Vous vous souvenez de ces séries fantastiques ou de science-fiction, dans les années 80/90, avec les costumes ridicules qu’on avait la bonne grâce de croire cools ? Vous vous souvenez des décors laids à base de papier mâché et de carton peint, dans de grands entrepôts, qu’on n’essayait pas vraiment de rendre esthétiques ? Vous vous souvenez des méchants très méchants, des gentils souvent torturés, des dialogues ahurissants de simplicité caricaturale qu’on oubliait à peine prononcés ?
Il faut dire, on était mômes, en ce temps-là. Peut-être pas vous précisément, mais télévisuellement, on était une culture un peu plus jeune il y a quelques décennies de ça. Et on se contentait de ce qu’on avait.
L’heure est largement arrivée cependant de ne plus vivre dans nos souvenirs, hm ?
How the mighty have fallen !
Pour une première tentative dans la fiction, Powers n’est pas une entrée en fanfare dans la cour des grands pour Playstation. Certes, 21e siècle oblige, aux ingrédients ci-dessus s’ajoutent des fonds verts et autant de filtres colorés qu’il est humainement possible d’en ajouter à des projecteurs, ce qui permet de limiter la casse, mais il n’y a franchement pas de quoi pavoiser.
Je reconnais ne pas connaître le matériau d’origine, c’est vrai. De la même façon que lorsque j’ai vu Watchmen, il m’a fallu admettre rapidement tout un tas de données sur les superhéros et leur timeline, j’ai au début mis ma déception sur le compte de ma désorientation. Tant de données à emmagasiner… tant de noms, surtout ! Des superhéros que je ne connais pas et dont, du jour au lendemain, je suis supposée penser qu’ils sont les plus incroyables de tous les temps.
Mais ce n’était pas vraiment ça le problème, et je m’en suis progressivement aperçue alors que Powers se débattait avec une intrigue bateau, jalonnée de tous les clichés du genre imaginables (ou plutôt, sans imagination). Du flic ombrageux qui perd son partenaire et doit faire équipe avec quelqu’un de nouveau malgré lui, au méchant criminel qu’il faut visiter en prison, Powers nous fera TOUT.
Et à vrai dire, pourquoi pas ? Tant qu’il y a quelque chose derrière. Sur le fond malheureusement, Powers est à la peine.
On sent que ce premier épisode tente de dire quelque chose, mais c’est confus et surtout très maladroit dans la façon dont ça se traduit à l’image. Parler des pouvoirs perdus du personnage principal Walker, ex-superhéros officiant sous le nom de Diamond, nous est répété encore et encore sans beaucoup bâtir sur l’existant. A la cinquantième fois où quelqu’un le reconnaît pour le héros qu’il fût autrefois, on a intellectuellement déserté la série, franchement. Dans un long soupir excédé, on se demande si on a l’air idiot ou si ça vient plutôt du scénariste. Ce n’est pas comme si, avant la fin de cet épisode, on nous préparait le moindre développement sur le sujet, bien au contraire, et ça rend la répétition vraiment usante et stérile.
Quant à la discussion autour du « star system » des superhéros, elle reste très superficielle, sans vraiment nous donner envie d’approfondir les méandres du monde des « powers » puisque de l’aveu-même de Walker, la nouvelle génération est une bande d’oisifs ayant juste envie de se montrer, pas vraiment animés d’un moindre sentiment de justice. Du coup, pour avoir envie d’y passer toute une saison, bonne chance, les amis. Il aurait pu se dire quelque chose d’intéressant sur la micro-société des « powers », à l’heure des videos Youtube et du personal branling, mais ç’aurait obligé Powers à être un peu désobligeante avec… son cœur de cible, les jeunes et les fans de superhéros. Il faudra donc se contenter de quelques saillies sans énergie de la part du héros.
Powers refuse à être sombre, se refuse à être caustique, se refuse à entrer dans le vif d’un sujet (franchement, n’importe lequel, à ce stade), se refuse à être un pur guilty pleasure. On mange un peu à tous les râteliers et le résultat n’est pas loin d’être catastrophique. Si on ajoute à tout cela le look désuet d’une série qui cherche à être futuriste et rétro en même temps sans la moindre élégance, ça donne un résultat du plus mauvais goût. Même The Tick paraît élégant à côté.
Je ne suis sûrement pas dans la cible : j’étais devant la télé dans les années 80 et 90, sans doute que maintenant je suis au bord de l’overdose dés que je vois des costumes comme ceux-là : perruques fluos, latex brillant, maquillage de carnaval…
Mais allez-y, continuez sans moi ! Vous me raconterez… si votre cerveau ne finit pas réduit en purée.
Nan mais mirez-moi ce costume.