Le suspense reste entier quant à la saison finale d’A la Maison Blanche, dont la review attendra un peu ; pour rester dans le cadre de notre semaine spéciale sur les séries pour la jeunesse, je vous propose en effet de revenir en ce vendredi sur Nowhere Boys, dont j’ai déjà pu vous parler par le passé. Cette fois, je vous propose une review intégrale de la première saison de la série !
Souvenez-vous : au terme du pilote, on avait laissé Felix, Sam, Jake et Andy pantois devant une découverte effrayante. Ils avaient en effet disparu en forêt, passé la nuit sous les feuillages, et, lorsqu’ils avaient réussi à retrouver leur chemin et donc leur famille… plus personne ne les connaissait.
Les quatre adolescents réalisent progressivement que non, ce n’est pas un blague, oui, tout le monde les a oubliés et… ah, en fait, ils n’ont peut-être même jamais existé. Ce qui est toujours un peu dur à vivre quand on a l’amour-propre d’un adolescent ! Qu’est-il arrivé aux Nowhere Boys ? Se pourrait-il qu’ils ne soient pas vraiment rentrés chez eux ? Et dans ce cas, quelle est la solution ?!
Nowhere Boys met en place sa stratégie très tôt, et elle sera immuable de bout en bout de la saison.
Il y a le fil rouge, l’intrigue principale : où sont les quatre garçons ? …Et si ce n’est pas vraiment chez eux, comment peuvent-ils y retourner ? Exploitée dans absolument chaque épisode (c’est l’avantage des saisons courtes : pas besoin de filler), cette intrigue connaît divers rebondissements et aventures. Or ces évènements remplissent un seul épisode, formant une aventure qui peut se regarder de façon indépendante. Cette aventure, plutôt conventionnelle, permet à n’importe quel spectateur de tout de même comprendre ce qui se passe, puisqu’en une demi-heure, l’enjeu est posé, l’objectif identifié, le but atteint (ou pas), la conclusion donnée. Grâce à cette structure, Nowhere Boys s’assure de son accessibilité, tout en construisant toujours sur l’acquis pour faire avancer sa trame. Un équilibre bien trouvé qui permet à la fois de sacrifier aux demandes du diffuseur, tout en promettant de ne jamais perdre trop de temps pour toucher au but.
Ça donne des aventures bon enfant au cas par cas, avec des héros qui courent dans les bois, les rues, les couloirs, les tout ce qu’on veut ; et puis ça donne en même temps une série qui, parce qu’elle sait ce qu’elle veut, a une mythologie solide.
Cette mythologie, quelle est-elle ? Eh bien, si vous n’avez rien contre les spoilers, ça se passe dans le paragraphe qui va suivre ; sinon, passez au-dessus de ces quelques lignes sans toucher 20 000.
Après avoir un temps imaginé être les seuls rescapés d’une amnésie collective (ce qui va les pousser à tenter de chercher des preuves de leur propre existence !), les garçons commencent à envisager la possibilité d’avoir basculé dans un monde parallèle via un vortex, sans trop savoir comment celui-ci est apparu. Ce qui gêne d’autant plus la réversibilité du phénomène, on l’imagine. Les théories scientifiques d’Andy s’avèrent de plus en plus fumeuses, à mesure que le facteur magique prend de la place dans leurs vies, auquel Felix croit fermement. Finalement, les quatre garçons découvrent que c’est à un acte de sorcellerie qu’ils doivent leur présence dans un monde parallèle ! Mais la sorcellerie, ça n’arrive pas par hasard…
C’est bon, vous pouvez reprendre la lecture !
L’avantage de Nowhere Boys, c’est que son intrigue étrange est prétexte à mettre les garçons face à plein de choses qui leur semblaient évidentes ou acquises. Car en atterrissant dans un monde où ils ne sont jamais nés, ils vont voir ce que leurs parents, frères et sœur, grand-parents, et enjeux amoureux, sont sans eux… et ce n’est pas forcément tragique, loin de là. Elle se loge là, la blessure première des Nowhere Boys, dans le fait que leur existence, parce qu’elle est porteuse de conséquences par définition, peut avoir été un peu compliquée pour leurs proches restés à la maison. Mais dans ce monde, ils ne se portent pas si mal sans eux… voire même carrément mieux ! C’est une sacrée claque à prendre.
Outre ces problématiques, qui vont forcément revenir de par la douloureuse claque qu’elles représentes, les quatre garçons vont aussi apprendre à remettre en question leurs relations sociales. Les petites amies qui ne sont plus des petites amies dans ce nouveau monde, les meilleures copines qui sont totalement différentes et ont des centres d’intérêt radicalement opposés, les camarades de classe qui tiennent leur rôle et leur renvoie parfois une bien déplorable image de leurs actions… les adolescents vont découvrir, de façon relativement subtile, qu’ils sont loin d’être irréprochables dans leur quotidien normal.
Il y a, enfin, cette histoire de « clans » : Nowhere Boys décrit, en creux comme de façon explicite selon les épisodes, une hiérarchie sociale au sein de l’école, qui conditionne les réactions aux uns et aux autres avant même d’apprendre à se connaître. Évidemment liés par leur expérience extraordinaire, les quatre jeunes héros vont apprendre à s’apprécier (toutes proportions gardées), à se faire confiance, à partager des moments douloureux et des espoirs déçus, et donc à surmonter les différences de façade. C’est un peu The Breakfast Club avec du paranormal, et ça c’est quand même une chouette idée. Surtout que ce n’est pas fait de façon lourdingue, et avec plein de rebondissements et de tribulations pour piquer l’intérêt des jeunes spectateurs.
En cela Nowhere Boys est parfaitement consciente de sa cible, puisque la chaîne australienne ABC3 sur laquelle elle est diffusée ratisse large : l’objectif de cette chaîne publique est de s’adresser aux 3-20 ans ! Et ici un peu tout le monde peut aisément y trouver son compte, justement.
Au final, Nowhere Boys est plus qu’une aventure fantastique : c’est une vraie série pour la jeunesse avec une ambition claire : divertir les plus jeunes, et surtout s’adresser directement aux adolescents. C’est juste que pour atteindre cet objectif de discussion, la série se permet d’utiliser le fantastique… ça ne vous rappelle rien ? Alors la formule de Nowhere Boys n’est pas originale, loin de là ; mais son exécution est réussie. Et cette première saison parvient, par son mélange fantastique/dramatique, à vraiment donner envie de la suivre ; pas parce qu’elle était à mon programme de la semaine, mais parce que je m’amusais réellement à voir les garçons se chamailler, se soutenir et se battre contre des forces qui les dépassent.
Et la deuxième saison ? Eh bien elle s’est achevée il y a quelques jours… alors, si vous êtes intéressé, faites-le moi savoir ci-dessous, et on discutera ensemble de la suite de la série !