At this very moment in the town of Los Angeles… Down Dog commence comme une version désillusionnée de Pushing Daisies, le narrateur omniscient y étant pour beaucoup dans les comparaisons. De la même façon que le Piemaker nous avait été montré à un moment fondamental de son enfance pour ouvrir le pilote, le premier épisode de Down Dog nous raconte ce qui est au centre de l’existence de Logan : l’herbe. Si ses parents n’avaient pas fumé (et dealé) de la marijuana alors qu’il n’était qu’à l’état de fétus, il n’y aurait pas d’histoire. Avec exactement le même ton de magnificence sarcastique, notre narrateur va nous expliquer comment Logan est devenu l’adulte que nous allons suivre. Voilà le secret : avec beaucoup de charme et une capacité hors-normes, pour ne pas dire surnaturelle, à ne se soucier de rien.
Ah, ça c’est sûr, pour la féérie dans Down Dog, on repassera. Mais le décor est bien planté.
Le problème, c’est l’après. Si le spectateur est capable de prendre les choses à la légère sans avoir envie de chercher plus loin, comme son personnage principal, ça ne devrait pas être trop compliqué d’accrocher à ce pilote.
Hélas je suis plus compliquée à satisfaire. Et toutes les comparaisons du monde avec Pushing Daisies ne m’ont pas empêchée de constater à quel point le personnage central de Down Dog, par définition flottant, est difficile à apprécier. Comment sympathiser avec un personnage qui se laisse porter et n’affiche pendant la plupart de l’épisode aucune volonté, aucun souhait propres ? Mais à la longue je suppose que, si la série venait à être commandée, ce serait faisable. Et puis, la série pourrait lui en trouver, des objectifs, c’est pas un soucis. En tous cas au stade de ce pilote ça ne fonctionne pas.
Le seul truc qui aurait pu rendre la série pire, c’est si Logan avait accepté de vendre de l’herbe pour le compte de son père, et ainsi nous faire un Breaking Bad. J’y ai vraiment cru à un moment, mais non, on aura au moins évité cet écueil (pour le moment : les questions financières de Logan ne sont pas du tout résolue au terme du pilote). Tomber dans l’illégalité pour maintenir son style de vie, c’est une truc cent fois vu, dans Weeds, Lights Out, Hung et cent autres séries de ces dernières années. Merci de nous épargner la resucée.
Le pire cependant, c’est le traitement des personnages féminins dans Down Dog. La série les traite exactement comme le fait Logan : soit comme des outils (les charmer lui permet de se sortir de n’importe quel mauvais pas), soit comme des chieuses (essentiellement parce qu’il abuse de leur patience). La fin du pilote laisse vaguement entrevoir, de par le monologue d’un des amis de Logan, que c’est plus ou moins conscient de la part de la scénariste Robin Schiff, mais l’épisode ne dépasse jamais ce stade et se conclut même par un retour aux mêmes réflexes malgré cette intervention. L’épisode interroge beaucoup plus, par rapport, l’absence de prise de responsabilités du personnage central dans sa vie professionnelle au sens large, et son sens des réalités, bien plus explicitement remis en question. Mais tout au long de ce premier épisode, Down Dog va nous montrer Logan coucher avec des femmes ou prendre un air piteux en réalisant qu’elles ne le soutiennent pas (ou plus). C’est très binaire et simpliste, et je ne me suis pas sentie satisfaite du peu qui a été fait pour remettre en question ce manichéisme.
A côté de ça il reste quelques bons côtés, mais ils ne rattrapent pas l’épisode. S’attaquer au monde du yoga, pourquoi pas ; mais ici on reste pour le moment dans le superficiel, et on en tire assez peu de gags ou répliques. Dommage pour une série qui se prétend être une comédie. Quand à la musique bollywoodienne, c’était sympa mais parfois un peu lourd pendant les scènes les plus longues, surtout qu’on a l’impression que la même chanson tourne parfois en boucle… ce qui, quand les scènes sont déjà un peu chiantes, pose d’autant plus problème.
Pas le temps de tester tous les pilotes sortis cette semaine par Amazon ? Bah je vais vous faire gagner du temps : zappez Down Dog.