Parmi les choses qu’on ne peut pas complètement expliquer de façon rationnelle, mentionnons entre autres l’existence de pyramides dans plusieurs civilisations antiques du monde, le fait que la première crêpe soit toujours ratée, la raison pour laquelle Kim Kardashian gagne plus d’argent en éternuant que vous pendant une vie de labeur… ou le fait que parfois, il soit possible de tomber totalement sous le charme d’une série à laquelle strictement rien ne vous prédestinait.
J’ai fini ce weekend Faking It, et elle appartient définitivement à cette étrange liste. Pourquoi ? Parce qu’on y parle d’amours adolescentes, et que c’est à peu près la pire combinaison de sujets pour une série qui voudrait me plaire. Ne manquent que les vampires, en fait, mais je soupçonne Gregg Sulkin de chercher désespérément à ressembler à un scintillant specimen du genre.
Pourtant, on en est là : Faking It s’est avérée charmante pendant les 8 épisodes de sa première saison.
Elle a offert précisément ce qu’elle avait promis dans son pilote, et a même réussi, dans la cacophonie classique des chassés-croisés amoureux, à offrir quelques petites touches d’émotion sur la fin. Ce dont sincèrement, même en regardant chaque épisode avec plaisir, je ne la pensais pas capable.
Faking It délivre, en quelques semaines, une jolie petite romcom pétillante, avec des dialogues plutôt bien troussés (je crois me souvenir que j’avais également apprécié cela dans Awkward., mais ça commence à dater pour moi), de la musique pour les couvrir, des couleurs dans tous les sens, et deux héroïnes lancées dans un mensonge qui les dépasse à différents égards. On lui en aurait demandé plus, ç’aurait sans doute été trop en espérer, mais la mission de départ est pleinement remplie.
A ce titre, c’est l’évolution d’Amy qui, comme on pouvait le penser en voyant la fin du pilote, est la plus intéressante à suivre ; à partir d’un mensonge auquel elle ne voulait même pas se plier, elle a découvert une part de sa vérité, et la quête a été plus subtile que prévue, avec notamment un épisode 4 très doux-amer. Si le rythme des épisodes n’était pas si soutenu, on pourrait même trouver ça assez déprimant de voir comment Amy va essayer de découvrir ce qu’elle veut réellement, et une fois qu’elle en aura une idée un peu moins vague, qu’il s’agit probablement de la pire chose qu’elle puisse vouloir, non pour une question d’image, de réputation ou même de valeurs, mais simplement parce que ça remet en question tout ce qu’elle croyait acquis. Le questionnement a le mérite d’être plutôt bien mené à mon sens.
Mais du coup, le personnage de Karma, qui dans le pilote était le plus déluré (et le plus prompt à dégainer des one-liners) se trouve rapidement appauvri par comparaison. On n’est évidemment pas ici sur HBO, et on sait très bien que tous les personnages d’une comédie lycéenne ne vont pas briller par leur profondeur (voir aussi, comme Faking It le fait très bien remarquer : Glee). Mais le déséquilibre est assez patent et devient même légèrement problématique quand, incapables de trouver quoi que ce soit à faire à Karma si ce n’est tourner en boucle sur son obsession amoureuse du moment (qui n’existait pas au début du pilote, qui plus est), les scénaristes finissent par dégainer d’autres personnages pour donner la réplique à Amy, notamment Shane. A ce stade on a bien compris que ce qui devait être au départ un show sur deux ados a fini par ne graviter qu’autour d’une seule, l’autre peinant à prendre la moindre épaisseur. Comparativement, le travail fait sur Lauren est presque plus riche et intéressant, ce qui pose quand même la question du pitch de départ de la façon dont il a été présenté.
Mais qu’importe. Les fragilités dramatiques de Faking It ne sauraient être totalement retenues contre la série, étant donné la franchise avec laquelle celle-ci s’abandonne à la romance et à la comédie, voire même parfois l’absurde (quoique les épisodes suivants atténueront les efforts produits dans le pilote sur ce point ; légère déception me concernant). Et la façon dont elle se refuse à approfondir les sujets les plus polémiques, dont évidemment l’homophobie qui est à peine effleurée dans les deux premiers épisodes, est assez claire sur ses intentions également.
La pire chose qu’on puisse attendre de Faking It est qu’elle devienne une sorte de symbole, ou au moins de porte-parole ; une étiquette qu’on peut à la rigueur attribuer à une série du gabarit de Looking (et que Glee a mis toute l’énergie du monde à essayer de s’octroyer), mais sûrement pas à une romcom de MTV. Chose dont chaque épisode de la saison, s’il fait de son mieux pour ne pas totalement verser dans l’inconséquence totale, est parfaitement conscient, et à vrai dire j’aime autant. On sait ce pour quoi on signe en commençant Faking It : des questionnements amoureux adolescents qui incluent la variable de l’orientation sexuelle dans l’équation, mais qui ne sont jamais que ça, des questionnements amoureux adolescents.
Le fait que très passagèrement, chacun des personnages soit mis face à ses contre-vérités et/ou ses défauts (la raison pour laquelle Liam est initialement attiré par Karma, le fait que Shane ait outé Amy et Karma contre leur gré ou fait de la vie de Lauren un enfer, etc.), s’il est louable, ne doit pas faire oublier la mission initiale de la série : être un petit bonbon de popculture sucré, mais certainement pas la praline au caramel au beurre salé de la télévision.
Vu que la prochaine saison ne durera que 2 épisodes de plus que celle-ci, je pense qu’il n’est pas prématuré de prédire que je reviendrai pour la prochaine saison, à moins de me lasser. La romance a cet effet sur moi, et après tout j’ai tenu à peine plus longtemps pour Awkward. que pourtant j’aimais plutôt bien au départ. Mais là, je le sens plutôt bien, et j’ai vraiment le béguin pour Faking It. Rendez-vous l’été prochain pour prendre la température.