Il était flic et il faisait du bon travail. Mais il avait commis le crime le plus grave, en témoignant contre d’autres flics qui avaient mal tourné… Non attendez, je me trompe de héros musclé. Mais on n’en est pas loin, car dans The Cape, c’est un flic réglo du nom de Vince Faraday qui se retrouve pris au piège, lorsqu’il découvre que son ami de toujours est un pourri.
Circonstances aggravantes, la police de la ville où il a toujours vécu est la première du pays à être intégralement privatisée après que le chef de la police, fraîchement nommé, se fasse assassiner quelques minutes après son discours d’investiture. Désormais, la sécurité de Palm City est assurée par une organisation du nom d’ARK, une compagnie qui a fait fortune en vendant les services d’une milice privée à l’armée américaine lors de conflits à l’étranger. Aux commandes d’ARK se trouve le suave Peter Fleming, un dirigeant qui apparaît plein de bonnes intentions devant les caméras, mais qui cache de bien sombres desseins. Une seule personne ose mettre en garde les citoyens de Palm City, le mystérieux « Orwell », un personnage dont l’identité est maintenue secrète, et qui dispense des messages d’avertissement quant aux choses qui se trament dans l’ombre des palmiers de la ville. Hélas, sa communication n’a pas l’impact du service de communication d’ARK.
Dans tout cela, Vince Faraday se retrouve balloté d’un évènement à l’autre, de la cérémonie d’investiture du chef de la police (aussitôt suivie de l’assassinat de celui-ci), jusqu’à l’offre de son ami de toujours qui vient de rejoindre les forces d’ARK, et qui lui propose d’en faire autant. Bien qu’appréciant peu le concept de police privée, Faraday entend poursuivre son travail pour la population de Palm City, et espère qu’au moins, l’organisation saura écarter les ripoux… jusqu’à ce qu’il découvre, pour avoir trop posé de questions (dés son premier jour de travail !), qu’ARK est gangrénée jusqu’à son sommet.
Homme d’affaires le jour, Peter Fleming est en effet, la nuit, le terrifiant Chess, un supervilain détestable qui a tôt fait de capturer Vince, et de lui donner la chasse en lui faisant porter le chapeau de l’assassinat du chef de la police. Avec toute la milice de Palm City à ses trousses, Vince est filmé par la télévision locale dans une terrifiante course-poursuite sur les docks, ponctuée par une immense explosion. Est-il mort ?
Eh bien non, évidemment, sans quoi il n’y aurait pas de série. Dans les bas-fonds de Palm City, Vince est récupéré par une bande de freaks pas comme les autres, le Carnival of Crime : un cirque qui s’est reconverti dans le braquage de banques. Avec ce que Vince sait de la sécurité des banques de Palm City, notre homme parvient à s’acheter une place parmi le carnaval. Désormais pris sous l’aile du chef du cirque, un homme du nom de Max Malini, notre ex-flic Vince ne souhaite que rétablir la justice. Il va donc devenir The Cape, apprendre les arts du cirque, et désormais agir masqué pour dévoiler la vraie nature d’ARK, et ses machinations terribles pour prendre le contrôle de Palm City. Et pour cela, la rencontre avec Orwell va s’avérer aussi déterminante qu’avec le Carnival of Crime…
The Cape est différente des séries dont nous avons traité cette semaine, pour deux raisons.
La plus évidente, c’est qu’elle n’est pas tirée d’un comic existant. NBC n’avait visiblement aucune intention de signer avec Marvel ou DC. Trop onéreux ! Le network s’est du coup dégoté un superhéros de première fraîcheur, sur mesure. Certes, la contrepartie est qu’il faut bâtir le mythe de ce superhéros, et honnêtement, The Cape s’en sort plutôt bien. Tout y est : le drame personnel qui pousse à devenir un justicier masqué, la déchirure personnelle (la femme et le jeune fils de Vince le croient mort) et l’obligation de maintenir une double identité… on a toute la panoplie du genre. A cela il faut ajouter un don pour inventer des méchants très méchants (Chess, avec ses lentilles en forme de pièces d’échiquier, ou dans une moindre mesure Scales, avec son visage si… particulier) et un univers à la fois macabre et haut en couleurs (le Carnival of Crime est délicieux aussi bien dans son chapiteau souterrain que dans ses expéditions bancaires). The Cape suit parfaitement le patron et colorie sans dépasser les bords ; à l’exception de son contexte ensoleillé de Palm City, ce pourrait parfaitement être Batman.
Mais le plus intéressant pour The Cape, c’est que son héros lui-même provient d’un comic. Non alors, je sais, ne relisez pas le paragraphe précédent, je vous ai dit que NBC avait tout inventé. Mais dans la série, le fils de Vince lit des comics, et son préféré… c’est celui de The Cape ! C’est pour cette raison qu’après être tenu pour mort, Vince décide de prendre très exactement cette apparence : pour donner de l’espoir à son fils (et lui apparaître ni vu ni connu, aussi). Et pour faire plus réaliste, NBC a donc commandé un comic The Cape (animé !) relatant les aventures de ce superhéros qui n’existe pas, mais qui existe dans la série, et qui a inspiré Vince pour devenir un superhéros. Vous suivez toujours ?
Bon, même si vous ne suivez pas, c’est pas grave : on peut récapituler en disant que The Cape, la série, a permis à The Cape, le webcomic, d’être créé, et ça c’est plutôt original pour un superhéros dont personne n’avait jamais entendu parler. Bien que fonctionnant sur un rapport différent entre TV et comics, ça n’est pas sans rappeler, aussi, la démarche de Heroes, également sur NBC.
Hélas, ça n’a pas suffit à créer une nouvelle légende, et The Cape n’a duré qu’une maigre saison (raccourcie).
Ce n’est pas absolument dommage, avouons-le, car la série ne débarquait pas avec une tonne d’originalité dans sa besace (précisément pour les raisons énoncées ci-dessus). Mais il fallait du culot pour tenter le coup.