Après en avoir parlé dans l’article de la rentrée nippone, j’ai eu envie de me refaire un épisode ou deux de Shinya Shokudou ; finalement je me suis lancée dans un marathon et je suis déjà au milieu de la saison 2. Autant vous dire que la saison 3 ne peut pas arriver suffisamment vite.
Il n’y a pas grand’chose, de menus détails, vraiment, que je puisse vous dire sur Shinya Shokudou que je n’aie déjà dit dans des articles passés (du coup je vous l’ai remis ci-dessous), aussi ce ne sera pas mon sujet du jour.
Par contre, pendant ce revisionnage impromptu, penchée au-dessus de mon bureau avec mon thé, le sourire béat et les yeux curieusement humides (et l’estomac qui gargouille, aussi, toujours un peu), je me suis demandé combien de séries parviennent à susciter le même émoi au bout d’un, deux, trois, voire sept cent douze revisionnages. Devant Shinya Shokudou, une série que j’ai découverte il y a 3 ans à peine, ce ne peut pas être une question de nostalgie ; l’émotion est toujours présente et elle semble intacte depuis le premier jour.
C’est parfois difficile de ne pas comparer l’expérience que procurent certaines séries à la religion (en tant qu’athée, c’est toujours une comparaison risquée à faire). Ca paraît ridicule, peut-être ; alors disons que regarder des séries s’apparente à une philosophie. De nos jours, tout peut être une philosophie, après tout, la nourriture, l’exercice physique… alors pourquoi pas les séries ?
Comment expliquer, sinon, la foi implacable que je continue d’avoir, bon an mal an, dans les production télévisées de la planète ? Quoiqu’il arrive, quels que soient les navets que je teste, je continue d’être convaincue qu’il y a d’excellentes séries qui n’attendent que d’être vues. Et c’est pas pour dire, mais j’ai raison, et je me le prouve quasiment chaque semaine avec, par exemple, au moins un pilote qui me ravit, et, certes un peu plus rarement, un pilote qui m’ébranle. Chaque semaine apporte ses découvertes et ses satisfactions, mais aussi et surtout, des émotions, des réflexions, bref, des expériences intimes. Je ne parle même pas de tout ce qui est périphérique (la lecture, la recherche, l’écriture), qui sont autant de phénomènes importants et enrichissants ; rien que le visionnage est déjà un rite fantastique. Et un rite qui, en soi, est effectivement toute une philosophie de la curiosité et du bouleversement.
Bien-sûr je pratique ma téléphagie à ma façon ; et de nos jours il n’existe plus deux personnes qui regardent des séries exactement de la même façon. Mon fonctionnement téléphagique s’est adapté à cette spiritualité cathodique, et inversement. Il va sans dire que je vois dans la téléphagie ce que j’ai envie d’y voir, les valeurs que j’y trouve sont peut-être autant un transfert qu’une véritable révélation divine, mais qu’importe ? La curiosité par exemple, si importante à mes yeux, trouve avec les séries une expression quotidienne et aux facettes multiples, et l’essentiel reste que j’ai réussi à trouver un moyen de connaître ces sensations de façon régulière. J’aurais sûrement pu la trouver dans autre chose (quand j’étais ado, j’étais une grande lectrice, ç’aurait pu ne jamais changer). Mais je l’ai trouvée dans les fictions télévisées et je ne regrette pas une minute passée, une ligne écrite, un centime déboursé (ok, si, peut-être la fois où j’ai acheté le DVD de Son of the Beach sur un coup de tête, c’était pas mon meilleur moment) au nom de ces expériences.
Parfois je doute, parfois je suis lasse, parfois j’ai juste envie de faire autre chose, et c’est normal. C’est même souhaitable ! Mais parfois aussi je me retrouve devant mon écran et je me dis qu’il n’existera jamais d’équivalent pour moi. Où d’autre pourrais-je vivre des dizaines de vies différentes par semaine !
L’impression d’être transcendée par mes visionnages n’est pas nouveau, loin de là. C’est justement ce qui rend si magnifique cette redécouverte régulière : les séries continuent de m’apporter énormément. Je ne me reconvertirais pour rien au monde.