puisqu’ils avaient pour consigne de revenir de la Fête de la Musique ensemble. On la verra donc sursauter quand Thomas rentre seul, puis quand Julien, le père, rentre après la fermeture du restaurant suivie d’une partie de poker. Florence va regarder les heures passer et le jour se lever progressivement.
Au petit matin, l’angoisse se propage auprès de Jean et de Chris, respectivement l’oncle et la cousine de Léa, donc. Il s’avère que les deux adolescentes se sont séparées pendant la nuit et que Chris est rentrée de longue date. Là encore, la démarche est similaire et l’horloge bien en vue pour nous indiquer que la pression monte et que quelque chose cloche. Mais ici c’est en grande partie Florence qui va prendre la direction des manœuvres pour retrouver Léa. En fait, Flo est une fusion des personnages espagnols de Lola et Alfredo : on peut la voir paniquer et s’énerver dans tous les sens (ça c’est ce que faisait Lola dans Desaparecida), mais on peut aussi la voir prendre les devants pour aller voir la boîte où Léa a été vue pour la dernière fois (et ça c’était le rôle d’Alfredo). Dans tout ça, il reste peu de place pour Julien, qui au lieu de simplement passer pour un permissif, passe surtout pour une présence flottante sans grand impact sur la famille au quotidien ; Julien passe une bonne partie de l’épisode au téléphone, faute de mieux, pendant que Flo prend tout en charge, à tous les égards possibles.
Je veux bien que les rôles genrés de Desaparecida se soient montrés simplistes. Il y a dans la différence entre les deux séries un vrai discours à lire sur les relations mère/fille : dans la version espagnole, Lola énonce clairement (au commissariat) que les disputes font partie des rapports courants avec une adolescente, et particulièrement avec sa mère. Dans Disparue, ce n’est cette fois pas dit explicitement, mais le message est clair : Florence se pose comme une copine (et arrose sa fille de surnoms si sucrés que je déconseille les dialogues aux diabétiques), une confidente. Elle découvre évidemment que c’était une illusion, notamment lorsqu’elle apprend que Léa a un petit ami depuis 6 mois, Romain. Mais qu’on connaissait déjà, nous, pour l’avoir vu dés la soirée de Léa, du coup.

La prise en charge par la police se fait dans des termes très similaires à ceux de la version espagnole (à la nuance près que, Léa venant d’avoir 17 ans, on n’opposera pas sa majorité au lancement d’une enquête), mais on va découvrir que Disparue met en scène l’équipe policière d’une toute autre façon.
A la tête de l’investigation, on trouve en effet le commissaire Molina, nouvellement muté à Lyon, où il espère se rapprocher de sa fille Rose. Vous m’avez bien lue : pour ajouter un enjeu dramatique et impliquer Molina dans l’affaire, il lui fallait apparemment à tout prix une fille adolescente, un peu revêche elle aussi (ils ne se sont pas vus depuis longtemps), parce que sans identification il faut croire que point de salut.
En fait Disparue ajoute de nombreux personnages, ou élargit leur rôle. Par exemple, Florence a une amie et collègue qui est également la marraine de Léa, répondant au nom de Sophie, qui s’incruste à la fête d’anniversaire (à laquelle Léa, du coup, n’est pas présente) ou qui reste en soutien chez les Morel. Ce sera aussi l’occasion de suivre Flo à son travail, où il faut bien retourner même pendant l’enquête, ajoutant des détails à l’intrigue dont je ne suis pas certaine de saisir l’intérêt dans ce contexte.

Entre ces personnages connexes (Sophie, Rose…), les relations entre certains protagonistes qui sont modifiées (Molina doit travailler sur le dossier avec une nouvelle lieutenant qu’il ne connaît pas ; dans la version espagnole, ils se connaissent aux contraire très bien et ont une communication très franche et fluide), et les séquences en début d’épisode dans lesquelles on a suivi la soirée de Léa, on perd énormément ce qui caractérisait l’angle de Desaparecida, à savoir se limiter à ce que savent les parents Morel. Qui plus est, la majorité des démarches de ce premier épisode sont l’apanage des policiers (la battue est ici uniquement réalisée par des hommes en uniforme, quand dans la version espagnole elle était ouverte à toutes les bonnes volontés du village). Résultat, on en sait parfois plus que les Morel, ou au moins on croit en savoir plus (la fin de l’épisode nous proposera un petit twist apte à nous détromper !).

