« Qu’est-ce qu’on fait, aujourd’hui ?
– On apprend à sauver le monde.
– Avec des capes !
– Avec des masques !
– Et joue-nous un air de guitare… »
Next Day est une drôle d’expérimentation, le genre qu’on ne peut confier qu’à des enfants au théâtre, mais qu’enfant, je détestais jouer au théâtre. Comme quoi. Sauf qu’avec le regard d’une adulte calé au fond de son siège, pendant que la petite troupe s’agite d’une belle énergie sur scène, c’est forcément un peu différent.
Il n’y a pas vraiment d’histoire et chacun peut interpréter les tableaux sous l’angle qui lui sied : les 11 enfants sur scène sont-ils pris sur le fait, en plein milieu de leurs jeux et activités imaginaires ? On aimerait y croire pour eux mais peut-être que ce serait trop simple. Sont-ils en train de se former, dans leur académie de superhéros, à sauver le monde de demain ? Ce serait super pour tout le monde. Mais peut-être sont-ils vraiment tous seuls dans un monde effrayant.
Comme il n’y a pas vraiment de dialogues non plus, et que de toute façon les 13 comédiens sont flamants, on peut tout imaginer, nous aussi. Avec leurs instruments de musique (qui leur permettront entre autres de nous offrir une version énergique de Smells Like Teen Spirit – les superhéros sont aussi rockers), leur cubes en mousse et leur vêtements fluo, ils vivent dans un monde que nous ne comprenons pas totalement, une métaphore presque trop facile.
En un peu plus d’une heure, Next Day oscille entre les jeux d’enfants désordonnés, messes basses dans le fond de la scène, séquences musicales électriques, et moments plus mélancoliques (voire même distribution de crêpes). Si les adultes ont vraiment disparu et qu’ils sont désormais seuls face aux problèmes de la planète dont ils nous font une longue liste, sans compter les attaques extraterrestres (légitimement terrifiantes), alors nos 13 superhéros ne sont pas tirés d’affaire. En fait, dans tous les cas, ces enfants sont bien mal barrés et il faut espérer qu’il ne perdent ni leur énergie désordonnée, ni leur enthousiasme increvable, en grandissant.
La pièce ne cherche pas à répondre à nos questions, et ne proposera pas plus de réflexion que cela. Nous laissant aussi seuls que les enfants dans leur terrain de jeux, ou leur académie de superhéros, ou leur terrain vague (selon votre théorie) pour démêler tout ça. Ce n’est que justice. Mais ce n’est pas forcément le genre de théâtre qui me fascine, un peu trop superficiel quoique réussi.
Plus une célébration du talent, de l’enthousiasme, de l’énergie de ses 13 héros, qu’une véritable composition sur une histoire ou un thème précis, Next Day est avant-tout un concept.