Il paraît difficile à imaginer que Marvel’s Daredevil a été conçue directement pour Netflix. A voir son premier épisode, on pourrait penser qu’il s’agit d’un pilote parmi des centaines d’autres proposés à des networks plus attirés par le prestige d’un nom, d’une marque, d’une franchise, que par la qualité. On imagine aisément Marvel’s Daredevil s’inviter dans une grille américaine aux côtés, par exemple, de Constantine ou éventuellement de Gotham. Eh bien non, elle a fini sur Netflix… et sur les écrans de Séries Mania ce soir.
Peut-on faire une série de superhéros sans avoir l’air d’enfoncer des portes ouvertes pendant trois quarts d’heure ? Techniquement oui, mais Marvel ne semble pas toujours au courant.
Alors dans l’intervalle, ce premier épisode de Marvel’s Daredevil va nous montrer un héros charmeur (mais pas trop) et omnipotent (en fait, absolument infaillible) en train de sauver des demoiselles en détresse. Une fois, deux fois, trois fois… En fait à un moment, il en sauve même quatre d’un coup, qui dit mieux ? Et elles hurlent de terreur sans faire le moindre geste ni pour sauver leur peau, ni pour s’enfuir, absolument à chaque fois. Je suis obligée d’admettre que j’ai à cette occasion battu un record de roulements d’yeux que j’entends bien soumettre au livre des records.
En-dehors de ça, pas grand’chose à signaler, cette première intrigue extrêmement caricaturale a surtout pour vocation de placer les pions sur un échiquier et de présenter les forces en présence : les vilains méchants, les méchants intermédiaires que le héros va sans doute battre un par un, les gentils, et les victimes. Souvent des femmes. Peut-être des enfants aussi, d’après la fin de l’épisode. Enfin bref, rien de très nouveau sous le soleil.
C’est sur un plan stylistique de Marvel’s Daredevil réussit le mieux son pari : l’univers très noir de la série, y compris au sens propre, est bien installé, et colle aussi bien aux enjeux (personne n’a de super-pouvoirs et c’est plutôt le crime organisé qui pose des dangers) qu’à l’identité du héros (noir… aveugle… get it ?). Les scènes d’action n’accomplissent rien qu’on n’ait vu cent fois, et ne sont impressionnantes que parce qu’on nous dit que le héros ne peut pas voir ses opposants, donc l’ambiance est vraiment vitale à défaut d’autre chose ; que ce soin lui ait été porté est donc plutôt une bonne chose.
J’entends dire que ça s’arrange ensuite. Admettons. Cependant il faudra une sacrée courbe de progression à Marvel’s Daredevil pour qu’elle devienne tolérable à mes yeux.
Mais il faudra bien s’y mettre si, à terme, on veut profiter des séries de l’univers Marvel sur Netflix : vous n’avez pas aimé Marvel’s Daredevil ? Eh bien ça va être de plus en plus difficile de tester les séries du pure player, à mesure qu’apparaîtront Marvel’s A.K.A. Jessica Jones, puis Marvel’s Luke Cage, puis Marvel’s Iron Fist, et oh, attendez un peu de voir Marvel’s The Defenders qui fera s’entrecroiser tous ces personnages !
Hey, psst, une petite confidence, Marvel : je peux aussi décider de n’en regarder aucun après cette première déception.