Il me faut aussi préciser que, comparés aux Marcos, qui sont de la classe très moyenne (lui tient un bar, elle est au foyer, ils habitent un petit immeuble pas spécialement charmant, dans un village vieillot en pleine expansion), les Morel sont plutôt de la classe moyenne supérieure, voire, en toute sincérité, plutôt aisée (le père est restaurateur, la mère travaille dans les transports publics si j’ai bien compris, ils ont un très bel appartement en centre-ville de Lyon). On remarque aussi que la famille de Romain est hyper riche (les Morel vont le voir au petit matin, et découvrent une villa moderne avec piscine), sans grande raison apparente.
Au juste, le changement de classe sociale n’est pas grave, il m’interroge juste sur sa signification. Par chance j’ai croisé Catherine Touzet, l’une des scénaristes, dans les couloirs de Séries Mania, à qui j’ai pu poser ma question… Et c’est en fait sa réponse qui m’a laissée circonspecte : d’après elle, cela reflétait plus une norme dans la société française. De surcroît, elle trouvait que s’intéresser à une famille modeste était un cliché appartenant aux séries du passé (pardon si je paraphrase, au passage, c’était vraiment une conversation informelle). A ses yeux, les Français sont des Morel ; vous regarderez ce soir et vous me direz, mais j’avoue que je suis un peu sans voix. D’un autre côté c’est vrai que tout le monde ne peut pas faire de séries sur des mineurs ou autres ouvriers très peu qualifiés, comme La Vie Devant Elles dont on parlait hier, mais de l’autre je ne suis pas sûre que gommer les classes sociales les plus modestes à la télévision soit une vraie nouveauté, loin de là. Alors ça n’a pas forcément de sens en soi dans l’intrigue, mais lorsqu’on a les deux séries (Desaparecida et Disparue) sous les yeux, ça surprend quand même beaucoup.

On est d’accord qu’au juste, une adaptation n’est pas une simple photocopie, et qu’il est dans l’intérêt de Disparue d’avoir fait ses propres choix. C’est heureux ! Simplement je n’ai pas toujours réagi à ces choix de la façon espérée.

Quand on voit Flo faire l’essentiel des démarches pour chercher Léa (en fait la quasi-totalité, à l’exclusion de ce que fait la police) tout en piquant une crise de panique (certes légitime) et en accusant le reste de la famille de n’en avoir rien à faire (juste un peu exagéré quand même), on a l’impression qu’elle a phagocyté tous les personnages autour d’elle. Personne n’existe. Ce qui peut fonctionner, surtout si l’on décide que le peu qu’on a vu des interactions Florence/Léa relèvent du fusionnel (elle ne se disputent pas comme leurs voisines espagnoles), mais provoque forcément moins d’engagement émotionnel dans une relation où le spectateur et les autres personnages ne sont pas invités.
Mes yeux ont manqué de rouler sur mes genoux quand j’ai vu deux scènes (sur un épisode de 52 minutes, et non 90 comme en Espagne) consacrées aux relations entre Molina et sa fille, qui m’ont totalement sortie de l’angoisse que j’étais supposée ressentir pour Léa. En soustrayant le sentiment d’urgence, je ne suis pas certaine que Disparue envoie le bon message ; il est même en contradiction avec l’omniprésence de Florence dans ce premier épisode.
On nous donne aussi très vite des éléments qui appartiennent au futur de l’enquête, en dévoilant le contenu d’un colis que Léa a reçu en secret, ou en racontant par exemple les rapports entre Julien et Jean, avec une bonne louche de backstory qui, pour intéressante qu’elle soit, provoque de véritables ruptures dans l’émotion qui suit la disparition de Léa.
Pour finir, l’ami Molina est un commissaire bien plus sévère que son homologue ibérique, qui va menacer d’une garde à vue un membre du petit clan, et finir, à la fin du premier épisode, par procéder à une véritable garde à vue avec un second personnage.

Tout cela cumulé fait que, en dépit de la réalisation largement supérieure de Disparue par rapport à Desaparecida, j’ai trouvé qu’il y était moins facile de s’y investir. Comme dans tant de fictions françaises, la police tient ici une énorme place qui, si elle n’est pas inutile, empêche en tous cas de se ronger les sangs aux côtés des parents Morel… à un instant pourtant crucial pour se faire. Les questions sur qui a menti (et pourquoi) ont tout le temps d’être posées dans les épisodes suivants, après tout.

J’ai parfois l’impression que la télévision mondiale m’a gâché la télévision française. Que les comparaisons jouent trop souvent en la défaveur de notre fiction nationale, et que je cherche sûrement les ennuis. Parfois aussi, soyons francs, je crois que la télévision française m’a gâché la télévision française.
Dans le cas de Disparue, il y a des idées (dont quelques idées originales, ce qui est plutôt chouette pour une adaptation), mais elles sont maladroites. Quand on ajoute à cela des dialogues un peu trop littéraires (et ces fichus acteurs qui insistent pour faire toutes leurs liaisons poliment), ça finit par faire un dossier un peu lourd pour une série dont le concept n’est même pas révolutionnaire à la base, même pour la série d’origine Desaparecida.

Ecoutez, je vous laisse sur ces bonnes paroles, j’ai bien bavassé déjà, mais je voulais essayer de vous faire vivre les comparaisons internationales qui jalonnent souvent mes visionnages. D’ailleurs si à votre tour, vous voulez pratiquer l’expérience ce soir suite à la diffusion de Disparue, faites-moi signe sur Twitter ! Si j’ai des demandes, à mon retour de Séries Mania cette nuit, je partagerai avec les curieux le moyen de voir le premier épisode de Desaparecida

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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