Place des petits hommes

30 janvier 2015 à 12:00

Comme chaque vendredi depuis le début de l’année, on part pour Washington rejoindre les couloirs d’A la Maison Blanche. Il est déjà temps de parler de la 5e saison, c’est-à-dire qu’on est très officiellement, je suis navrée de vous l’apprendre, en train d’arriver au bout…
Ce qui avait manqué de ne pas être mon cas ! Révélation : il y a bien des lunes de ça, j’avais fui en cours de saison 5 (à trois épisodes de la fin apparemment), sans motif valable, sans motif tout court. Ce qui signifie que je revivais avec cette 5e saison mon tout dernier revisionnage, avant d’entrer dans les inédits…
En tous cas une chose est sûre, Sorkin, lui, a déjà mis les voiles.

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Et il laisse son Président un peu sur le carreau. Entre la fin de la saison précédente et le début de celle-ci, Bartlet a pris de coups durs, dont il a du mal à se relever.

Cela formera, en fait, le seul véritable fil rouge de la saison : gérer les suites de l’enlèvement de Zoey, et les difficultés du couple Jed/Abbey suite à ces évènements sombres et angoissants. Ce seront d’ailleurs les seules intrigues personnelles vraiment fouillées de la saison : on ne se préoccupe plus trop de Toby et son ex-femme Andy ; Charlie semble s’être assis sur ses espoirs avec Zoey ; les amours de CJ sont traitées sur le ton de la légèreté). Ça fait un bien fou, soit dit en passant.
Alors A la Maison Blanche revient plus facilement à des arc plus courts, des épisodes plus isolés, des incidents dont on discute une semaine seulement. Pour moi qui avais apprécié l’évolution de la série sur ce point, j’avoue que ça désaoule un peu, mais en même temps c’est assez nécessaire vu l’ambiance générale de la série. Inutile d’en rajouter.

D’ailleurs ce n’est pas non plus comme si on se retrouvait à Disneyworld : comme dans la saison précédente, une forte dominante d’intrigues internationales (rarement pacifiques) viennent nous rappeler que le mandat de Bartlet n’est pas de tout repos, jamais. Là où les saisons précédentes avaient tenté d’éluder l’obsession nationale (saison 3) ou la paraphraser (saison 4), A la Maison Blanche ne cherche plus à tourner autour du pot, et parle du Moyen-Orient, des préoccupations américaines du moment à son sujet, de l’oppressante impression de dangerosité permanente.
Cette dangerosité semble aussi venir de l’intérieur. Dans cette saison, Leo a le pouvoir ; il le doit essentiellement au fait que Bartlet se ressaisit, qu’il a besoin de temps pour le faire, et que personne n’y regarde de trop près pour savoir comment la machine fonctionne. Or si l’on se souvient bien, l’un des problèmes soulevés par Toby après la révélation de la sclérose en plaques, c’était précisément que Leo n’avait pas de mandat pour faire tourner la boutique. Volontairement ou non de la part des scénaristes, A la Maison Blanche nous ramène à cette interrogation, alors que Leo apparaît parfois comme un danger. il n’écoute plus personne, pas même les proches conseillers du Président. Ses décisions sont brusques, souvent dans la confrontation et l’agressivité, obstinées : il n’a aucun don de remise en question, et réagit très mal envers quiconque tente de lui parler, d’argumenter, ou simplement de lui recommander la prudence. Sa loyauté envers Bartlet s’avère être le pire ennemi de cette administration, y compris après que le Président Bartlet revienne aux affaires et qu’il désapprouve ses décisions (quelque chose d’encore plus évident dans le final de la saison). Sa loyauté envers d’autres, comme par exemple son ami pendant le Vietnam, manque également de créer un nouveau scandale. Il est devenu systématiquement belliqueux et semble parfois se plaire à parler pour le Président, y compris en dépit des ordres de celui-ci.
Bien-sûr tout ceci n’est pas nécessairement voulu par la série, qui a régulièrement par le passé, déjà, montré combien le rôle de Leo était ingrat. Ici, on ne tranche jamais vraiment, la série continuant d’essayer de nous le montrer comme un ami des Bartlet ; mais dans les faits c’est quand même très perturbant côté spectateur.
D’une façon ou d’une autre, tout le monde apparaît diminué dans cette saison : de Bartlet qui a perdu son jus pendant une bonne partie de la saison (à l’exception de la question budgétaire, grande saga de l’hiver), Leo qui se montre de plus en plus ombrageux, mais également Toby qui s’énerve encore plus que d’habitude surtout contre Will, Josh qui a merdé au point d’être mis sur le banc de touche une bonne partie de la saison (merci Leo, au passage) ou même CJ qui fait quelques bourdes. On les a vus se battre comme de beaux diables l’an passé, et remporter la victoire, mais on les sent au bout, fatigués, nerveux. A se demander si deux mandats, ce n’est pas tout simplement un de trop. Pour preuve, les idéaux en ont pris un coup…

