Si nous parlions d’Utopia ? Mais lady, Utopia, c’est vieux, la diffusion de la première saison a déjà deux ans ! Mais nooon, pas Utopia la série britannique : je vous parle d’Utopia la série australienne ! Eh oui, je sais, ça prête à confusion, mais il n’existe pas encore de Registre International des Séries qui oblige chaque série à avoir un nom unique au monde.
Et comme je refuse d’appeler une série étrangère autrement que par son titre original…
Enfin bref : Utopia, donc. En Australie, c’est le nom d’une comédie politique qui accuse un air de parenté avec Parks and Rec. AH, je vois que j’ai dit les mots magiques, hé hé hé ! La série se déroule au sein de la Nation Building Authority (oui-oui, la NBA), une institution toute neuve qui gère des projets d’urbanisme et d’infrastructure d’envergure. Hélas, l’équipe est majoritairement constituée de bras cassés et d’abrutis de tous poils.
Le premier épisode démarre alors qu’un grand projet est prévu pour la construction de tout un nouveau quartier, centré autour d’un immeuble de haut standing. Hélas, dans la brochure, une petite coquille : la NBA annonce qu’un jardin communautaire fait partie du projet. Ce qui n’aurait aucune sorte de gravité… si un jardin avait effectivement été prévu. Il faut donc en catastrophe trouver un endroit où caser un jardin communautaire sur le plan du projet, qui n’est pas prévu pour… surtout qu’un jardin communautaire pour une communauté de haut standing, c’est pas exactement ça, quoi. Pendant ce temps, Tony, le responsable de la NBA, tente de formaliser des accords internationaux en dépit d’une assistante incapable de prendre des messages, d’une directrice de com persuadée qu’il faut changer de logo, et d’un adjoint totalement abruti qui lui prolonge ses réunions bêtement. Il aimerait bien faire, mais comment voulez-vous ?
On ne va pas se mentir, les habitués de ladymnistration en ont entendues de bien pires. Mais, si les exploits de la NBA n’ont rien d’inédit, ils sont néanmoins délicieux parce que le ton d’Utopia est habile (il faut dire que c’est une équipe d’habitués qui est derrière la série, ils ont déjà The Hollowmen sur leur CV). On ne patauge pas 712 ans dans un gag, dans une impression de malaise, dans une bourde. Au contraire on est dans l’empilement d’absurdités, de gaffes et d’incompétences. Et ce qui rend Utopia supportable, c’est que les incompétences sont plus souvent mises en exergues que les malaises.
La ligne est fine, mais en marchant dessus comme un funambule, Utopia parvient à provoquer chez le spectateur une réaction proche du rire. Ce n’est pas tout-à-fait du rire : c’est trop vrai. Ça sonne vrai. Ça sent presque le vécu. Mais on se régale quand même de ce spectacle désolant. Et puis, la saison est courte, alors ça permet de ne pas trop faire durer le vertige.
Pour éviter toute confusion sur le nom de la série, Séries Mania proposera Utopia sous le titre de Dreamland pendant le festival de ce mois-ci. Dreamland qui est… le nom d’une série espagnole. Argh, damn it !