Le weekend dernier c’était mon anniversaire (nan mais vous allez voir, je ne remets pas ça sur le tapis gratuitement), et pour fêter ça, ma sœur et moi nous sommes retrouvées chez elle. Ma sœur a failli être une téléphage à une époque, elle était avide de découvertes et elle me suivait sur les chemins téléphagiques les plus ardus… et puis elle a mal tourné et maintenant elle dit du bien de Whitney, bon. Ce fut un échec cuisant de mes tentatives de contagion. Heureusement que je vous ai, quand même.
Mais de temps en temps, peut-être parce qu’elle a gardé un semblant de réflexe, ou parce qu’elle me connaît et qu’elle me sait au désespoir (elle regarde Pretty Little Liars, aussi), elle remet un coup de collier et fait un effort. Pour mon anniversaire, puisque pour une fois on était chez elle et non chez moi au milieu de ma collection de DVD, elle m’a proposé de regarder une série qu’elle avait sur son disque dur et qu’elle n’avait pas encore testée. On a donc lancé le pilote de la série britannique Identity ensemble, dont j’avais vaguement vu passer le nom mais sans plus, et dont j’ignore pour quelle raison elle l’avait sous le coude. Parfois vaut mieux ne pas poser de question.
Identity est une série policière, encore une, mais qui a tenté de se créer un contexte original puisqu’elle se déroule au sein d’une unité travaillant exclusivement sur les usurpations d’identité. Un crime pas franchement récent mais dont les évolutions modernes sont au cœur du propos de la série.
Le point de départ de l’enquête de ce pilote (et qui laisse penser que la série est procédurale avant tout), c’est qu’un ancien militaire tient plusieurs policiers en joue alors qu’il s’est retranché chez lui. On comprend qu’ils sont venus l’arrêter parce qu’une jeune femme a été renversée par une voiture, mais l’homme jure que ce n’est pas lui : quelqu’un a volé son identité. Un certain « Smith », dit-il.
L’unité de Martha Lawson est immédiatement placée sur l’affaire, du moins dés lors que l’homme a été arrêté par un sniper et blessé avant qu’il ne se suicide. Ce n’est pas un grand département de la police, mais il recrute : un nouveau détective, John Bloom, rejoint le service après avoir travaillé dans une toute autre branche. On apprend d’emblée à son sujet qu’il a passé 15 ans en sous-marin auprès de la mafia, qu’il s’en est sorti avec de graves blessures et qu’il est tout juste apte à reprendre du service… et que si ce n’est pas le cas, Lawson ne doit pas chercher à le récupérer, mais le mettre à pied sur le champs. Ambiance.
Par-dessus le marché, Bloom n’est pas spécialement ouvert aux questions de vol d’identité. Son premier réflexe est l’incrédulité, à la fois par tempérament personnel, on le sent, mais aussi, plus implicitement, parce qu’il ne baigne pas dedans comme l’équipe de Lawson.
Et pourtant, par plusieurs scènes explicatives, Identity nous explique que, par les temps qui courent, il est extrêmement facile de voler l’identité de quelqu’un, de pister quelqu’un, d’utiliser ses données pour lui nuire et ainsi de suite. Je ne vous cache pas qu’une bonne partie de ce pilote a été passée, en ce qui me concerne, à me demander si je ne pourrais pas donner une nouvelle chance à Person of Interest à l’occasion, mais c’est pas le sujet qui nous occupe aujourd’hui. En tous cas il s’avère que, oui, le militaire est bien la victime d’un « Smith », et l’épisode va progressivement lever le voile sur cet usurpateur d’identité qui n’en est pas à son coup d’essai, et a des motifs bien particuliers.
En-dehors du cadre bien spécifique de ses enquêtes, Identity n’est pas franchement originale. C’est une série policière qui suit une trame très classique, tout en ajoutant un peu de high tech pour faire bonne mesure, et en rappelant au spectateur, à coups de gourdin s’il le faut, que désormais il est traqué quoi qu’il fasse et où qu’il aille. Pas franchement subtil.
La seule vraie élégance d’Identity est d’avoir enrôlé Aidan Gillen pour le rôle de Bloom, ce qui est d’une perfection sans nom puisque ça lui donne l’occasion de stuartalanjonesiser à longueur d’épisode, comme jamais depuis Queer As Folk, et probablement comme jamais après Identity (encore que, je n’ai pas encore osé tenter la mini-série Charlie ; son nom et le timing ont joué contre elle). Il habite parfaitement ce personnage rentre-dedans comme il sait si bien le faire, ce qui ne donne que plus de panache au final de l’épisode qui laisse augurer d’un maigre fil rouge autour de ses 15 années de service précédentes.
En-dehors de cela, il n’y a pas de quoi pavoiser. Identity est une production propre mais sans grande ambition. Elle exploite son sujet original juste ce qu’il faut pour accomplir ce qui est accompli… par trouze séries policières avant elle. Le simple fait que son seul arc narratif pour le moment n’ait rien à voir avec les données des citoyens montre bien le peu de cas qu’elle fait de son contexte.
Cela étant, disons les choses comme elles sont : pour toutes les fois où je l’ai forcée à regarder le pilote de Hellfjord ou de Capitu, ma sœur m’a fait découvrir une série. Et ça, c’était un chouette cadeau d’anniversaire ! Mais je garde quand même les autres, hein.