A cela il faut encore ajouter que dans A la Maison Blanche désormais, tout n’est que conséquences. On l’avait déjà un peu vu en saison précédente : aucune action ne reste impunie. Par exemple, la démission du Vice-Président Hoynes avait été perturbante (le premier réflexe de Leo et du Président était d’essayer de spinner l’affaire), or elle a des répercussions en saison 5 lorsque Hoynes lui-même tente de politiser son scandale, et raconte que Leo et le Président Bartlet ont voulu le couvrir. Ce qui est VRAI, c’est sûrement ça le pire. Une fois encore, plus de peur que de mal : comme avec la maladie du Président, quelques pirouettes permettront d’éviter des problèmes graves. Mais preuve est faite que la leçon n’est pas apprise du côté des protagonistes (fort heureusement, elle est acquise côté scénaristes).
Dans la tourmente, nous avons aussi hérité d’un nouveau Vice-Président. Hélas celui-ci n’est pas toujours exploité, en dépit d’une performance irréprochable de Gary Cole. C’est assez dommage, car sa double-personnalité (Russell semble inoffensif, mais il ambitionne de passer à l’offensive) et la façon dont l’administration Bartlet traite, quasi-pathologiquement, ses VP comme des pions et non comme des membres du cabinet, auraient pu donner une combinaison explosive. On verra tout juste quelques ponctuelles étincelles, l’essentiel du choc étant, qui plus est, absorbé à un niveau hiérarchique moindre.

Tout cela semble bien sombre mais malgré cela, ou peut-être grâce à cela, on trouve quelques excellents épisodes, comme toujours. Ainsi, grâce au court mandat de début de saison de Glenallen Walken, on a droit à un épisode fantastique sur les anciens Présidents, The Stormy Present, l’un de mes préférés cette saison. La série s’autorise en cette occasion et quelques autres (et ça peut sembler paradoxal alors que cette saison est plus mouvementée), de revenir à la réflexion sur ce qu’est la Présidence, ce qu’elle représente pour le cercle fermé de ceux qui savent, et sur le poids des responsabilités, quelque chose qui, avec les élections, avait été balayé. Le résultat est bon, et permet de faire revenir une réflexion qui était dans les intentions initiales de la série ; hélas le traitement ne va pas toujours aussi loin que je l’aurais souhaité, mais à l’impossible nul n’est tenu, et la saison est déjà bien chargée.

Et puis, comme d’habitude, A la Maison Blanche réussit terriblement bien ses season finale. On sent qu’il y a clairement une surenchère à chaque fin de saison, mais comme à chaque fin de saison on exulte et on brûle d’impatience de voir la suite, on pardonne ; toujours. Une fois de plus A la Maison Blanche me laisse pantelante devant mon écran, le souffle court… ont-ils osé ?!

ReviewdeSaisonChaqueVendrediMinimum-650

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Et pour ceux qui manquent cruellement de lecture…

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